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Diallo, la bonne formule sur terre ?
En attendant le troisième tournoi du Grand Chelem de la saison à la fin du mois, plusieurs joueuses et joueurs ont déjà réussi leur transition sur gazon.
Tourner la page d’un Roland-Garros en tout point exceptionnel n’est pas chose aisée. Si l’on gardera tous très longtemps en mémoire la légendaire finale entre Carlos Alcaraz et Jannik Sinner, l’incroyable retournement de situation de Coco Gauff ou encore les sacres prodigieux des stars du tennis-fauteuil, il est toutefois déjà grand temps de délaisser l’ocre rougeoyante pour l’herbe verdoyante.
Un changement d’ambiance qui nécessite quelques réglages sur les téléviseurs des fans et un temps d’adaptation technique et tactique qui se doit d’être le plus court possible pour les protagonistes de la WTA et de l’ATP, afin de ne pas passer à côté du grand rendez-vous du All England Club (du 30 juin au 13 juillet).
A Londres, l’iconique tournoi du Queen’s n’avait plus célébré une championne WTA depuis Olga Morozova (tombeuse d’Evonne Goolagong en finale) en 1973. Une anomalie du calendrier réparée ce dimanche par le magnifique sacre de Tatjana Maria – 86e mondiale et issue des qualifications –, qui s’est offert un incroyable cadeau d’anniversaire en avance, elle qui fêtera ses 38 ans le 8 août prochain. Pour devenir la joueuse la plus âgée à remporter un tournoi WTA 500, l’Allemande a réalisé un parcours remarquable, remportant sept matchs consécutifs dont quatre face à des membres émérites du Top 15 mondial, le tout en ne perdant qu’une seule manche !
Ses slices, ses amorties et son toucher ont ainsi eu raison de Karolina Muchova (6/7(3), 7/5, 6/1), d’Elena Rybakina (6/4, 7/6(4)), de Madison Keys (6/3, 7/6(3)) et enfin d’Amanda Anisimova (6/3, 6/4) en finale. Battue mais fair-play, cette dernière a vanté le jeu de son adversaire, n’hésitant pas à la propulser en finale de Wimbledon dans quelques semaines. "La route est longue pour atteindre une finale de Grand Chelem, a répondu celle qui avait atteint le dernier carré au All England Club en 2022. Je ne suis pas tête de série et les choses dépendront du tirage au sort. Mais bien sûr, avec mon jeu sur gazon, personne ne veut jouer contre moi, ce qui est un avantage. Je vais essayer de me préparer au mieux en espérant aller le plus loin possible."
Avant de se projeter, Tatjana Maria souhaitait surtout profiter du plus beau trophée de sa carrière (le 4e), elle qui restait sur neuf matchs sans victoire avant de poser ses valises à Londres. Un accomplissement qui fait également office de cinglante réponse à ceux qui la pensaient trop âgée pour continuer d’évoluer au plus haut niveau. "Ça représente tellement pour moi… J’ai 37 ans et j’ai gagné ce trophée aujourd’hui, a confié celle qui pointe désormais au 43e rang mondial. Les gens me disaient toujours ‘C’est peut-être le moment d’arrêter, tu es trop vieille, tu es ceci, tu es cela…’ Je suis un bon exemple, même à mon âge, on peut gagner de grands trophées ! Je suis très fière d’avoir gagné ce tournoi, j’y ai toujours cru, et mon mari aussi (Charles Maria, son entraîneur, ndlr)."
Un mari évidemment présent pour assister à ce sacre, tout comme sa fille, avec laquelle elle espère jouer un jour en double ! "C’est mon objectif, a-t-elle affirmé à la WTA. J'espère que mon corps tiendra encore quelques années pour que je puisse jouer en double avec Charlotte. Elle aura 12 ans à la fin de l'année, et on peut commencer à jouer sur le circuit à partir de 14 ans. J'ai donc encore quelques années devant moi. Je me sens très bien sur le terrain, je me sens bien dans mon corps et je dis toujours que tant que c’est comme ça et que je n'ai pas de douleur, je peux continuer."
Elle-même avait du mal à y croire. Du côté de 's-Hertogenbosch, Elise Mertens a remporté le 10e titre de sa carrière, le premier sur gazon après avoir connu de nombreux succès sur dur et sur terre battue. Mais au-delà de débloquer son compteur sur cette surface, c’est surtout la manière qui a subjugué les observateurs, la Belge ayant sauvé pas moins de 11 balles de match lors de sa demie, face à Ekaterina Alexandrova !
Une victoire 2/6, 7/6(7), 6/4 qui l’a propulsée en finale, dernier match au cours duquel elle a sauvé deux balles de deuxième manche contre la qualifiée Elena-Gabriela Ruse (6/3, 7/6(4)) ! "Quelle semaine incroyable ! Hier, j’ai dû sauver 11 balles de match et j’ai réussi à gagner, a-t-elle souri. C’est le tennis, tout peut arriver et je suis très fière d’avoir réussi cette prouesse. Aujourd’hui, c’était aussi un match incroyable… Je me sens vraiment chez moi ici !"
Toujours aux Pays-Bas, il a également été question de balles de set sauvées pour Gabriel Diallo. Aux prises avec son ami Zizou Bergs, le Canadien a très solidement écarté trois opportunités dans le tie-break de la deuxième manche pour ouvrir son palmarès sur le circuit ATP (7/5, 7/6(8)). Finaliste malheureux à Almaty en octobre dernier, il a pris sa revanche sur Karen Khachanov en quarts de finale avant de s’offrir le scalp du Français Ugo Humbert dans le dernier carré. "Je n’ai pas les mots… Gagner un titre ATP, c’est ce dont on rêve depuis qu’on est tout petit, s’est-il extasié lors de la cérémonie de remise des trophées. Le faire ici après avoir perdu une finale l’an dernier signifie beaucoup pour moi. Je suis très heureux, non seulement pour moi mais aussi pour toute mon équipe."
Déjà impressionnant à Madrid où il avait seulement été stoppé par Lorenzo Musetti aux portes des demi-finales, le géant de 23 ans prouve une nouvelle fois que son tennis peut s’adapter à toutes les surfaces. Désormais 44e mondial (son meilleur classement), il sera à surveiller de près lors des prochaines échéances.
"Taylor, je n’en peux plus de toi. Je ne veux plus te voir pendant les deux-trois prochaines années, s’il te plaît, reste loin de moi." C’est avec humour qu’Alexander Zverev a conclu son discours lors de la cérémonie de remise des trophées à l’ATP 250 de Stuttgart. Déjà battu par Taylor Fritz à Wimbledon, à l’US Open, à la Laver Cup et aux Finales ATP en 2024, Sascha a de nouveau subi la loi de l’Américain, cette fois à domicile (6/3, 7/6(0)).
Impérial sur sa mise en jeu (11 aces, 88% de points gagnés derrière sa première, aucune balle de break à sauver), Fritz a également délivré un tie-break absolument parfait pour conclure une semaine grandiose et immaculée au service. Premier joueur à remporter un titre sans concéder son engagement depuis Giovanni Mpetshi Perricard à Bâle en octobre dernier, il récupère sa 4e place mondiale et devient au passage le deuxième tennisman en activité à compter le plus de trophées sur herbe (4), derrière Novak Djokovic (8). Un excellent moyen de relancer la machine après des semaines sur ocre pour le moins moroses. "La saison sur terre battue n'a pas été très bonne… Alors commencer parfaitement sur gazon me rend très heureux, tout comme le fait de remporter le titre ici" a-t-il acquiescé, trophée en mains.
Après une première salve passionnante de tournois, les prochains rendez-vous vont voir les champions et finalistes de la Porte d’Auteuil effectuer leurs premiers pas sur herbe.
Titré au Queen’s en 2023, Carlos Alcaraz tentera de récupérer sa couronne et débutera sa quête ce mardi face à son compatriote Alejandro Davidovich Fokina.
Champion à Halle l’an passé, Jannik Sinner voudra définitivement tirer un trait sur la dantesque finale de Roland-Garros en s’offrant un doublé en Allemagne. Il devra toutefois se méfier du local de l’étape Yannick Hanfmann au premier tour.
Chez les dames, Coco Gauff et Aryna Sabalenka seront quant à elles dans le même tableau, au WTA 500 de Berlin, qui réunit 9 des 10 meilleures joueuses du monde (seule Iga Swiatek n’y prend pas part). Têtes de série n°2 et n°1, la championne et la finaliste du Grand Chelem parisien ne pourront se croiser que sur la dernière marche…