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Finales ATP : Alcaraz, le dernier carré et le trône

Le double champion de Roland-Garros est désormais assuré de terminer la saison n°1 mondial, devant Jannik Sinner.

Carlos Alcaraz / N°1 mondial fin d'année
 - Romain Vinot

Eliminé dès son entrée en lice lors du Rolex Paris Masters, Carlos Alcaraz avait assisté impuissant au sacre de son grand rival à Paris La Défense Arena, lui cédant par la même occasion sa place au sommet de la hiérarchie. Mais le Murcien avait encore son destin en main au moment de poser ses valises à Turin : il devait remporter ses trois matchs de poule pour être assuré de terminer l’exercice 2025 sur le toit du monde. Aussitôt dit, aussitôt fait pour celui qui vise désormais une première couronne de maître.

La logique respectée

Il ne connait pas encore le nom de son futur adversaire en demi-finales du Masters (Alexander Zverev et Félix Auger-Aliassime se disputeront cette place dans la soirée) mais une chose est sûre, il est paré à toutes les éventualités. Depuis dimanche à l’Inalpi Arena, Carlos Alcaraz a réenclenché la machine à gagner et à faire le spectacle. Bousculé par un Taylor Fritz (6/7(2), 7/5, 6/3) des grands jours lors de sa deuxième sortie, le sextuple champion en Grand Chelem a plus largement dominé Alex De Minaur (7/6(5), 6/2) puis le chouchou du public Lorenzo Musetti (6/4, 6/1) hier soir. Un dernier succès (le troisième en autant de matchs, donc) synonyme de première place du groupe, de qualification pour le dernier carré et surtout, de première place mondiale. "Ce match était très important pour moi, jouer pour terminer l’année n°1, ce n’est pas anodin, a expliqué le patron. Ce n’était pas facile lors des premiers jeux, j’étais nerveux. J’ai essayé de gérer cette pression du mieux que j’ai pu et je suis vraiment content de mon niveau et de finir à cette position."

Cette situation très enviable, le protégé de Juan Carlos Ferrero l’avait déjà vécue en 2022, devenant au passage le plus jeune joueur de l’histoire à terminer un cru au sommet de la hiérarchie. Une époque qui paraît presque déjà révolue à l’heure où le circuit est entré dans la nouvelle ère du Big 2. Depuis, Alcaraz a remporté cinq nouveaux majeurs (il avait débuté sa moisson à l’US Open 2022) et a surtout progressé dans tous les compartiments du jeu, sans doute boosté par une rivalité avec Jannik Sinner qui a atteint son paroxysme sur le court Philippe-Chatrier en juin. Au terme de "la meilleure saison de sa carrière" selon ses propres dires, il est logique de le retrouver installé dans le fauteuil du boss de la discipline.

Mais il n’est toutefois pas inutile de rappeler qu’en avril, il n’avait remporté qu’un seul de ses huit titres de l’année et comptait alors 3610 points de retard sur l’Italien au classement ! "Ça signifie énormément pour moi, a-t-il confié à l’issue de son dernier succès. Être n°1 à la fin de l’année est toujours un objectif mais au début de la saison, il paraissait très lointain étant donné que Jannik remportait tous les tournois auxquels il participait. Mais à partir de la mi-saison et jusqu’à maintenant, je me suis fixé comme objectif d’atteindre ce classement, je me disais que c’était possible. J’ai eu la chance d’évoluer à mon meilleur niveau à l’occasion de plusieurs tournois consécutifs et ça m’a permis de me rapprocher de Jannik. Ces dernières semaines, on était au coude-à-coude mais j’ai finalement réussi à passer devant. Ça représente tout pour moi."

Sacré à Monte-Carlo, Rome, Roland-Garros, au Queen’s, à Cincinnati, New York, Tokyo et Rotterdam (en tout début de saison), il compte d’ores et déjà 70 victoires pour seulement 8 défaites et se verrait bien monter à 72 d’ici la fin de la grand-messe de Turin, afin de conclure sa symphonie par un dernier acte majestueux. "Terminer en tant que n°1 était très important mais ce tournoi l’est également. Je suis ravi d’être qualifié pour les demies et j’espère désormais atteindre la finale. On verra bien, une partie du travail est faite et je suis impatient de continuer" a conclu celui qui n’a encore jamais atteint la dernière marche dans cette compétition.

Un dernier Sinalcaraz en bouquet final ?

Outrageusement dominée par les deux nouveaux monstres du tennis mondial, cette saison se terminera-t-elle par un nouvel affrontement au sommet entre le roi et son dauphin ? Au vu de leur forme actuelle, la probabilité est grande mais avant d’éventuelles retrouvailles, Alcaraz devra donc prendre le meilleur sur Zverev ou Auger-Aliassime. De son côté, Sinner – sur une série de 28 victoires consécutives sur dur indoor après ses nouveaux succès contre FAA et Sascha en phase de poule – sera opposé dans le dernier carré à Alex De Minaur, qu’il a battu 12 fois en autant de confrontations.

Mais on ne le sait que trop bien, dans ce sport, prudence est mère de sûreté, d’autant que l’Australien semble libéré d’un énorme poids depuis qu’il a célébré sa première victoire aux Finales ATP en cinq rencontres, face à Taylor Fritz ce jeudi. "Il y a quelques jours, j’ai vécu l’un des moments les plus difficiles de ma carrière, j’aurais pu vous dire que je détestais ce sport, a confié le n°7 mondial en conférence de presse. Deux jours plus tard, je me sens super bien, c’est incroyable. J’ai fait la paix avec moi-même, c’était un très grand moment […] J’avais disputé un bon match contre Jannik à Pékin et même s’il m’a également battu à Vienne, j’ai le sentiment d’être sur la bonne voie. Je suis sur une excellente dynamique." Au point de priver le monde d’un bouquet final rêvé ? Réponse samedi.