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Rolex Paris Masters : Sinner reprend le pouvoir

Ce dimanche à Paris La Défense Arena, l’Italien a fait coup double en s’octroyant l’Arbre et la couronne.

Jannik Sinner / Photocall trophée Rolex Paris Masters 2025
 - Romain Vinot

Battu par Carlos Alcaraz lors de la mythique et historique finale de Roland-Garros, Jannik Sinner s’est réconcilié avec Paris en remportant le Rolex Paris Masters face à Félix Auger-Aliassime. Un prestigieux succès qui lui permet également de reprendre (provisoirement ?) sa place au sommet de la hiérarchie mondiale, abandonnée à son plus grand rival sur la dernière marche de l’US Open.

Invincible

A l’occasion de sa 40e édition, le tournoi parisien inaugurait un nouvel écrin et s’est donc trouvé un nouveau champion. Jusqu’ici, du côté de Bercy, Jannik Sinner n’avait remporté qu’un seul match avant d’être contraint de déclarer forfait en 2023 (à la suite de sa victoire face à Mackenzie McDonald) puis en 2024. Une anomalie – au vu de l’aisance, de la réussite et du palmarès du quadruple champion en Grand Chelem sur dur indoor – qui appartient désormais au passé. Comme partout ailleurs ou presque, l’ouragan venu du Sud-Tyrol a tout emporté sur son passage sur le deuxième plus grand court central du circuit. Pour glaner le 23e titre de sa carrière (le 5e en Masters 1000), il a enchaîné cinq victoires sans perdre le moindre set, une première dans cette catégorie de tournoi depuis le couronnement de Carlos Alcaraz à Indian Wells en 2023. Tout au long de sa semaine, il est monté en puissance pour cadenasser le jeu et étouffer ses adversaires, distillant au passage quelques masterclass dont il a le secret.

Sacré à Vienne la veille de son arrivée dans la capitale, il a donc parfaitement enchaîné tout en n’étant pas à 100% de ses capacités lors de ses premières sorties. Son body language face à Francisco Cerundolo ou lors des premiers jeux de son quart contre Ben Shelton ont même laissé craindre un nouvel abandon après celui de Shanghai deux semaines auparavant. Mais qu’importe la fatigue, les douleurs ou l’adversaire, à la fin, c’est Sinner qui gagne. Et c’est évidemment encore plus vrai lorsque "Carlitos" connait un énorme trou d’air dès son entrée en lice (face à Cameron Norrie). "Pendant ce tournoi, on y est allés jour après jour avec mon équipe, en essayant de comprendre les besoins de mon corps et de mon esprit, a-t-il expliqué en conférence de presse dimanche. A Vienne, c’était énorme, la finale a été très difficile et nous sommes arrivés ici en essayant d’analyser au mieux ce que je ressentais sur le court. Certains jours je me suis senti bien et d’autres, j’ai dû puiser davantage."

Dans le dernier carré, le protégé de Darren Cahill a éparpillé façon puzzle le champion en titre Alexander Zverev – lui aussi diminué physiquement –, avant de se montrer particulièrement clinique en finale face à Félix Auger-Aliassime. Auteur d’un break d’entrée, il a ensuite imprimé sa cadence habituelle pour conserver son avance et virer en tête à mi-parcours. Dans la deuxième manche, les deux hommes ont tenu leur engagement jusqu’au tie-break, durant lequel Sinner a profité de deux fautes de son adversaire pour définitivement mettre fin au suspense et aux espoirs du Canadien. Actuellement au cœur de l’une des meilleures phases de sa carrière, ce dernier a expliqué durant la semaine avoir progressé dans tous les aspects de son jeu et se rapprocher indéniablement du niveau des deux monstres du circuit. "L’écart n’est pas énorme, je me rapproche de Jannik à chacune de nos confrontations, a-t-il analysé face aux médias. Ce match était serré et déjà à l’US Open j’avais pris un set et c’était également équilibré dans le premier et le quatrième. Aujourd’hui, il a fait la différence grâce à la qualité de son service et de son retour. C’était un bon match même si je ressors un peu amer vis-à-vis de quelques moments de la rencontre."

Si son excellent tournoi et sa très belle prestation en finale lui donnent en partie raison, il lui a manqué une once de folie, de prises d’initiatives et de justesse dans les moments clés pour espérer faire basculer la rencontre à son avantage. Avec 91% de points gagnés derrière sa première balle, Sinner n’a pas laissé tellement de place pour un éventuel exploit et lorsqu’il s’est retrouvé à égalité à 4-5 ou engagé dans le jeu décisif, il a poussé son opposant à la faute pour définitivement poser les mains sur l’Arbre de Fanti, signant au passage sa 26e victoire consécutive sur dur indoor. "Invincible", le sous-titre ci-dessus n’était pas tellement exagéré.

N°1 jusqu’à Turin, au moins

Au-delà de lui offrir un nouveau très beau trophée à ranger dans son armoire, ce sacre permet à l’Italien de reprendre le trône. Une situation qui semblait inimaginable à l’issue du dernier Majeur de la saison, tant l’avance de Carlos était importante. Mais le forfait du Murcien à Shanghai, le fait qu’il ait manqué une semaine d’ATP 500 (à Vienne ou Bâle) et sa sortie de route précoce à Paris La Défense Arena ont rebattu les cartes.

Toutefois, cette nouvelle passation de pouvoir ne pourrait être que très temporaire puisque le champion de Roland-Garros a encore son destin en mains pour terminer l’année en tant que n°1. Il n’aura que 200 points à défendre lors des Finales ATP de Turin alors que son meilleur ennemi remettra en jeu les 1500 points de son titre acquis en 2024. Actuellement, Sinner compte 11 500 points et Alcaraz 11 250 (et Zverev, n°3, 5560…). "Ce n'est pas uniquement entre mes mains mais bien sûr, je suis heureux, a confié le nouveau patron ce dimanche. Je savais qu’il y avait une chance de repasser n°1 à l’issue de la semaine mais comme je l’ai déjà dit, avant chaque finale, avant chaque compétition et avant chaque match, j’essaie de jouer mon meilleur tennis et on fait le bilan à la fin. Je ferai exactement la même chose à Turin, je me concentrerai sur mes performances et on verra bien ce qu’il se passera. Je suis très content de ma semaine, je vais désormais récupérer le plus possible pour être compétitif lors de ces Finales ATP."

A noter que le finaliste du Rolex Paris Masters pourrait lui aussi être concerné par la grand-messe de fin d’année. Grâce à son excellent parcours, FAA est actuellement en position de dernier qualifié. Mais puisqu’il a décidé de renoncer à participer à l’ATP 250 de Metz cette semaine pour écouter son corps et ainsi éviter une nouvelle blessure, il laisse une chance à Lorenzo Musetti de récupérer son siège, lui qui est engagé au 250 d’Athènes. Affaire à suivre.