Focus : Diallo, la bonne formule sur terre ?

Tombeur du spécialiste Francisco Cerundolo au premier tour, Gabriel Diallo affronte Tallon Griekspoor ce jeudi.

© Loic Wacziak / FFT
 - Valentin Vallet

En 2024, Gabriel Diallo disputait son premier match en Grand Chelem à Roland-Garros. Un an plus tard, le Canadien a créé la surprise en remportant sa première victoire Porte d'Auteuil face à Francisco Cerundolo (7/5, 6/3, 6/4). S'il ne paraissait pas spécialement destiné à briller sur terre, le géant canadien (2,03m) a fait évoluer son jeu afin de s'adapter à la surface.

La terre battue, une "équation mathématique"

"J’avais beaucoup d'ambition pour cette semaine, et puis le tirage est tombé [...] Ce n'est pas l’adversaire que tu veux affronter d’entrée. Il joue vraiment bien cette saison, surtout sur terre battue." Gabriel Diallo se faisait tout petit au moment d'aborder son match face au terrien Francisco Cerundolo (n°18), huitième-de-finaliste l'an passé. Mais c'est bien lui qui est sorti vainqueur de ce duel alléchant, qui plus est sans conteste, signant ainsi l'une des surprises du premier tour.

Pourtant, il y a quelques années, la patience dans l'échange, l'exigence technique et la science du déplacement que nécessitent les rencontres sur ocre pouvaient paraître en inadéquation avec le profil du Québécois. Puissant, doté d'une mise en jeu destructrice et d'une farouche volonté de dicter l'échange, il s'est beaucoup entraîné en indoor, prenant exemple sur les meilleurs serveurs de la discipline, comme son compatriote Milos Raonic. "J'aime la façon dont il joue, expliquait-il dans les colonnes du Journal du Québec. Il y va à fond avec ses coups et son service. Peu importe ce qu'il se passe, il tente de dominer chaque point et c'est un grand exemple pour moi."

Désormais, il serait bien trop réducteur d'enfermer Gabriel Diallo dans la case des "grands cogneurs" qui se réfugient derrière leur engagement. Cet adepte des échecs a d'ailleurs récemment livré une fine analyse des caractéristiques nécessaires pour briller sur ocre. "Sur terre, tout va au ralenti. Il faut que tu sois plus créatif dans ta manière d’aborder les points, a-t-il récemment détaillé au Journal de Montréal. Il faut être plus malin, jouer avec les forces et faiblesses de ton adversaire. C’est comme une équation mathématique que tu essaies de résoudre pour gagner un match."

La solution de l'équation, le Canadien l'a en partie trouvée il y a quelques semaines lors du Masters 1000 de Madrid. Lucky loser à la suite de sa défaite au deuxième tour des qualifications face à Borna Coric, il a parfaitement saisi sa chance en éliminant notamment Zizou Bergs, Cameron Norrie mais surtout Grigor Dimitrov, au terme d'une partie aussi intense que spectaculaire qui l'a vu sauver trois balles de match.

Un parcours parisien à la Raonic ?

Si les conditions de jeu dans la capitale espagnole sont particulières en raison de l'altitude et peuvent ainsi favoriser les puissants serveurs, cette belle aventure - stoppée au stade des quarts de finale par Lorenzo Musetti - met parfaitement en lumière les progrès et l'évolution de Diallo. "Je me déplace vraiment mieux que l’année dernière sur la surface, a-t-il confié. Je varie beaucoup plus mes services, j'ai un meilleur pourcentage de premières balles et je commets beaucoup moins de fautes directes."

Son premier tour à Roland-Garros ce lundi traduit aussi sa volonté d'utiliser de multiples cartouches offensives. "Mon pourcentage de points gagnés au filet était très élevé. C'est probablement le meilleur match à la volée que j'ai réalisé sur terre cette saison. J'ai bien bougé sur le court, je n'ai pas forcé mes coups."

Comme son idole Milos Raonic, le protégé de Martin Laurendeau semble donc désormais avoir toutes les clés en main pour briller Porte d'Auteuil, et ce malgré un jeu naturellement rapide. Rappelons que "Missile Milos" avait réussi à rallier les quarts de finale à Paris en 2014, battu par Novak Djokovic. Petit clin d'œil du destin, en cas de parcours exceptionnel, Gabriel Diallo pourrait lui aussi croiser la route du Serbe à ce stade de la compétition...