Alors que le dernier Masters 1000 de l’année s’apprête à accueillir les stars de l’ATP dans son nouvel écrin à Paris La Défense Arena, deux prestigieux trophées ont été décernés ce dimanche à deux joueurs qui représentent le présent et le futur de la discipline. Chez les dames, un visage bien connu a clos sa saison en beauté alors que les huit meilleures joueuses de l’année ont désormais rendez-vous à Riyad pour disputer les Finales WTA, du 1er au 8 novembre.
ATP / WTA : patrons à tous âges
Joao Fonseca, Jannik Sinner et Belinda Bencic ont été couronnés de lauriers au terme d'un week-end particulièrement intense.

Fonseca, toujours plus haut
Suivre l’ascension d’une pépite du circuit a toujours quelque chose de grisant, bien qu’il soit nécessaire de lui laisser du temps. Spectateurs et observateurs avaient sans doute quelque peu négligé cette condition ces derniers mois concernant Joao Fonseca. Auteur d’un début de saison sensationnel durant lequel il a notamment glané son premier titre à l’ATP 250 de Buenos Aires avant de faire souffler un vent de folie sud-américaine sur les courts de la Porte d’Auteuil, le vainqueur des Roland-Garros Junior Series by Renault 2022 semblait marquer le pas ces dernières semaines. L’enthousiasme autour de la sensation brésilienne a-t-il été exagéré ? Certains ont posé la question et force est de constater que le principal intéressé a livré la plus belle et cinglante réponse qui soit.
A seulement 19 ans et deux mois (depuis le 21 août), il est devenu le plus jeune finaliste du tournoi de Bâle, au même âge qu’un certain Roger Federer. En prenant le meilleur sur Alejandro Davidovich Fokina (6/3, 6/4 en 1h25), il a non seulement imité le maître en intégrant le Top 30 mondial (28e, alors qu’il était 145e en janvier) mais il a surtout remporté le plus beau titre de sa carrière, devenant au passage le deuxième joueur le plus précoce de l’histoire à être sacré en Suisse, derrière Jim Courier en 1989 et le troisième plus jeune à remporter un événement ATP 500. Not too bad comme dirait Ubaldo…
Pour réaliser ce nouvel accomplissement, le champion des Finales Next Gen 2024 a fait étalage de toute sa panoplie sur la dernière marche. Puissance, maîtrise, qualité de frappe, vivacité, maturité, défense de fer : il a étouffé son adversaire tout en faisant le spectacle, réussissant pas moins de 28 coups gagnants (pour 19 fautes directes). Imperturbable sur sa ligne, il a très logiquement privé l’Espagnol d’un premier titre sur le circuit, lui qui a ainsi perdu sa quatrième finale de l’année mais qui se consolera sans doute en pointant ce lundi au 15e rang mondial, son meilleur classement en carrière.
Aidé dans son victorieux parcours par le forfait de Jakub Mensik au deuxième tour, et l’abandon de Denis Shapovalov en quarts de finale, Joao Fonseca a fait preuve de maturité et de talent pour conclure cette folle aventure en beauté, sous les yeux de ses parents, qui devaient le rejoindre à Paris avant d’avoir la très bonne idée de faire escale à Bâle. "Je tiens à remercier ma famille et mes entraîneurs qui m’ont aidé à réaliser cet exploit incroyable, a-t-il confié à l’issue de son sacre. Mes parents viennent d’arriver du Brésil, ils devaient se rendre à Paris mais ils ont modifié leur vol et son arrivés ici avec mes oncles une heure avant le match ! C’est spécial de les avoir ici pour le plus grand titre de ma carrière […] Ils ont toujours cru en moi. Je pensais aller à l’université et ils m’ont dit que c’était mon choix et qu’ils me soutiendraient. Depuis que je suis petit, ma mère a toujours voyagé avec moi et à partir de mes onze ans, je ne voyageais plus qu’avec elle. Ce titre est pour elle."
Indoor rime avec Sinner
Si Fonseca a encore tout à prouver, ce n’est évidemment plus le cas du n°2 mondial et double champion en Grand Chelem cette année. Touché, jamais coulé mais particulièrement bousculé par Alexander Zverev lors du premier set de la finale – où s’opposaient les têtes de série n°1 et n°2 –, Jannik Sinner est une nouvelle fois parvenu à trouver son rythme pour glaner sa 21e victoire consécutive en indoor, synonyme de 22e titre en carrière. Sur le court central de l’ATP 500 de Vienne, le champion 2023 a remis les mains sur sa couronne à la force du poignet, non sans souffrir de nouvelles crampes dans la dernière manche.
Il faut dire que son opposant a tout fait pour le pousser dans ses retranchements avant de craquer devant la maîtrise, la puissance mais aussi l’audace de son bourreau sur la dernière marche de l’Open d’Australie. Alors qu’il n’avait pas lâché la moindre manche lors de ses quatre premières rencontres, se montrant particulièrement impressionnant face à Alexander Bublik et Alex De Minaur, le désormais dauphin de Carlos Alcaraz a été cueilli à froid par un Sascha des grands jours, impérial sur sa mise en jeu et tranchant en coup droit comme en revers.
Dépourvu de marge de manœuvre à l’occasion de sa huitième finale en dix tournois disputés cette année, Sinner n’a évidemment pas paniqué et est gentiment monté en puissance pour dicter l’échange depuis sa ligne de fond de court et casser le rythme à l’aide d’amorties soigneusement touchées. Si son body language a légèrement inquiété son clan en fin de partie, il a pu compter sur sa mise en jeu – qu’il travaille énormément depuis sa défaite en finale de l’US Open – pour tenir la distance et s’imposer sur un dernier jeu blanc (3/6, 6/3, 7/5 en 2h28). "Le début de cette finale a été très difficile pour moi, a expliqué le vainqueur après la rencontre. J’ai concédé un break et je n’ai pas su concrétiser mes occasions dans le premier set. Il servait très bien mais j’ai essayé de rester concentré et de jouer mon meilleur tennis. La troisième manche a eu des airs de rollercoaster mais je sentais très bien la balle par moments donc j’ai continué de pousser et je suis évidemment très heureux de remporter un nouveau titre."
A quelques jours de son entrée en lice au Rolex Paris Masters (il est exempté de premier tour), où il pourrait d’ailleurs retrouver l’Allemand – champion en titre – dans le dernier carré, le boss du dur indoor est également revenu sur les difficultés physiques rencontrées en fin de partie. "Le plus important était de ne pas abandonner et d'essayer de rester dans le match, pour voir comment allait évoluer la situation. J'ai simplement tenté de faire les bons choix au bon moment, c'était la clé aujourd'hui. Bien servir et économiser mon énergie lors de mes jeux de service était également important", a-t-il conclu. S’il est en pleine possession de ses moyens à Paris, il fera, comme toujours, partie des deux grands favoris à la victoire finale…
Bencic, souvenirs olympiques
La dimension physique, il aurait également pu en être question lors de la finale du WTA 500 de Tokyo. Mais Belinda Bencic a une nouvelle fois prouvé qu’elle était une athlète hors normes, en infligeant une cinglante défaite à Linda Noskova (6/2, 6/3 en 1h21), déjà battue sur la dernière marche il y a quelques semaines à Pékin par Amanda Anisimova.
Si ce résultat ne constitue pas une surprise en soi, il faut préciser que la Tchèque n’a passé que 35 minutes sur le court en quarts et en demies, "profitant" de l’abandon en début de deuxième manche d’Anna Kalinskaya puis du forfait d’Elena Rybakina, qualifiée de dernière minute pour la grand-messe de Riyad. Dans le même temps, l’Helvète a quant à elle bataillé 5h23 en deux rencontres pour atteindre la finale, dix ans après sa dernière apparition à ce stade de la compétition dans la capitale japonaise. En quarts de finale précisément, elle a renversé Karolina Muchova, sauvant au passage une balle de match.
Au terme d’une semaine éreintante mais tellement satisfaisante et d’un dernier match totalement maîtrisé (79% de points gagnés derrière sa première, 23 coups gagnants pour 13 fautes directes), Bencic a brillamment effacé des tablettes sa défaite en 2015 face à Agnieszka Radwanska, pour s’adjuger son deuxième titre de la saison, le dixième de sa carrière. Une ville qui aura toujours une place particulière dans le cœur de la récente demi-finaliste de Wimbledon, sacrée championne olympique ici-même en 2021. "C'était merveilleux de jouer devant vous, a lancé la nouvelle 11e joueuse mondiale lors de la cérémonie protocolaire. La dernière fois que j'ai gagné ici, c'était aux Jeux olympiques de Tokyo, dans un stade vide, donc l'ambiance était complètement différente. J'adore jouer au Japon et je suis très heureuse d'avoir enfin remporté ce tournoi !"