Et si c'était l'année Gauff ?

Malgré le prestige de sa future adversaire en finale, l'Américaine peut croire en ses chances.

Coco Gauff Roland-Garros 2025 demi-finales©Cedric Lecocq / FFT
 - Rémi Bourrieres

Coco Gauff veut en finir avec la malédiction de la dernière marche. Battue en finale de Roland-Garros en 2022 mais aussi en finale des tournois de Madrid et de Rome cette année, l'Américaine voudra aller au bout, cette fois, face à Aryna Sabalenka. Sur ce qu'elle a montré contre Loïs Boisson, le rêve est permis.

Parce qu'elle est la patronne incontestée du tennis féminin, parce qu'elle a détrôné la maîtresse de maison dans le dernier carré, Aryna Sabalenka a bien gagné le droit d'aborder la première finale de Roland-Garros entre la n°1 et la n°2 mondiales depuis 2013 (Serena Williams - Maria Sharapova à l'époque) avec l'étiquette de favorite.

Mais si elle s'est avancée plus discrètement vers cet ultime rendez-vous, Coco Gauff, impressionnante en demi-finales pour mettre fin à la sensation Boisson, s'y rendra avec de solides arguments. Et de sérieuses raisons de croire en ses chances de remporter son deuxième titre du Grand Chelem, deux ans après l'US Open 2023.

Elle a l'expérience d'une finale à Paris

C'est une donnée importante. Gauff a déjà joué une finale à Roland-Garros, en 2022, face à Iga Swiatek. Sabalenka, jamais. Et même si personne ne doute un instant de la capacité de la n°1 mondiale à honorer ce rendez-vous que lui fixe l'histoire, reste que ce sera, pour elle, une première fois. Et les premières fois, on ne sait jamais…

"Lors de ma première finale ici, j'étais extrêmement stressée, s'est souvenue Coco en conférence de presse. Je m'étais mis beaucoup de pression, j'étais partie un peu battue d'avance. Depuis, j'ai joué beaucoup de grandes finales et je suis davantage en confiance. Je pense donc que samedi, je serai en capacité d'évoluer à mon meilleur niveau. En tout cas, j'essaierai d'être aussi calme et relâchée que possible."

Du haut de ses 21 ans, Gauff a atteint (au moins) les quarts de finale des cinq dernières éditions à Paris, ce qui est phénoménal. Elle a, globalement, plus d'expérience que Sabalenka Porte d'Auteuil, cette dernière n'ayant joué par le passé "qu'une seule" demi-finale, en 2023.

Elle a battu Sabalenka lors de leur seule finale en Grand Chelem

Pour leur première finale commune en Grand Chelem, lors de l'US Open 2023, Gauff avait beaucoup mieux géré ses nerfs que Sabalenka, qui s'était un peu auto-détruite. Depuis, bien sûr, Sabalenka a changé de dimension mais l'Américaine s'appuiera forcément sur ce souvenir. Elle sait que sa rivale peut, encore, être emportée par ses émotions.

Le face-à-face entre les deux joueuses est équilibré : 5-5, dont 1-1 sur terre battue. Dominée par Sabalenka il y a quelques semaines en finale à Madrid, Gauff avait pris le meilleur en 2021 à Rome, dans des conditions plus proches de celles de Roland-Garros. Tactiquement, elle sait comment la jouer. Et son tennis semble plus naturellement adapté à la terre battue.

"Aryna tape très fort, elle peut sortir des coups gagnants dans n'importe quelle position, a-t-elle poursuivi. Elle a aussi une mentalité de battante, elle parvient à rester dans le match quel que soit le score. Il faudra que je sois prête à répondre à ses coups, tout en me concentrant sur les miens."

Elle réalise une grande saison sur terre battue

Même si c'est à l'US Open, chez elle, qu'elle a ouvert son palmarès en Grand Chelem, la terre battue est peut-être la surface préférée de Coco Gauff. Sa saison 2025 le laisse en tout cas penser : après un premier trimestre en demi-teinte, l'Américaine a retrouvé toute sa splendeur au printemps, s'offrant un joli brelan de finales à Madrid, Rome et désormais Roland-Garros.

Certes, elle a perdu les deux premières face à Sabalenka et Jasmine Paolini. Mais c'est dire à quel point ses certitudes sont ancrées et sa confiance est, malgré tout, proche du zénith.

Elle a été impressionnante en demies

Très solide à défaut d'être souveraine durant sa quinzaine, Coco Gauff est montée d'un cran en demi-finales face à Loïs Boisson. Elle a disputé un match parfait tant sur l'aspect tactique que dans la gestion émotionnelle de l'événement. Face au puissant coup droit de son adversaire, elle a montré beaucoup de répondant, avec beaucoup de spin, de lourdeur et de longueur. Un vrai pur coup droit de terrienne. Parfois réputée pour commettre quelques fautes de ce côté-là, elle n'en a fait que quatre ce jeudi.

Si elle conserve les mêmes sensations en finale, elle peut empêcher Sabalenka de mettre en place son rouleau compresseur. D'autant que son jeu défensif est impressionnant lui aussi, l'un des tout meilleurs du circuit féminin. C'est ce qui lui a permis d'absorber le lift bondissant de Boisson, comme les fulgurances de sa compatriote Madison Keys en quarts.

"Ce sont des joueuses différentes et ce sera encore une autre histoire samedi, donc il y aura des petites adaptations tactiques à faire de mon côté, a précisé la n°2 mondiale. Évidemment, il faudra que je tape très bien la balle mais il faudra surtout que je parvienne à très bien couvrir mon terrain." Et ça, c'est l'un de ses points forts.

Iga Swiatek n'est plus là

C'est un clin d'œil mais qui peut lui aussi compter. Ces trois dernières années, Coco Gauff a toujours été battue par Iga Swiatek à Roland-Garros : en finale en 2022, on l'a dit, puis en quart en 2023 et en demies l'an dernier. En ajoutant qu'en 2021, elle avait été éliminée par Barbora Krejcikova en quarts : cela fait donc quatre années d'affilée que l'Américaine bute sur la future championne du tournoi.

Pour sa deuxième finale à Paris, elle sera donc peut-être heureuse de ne plus croiser Swiatek sur sa route. A-t-elle pour autant gagné au change ? Seule la réalité du terrain le dira. En attendant, Gauff tient à dédramatiser l'enjeu de cette finale. "J'ai réalisé qu'il fallait relativiser : il y a des choses beaucoup plus graves dans la vie que de perdre une finale, a-t-elle philosophé. Il faut se dire que des centaines de joueuses aimeraient être à ma place, que le soleil se lèvera le lendemain quoi qu'il arrive, et que, quand j'irai me balader dans Paris, tout le monde se moquera bien de savoir si j'ai perdu."