Jusqu'alors patronne incontestée du tennis mondial, mais particulièrement sur dur, Aryna Sabalenka a encore un peu plus étendu ses pouvoirs en se qualifiant, ce jeudi, pour sa première finale à Roland-Garros au détriment de la maîtresse des lieux Iga Swiatek. Il lui faudra transformer l'essai en finale pour passer du statut de reine à celui d'impératrice.
Sabalenka, la victoire qu'il lui fallait
En terrassant Iga Swiatek chez elle, Aryna Sabalenka a décroché une victoire qui symbolise pleinement l'étendue de sa domination.
Les retrouvailles avec Coco Gauff
Comme il ne s'agissait "que" d'une demi-finale, on n'ira pas jusqu'à écrire qu'Aryna Sabalenka a décroché face à Iga Swiatek, ce jeudi, la plus belle victoire de sa carrière. Mais peut-être bien la victoire qu'il lui fallait, pour marquer les esprits et ne plus être cantonnée à une pure spécialiste du dur, surface sur laquelle elle a décroché ses trois titres majeurs à l'Open d'Australie (2023, 2024) et à l'US Open (2024). Quoi qu'il arrive, une victoire qui fera date et qui lui permettra de jouer sa toute première finale à Roland-Garros, samedi face à Coco Gauff. C'est elle, justement, qui l'avait battue en finale de l'US Open 2023.
Jusqu'à présent, la terre battue restait une contrée qui résistait assez fortement aux assauts de la n°1 mondiale. Sur les 20 titres que compte son palmarès, elle n'en a remporté que trois sur ocre, les trois à Madrid, où l'on sait que les conditions particulières, en moyenne altitude, correspondent davantage à la puissance de son jeu. C'est là-bas, d'ailleurs, qu'elle avait remporté le seul de ses six duels sur terre face à Iga Swiatek. Jusqu'à ce jeudi, évidemment. C'est en ce sens que sa victoire du jour change beaucoup de choses. Sinon tout.
Une performance colossale, une victoire symbolique
"La raison de mes progrès sur terre battue, c'est d'abord que je suis beaucoup plus forte physiquement et c'est très important sur cette surface où il faut être prêt à se bagarrer sur chaque point, a expliqué la n°1 mondiale en conférence de presse. Par ailleurs, j'ai travaillé mon "spin" et la variété de mes frappes. J'ai aujourd'hui beaucoup plus d'options qu'avant : je peux jouer à plat, lifter, faire des amorties, défendre derrière ma ligne... Tout cela fait que mon jeu fonctionne bien sur ocre désormais."
Battre la Polonaise chez elle, là où elle restait sur trois titres consécutifs (quatre en tout), et où elle est toujours immensément plus difficile à battre qu'ailleurs, c'est une performance colossale. Une victoire qu'elle est pleinement allée chercher, face à une Swiatek qui aura retrouvé une grande partie de l'efficacité de son tennis durant cette quinzaine parisienne, même si on l'a vue craquer plus que d'habitude dans les moments importants, et s'écrouler sur la fin.
"Globalement, je trouve qu'on a disputé un match de très haut niveau, a confirmé Sabalenka. J'ai le sentiment qu'elle a très bien joué, mais qu'elle a fini par être rattrapée par son manque de confiance. C'est la raison pour laquelle on l'a vue manquer quelques balles qu'elle ne rate pas habituellement. Mais battre Iga à Roland-Garros, cela reste quelque chose d'incroyable. Je suis super heureuse et super fière d'avoir gagné ce match."
Une victoire qui possède également une haute portée symbolique. On ne parlera pas encore de passation de pouvoir, on n'en est pas là. Mais il y a quelque chose de l'adoubement d'une reine à une autre. Iga Swiatek ne deviendra pas la première joueuse de l'histoire à s'imposer quatre fois d'affilée à Roland-Garros, et son compteur restera bloqué à 26 succès consécutifs Porte d'Auteuil, ce qui est déjà pharamineux. C'est un peu comme si elle avait laissé les clés de son royaume à sa rivale préférée. A Sabalenka désormais d'assumer les pleins pouvoirs.
"Ce titre aurait une valeur extrêmement forte pour moi"
On attendra toutefois avant d'écrire que son règne est désormais sans limite. Car il reste un léger "détail" : une finale à gagner, samedi. On n'ira pas non plus jusqu'à dire qu'elle a l'obligation de la gagner, surtout face à une adversaire qui, contrairement à elle, n'en est pas à sa première finale parisienne. Mais le timing ne serait pas idéal pour la perdre, deux jours après avoir détrôné Swiatek et quelques mois après avoir déjà perdu celle de l'Open d'Australie, contre Madison Keys. Au plus fort de sa domination, alors qu'elle est seulement la quatrième joueuse au cours de ce siècle à atteindre trois finales majeures consécutives (après Justine Henin et les sœurs Williams), Aryna Sabalenka aura un vrai devoir de victoire.
"Remporter un premier titre du Grand Chelem ailleurs que sur dur, cela aurait une valeur extrêmement forte pour moi et mon équipe, a-t-elle encore souligné. Presque toute ma vie, je me suis entendue dire que la terre n'était pas mon truc. Mais j'ai travaillé pendant des années pour faire évoluer mon jeu et aujourd'hui, je me sens beaucoup plus à l'aise sur cette surface. Alors oui, j'ai une envie folle de gagner ce titre. Je serai prête à me battre sur chaque point et à donner tout ce que j'ai pour remporter cette finale."
Coco Gauff est prévenue. La reine est en conquête.