En dominant son grand rival Jannik Sinner pour décrocher le septième Masters 1000 de sa carrière, Carlos Alcaraz - déjà vainqueur à Monte-Carlo en avril - s'est positionné comme le principal favori de Roland-Garros. Jasmine Paolini, championne en simple face à Coco Gauff mais aussi en double en compagnie de sa complice Sara Errani, a également enchanté les observateurs.
Rome : Alcaraz et Paolini marquent les esprits
L'Espagnol et l'Italienne ont impressionné tout au long de leur campagne romaine

Alcaraz "gâche" le retour de Sinner
Jusqu'à ce dimanche, il pouvait y avoir un doute. Qui serait le principal favori à Roland-Garros entre le numéro 1 mondial Jannik Sinner, auteur d'un retour impressionnant à Rome après trois mois d'absence mais toujours à la recherche d'un premier grand titre sur terre battue, et son dauphin Carlos Alcaraz, plus inconstant ces derniers mois mais davantage bardé de certitudes sur ocre ? Il fallait une grande répétition générale entre les deux meilleurs joueurs du monde en finale du Masters 1000 de Rome, dimanche, pour se faire une idée. Et désormais, les choses semblent plus claires.
Vainqueur 7/6(5), 6/1 en 1h43 au terme d'une prestation très convaincante, Alcaraz a non seulement décroché le 19e titre de sa carrière et le septième en Masters 1000 (à seulement 22 ans), mais il a aussi marqué des points importants, au moins sur le plan psychologique, à une semaine de Roland-Garros. Peu importe ce qu'il se passera cette semaine du côté de Hambourg et de Genève, il s'avancera comme le principal favori à sa propre succession Porte d'Auteuil.
Après un premier trimestre marqué par une certaine inconstance, l'Espagnol apparaît, à l'instant T, comme le grand vainqueur de cette saison sur terre battue. Une période au cours de laquelle il aura donc conquis les deux Masters 1000 qui lui manquaient sur cette surface, lui qui s'était déjà imposé deux fois à Madrid. Il est, du même coup, devenu le cinquième joueur à avoir désormais remporté les trois grands Masters 1000 sur ocre après Marcelo Rios, Gustavo Kuerten, Rafael Nadal et Novak Djokovic.
Egalement finaliste à Barcelone (face à Holger Rune) où il avait ressenti une gêne à la cuisse en fin de match (raison ensuite de son forfait à Madrid et de la présence d'un strap de protection à Rome), le voilà solidement installé à la place de n°1 mondial à la Race. Mais à Paris, il ne sera "que" tête série n°2 et nombreux sont ceux qui rêvent d'une première grande finale de Grand Chelem entre les deux monstres du circuit.
Accessoirement, Carlos Alcaraz a aussi prouvé qu'il était le seul à pouvoir s'asseoir à la table de Jannik Sinner. Il a signé une quatrième victoire consécutive face à son rival italien, contre lequel il mène désormais 7-4 dans leur face-à-face. Il était le dernier à l'avoir battu, le 2 octobre dernier, en finale du tournoi de Pékin. C'est donc également lui qui a mis un terme à la série d'invincibilité du patron, qui restait sur 26 victoires consécutives.
Pour son grand retour, Sinner aurait pu éprouver quelques difficultés à relancer la machine. Il n'en a rien été, jusqu'en finale du moins. Auparavant, l'Italien s'était montré surpuissant, signant notamment une masterclass en quarts de finale face à Casper Ruud (6/0, 6/1), récent vainqueur de Madrid.
Malgré une petite alerte en demies face à Tommy Paul, qui avait été le premier à lui "chiper" un set (1/6, 6/0, 6/3), le n°1 mondial semblait capable de rivaliser avec Alcaraz, lequel avait été un poil moins flamboyant sur le chemin de la dernière marche, mais suffisamment solide pour signer deux belles victoires face à Jack Draper en quarts (6/4, 6/4) puis Lorenzo Musetti en demies (6/3, 7/6(4)).
En finale, le combat des chefs aura duré un set, le premier. Il aurait pu tomber dans l'escarcelle de l'Italien, qui a obtenu deux balles de set consécutives à 6-5, 15-40 sur le service de son adversaire. Mais ce dernier a très bien sauvé la première d'un service gagnant. Sinner aura peut-être des regrets sur la deuxième, manquée d'un revers dans le couloir. L'affaire s'est donc jouée au tie-break, bouclé par le Murcien grâce à un coup de génie dont il a le secret, à 6 points à 5 sur sa deuxième balle de set pour s'offrir un avantage capital.
Dans le deuxième set, le Murcien surfait sur son nuage tandis que Sinner, peut-être rattrapé par son manque de repères, plongeait petit à petit. Concentré à l'extrême et très efficace dans ses schémas de terrien, notamment grâce à son enchaînement service kické / accélération de coup droit qui aura créé beaucoup de brèches dans la défense adverse, Alcaraz a rappelé aussi sa capacité à élever son niveau dans les grands moments, lui qui n'a perdu qu'une finale de Masters 1000 dans sa carrière, et aucune en Majeur (4/4).
Contrairement à l'an dernier, où il avait connu une préparation tronquée en raison d'une blessure à l'avant-bras qui ne l'avait finalement pas empêché de soulever sa première Coupe des Mousquetaires, Carlos Alcaraz va donc débarquer Porte d'Auteuil avec tous les voyants au vert. De quoi faire peur à l'opposition même si celle-ci, à l'image d'un Jannik Sinner qui devrait lui aussi peaufiner sa montée en régime, s'annonce d'une densité remarquable.
Une semaine de rêve pour Paolini !
Elle aussi affiche une forme éclatante à point nommé. Finaliste sortante à Roland-Garros, Jasmine Paolini a conquis à domicile le titre en simple dames, au terme d'une finale parfaitement maîtrisée face à la (nouvelle) n°2 mondiale Coco Gauff (6/4, 6/2). Un sacre qui lui a permis de boucler une semaine de rêve, elle qui s'est également imposée en double aux côtés de sa compatriote et amie Sara Errani.
Sous les yeux du président de la République Sergio Mattarella et de supporters totalement acquis à sa cause, Paolini est ainsi devenue la première Italienne à remporter le tournoi depuis Raffaella Reggi en 1985, à une époque où la compétition n'avait pas le même prestige et ne se jouait pas à Rome. Plus étrangement, à 29 ans, elle a ainsi remporté le premier titre de sa carrière sur terre battue.
"C'était un rêve de gagner ici, pour chaque enfant qui joue au tennis en Italie… Je savoure le moment, c'est vraiment incroyable", a réagi la gagnante, devenue par ailleurs la première à s'imposer en simple et en double dans un WTA 1000 depuis Vera Zvonareva à Indian Wells en 2009.
Cerise sur le gâteau : grâce à ce titre, Jasmine Paolini arrivera à Roland-Garros en tant que tête de série n°4, reléguant Iga Swiatek à la cinquième place. La quadruple championne de Roland-Garros n'a toujours pas remporté de titre depuis son sacre parisien l'an dernier et débarquera cette année Porte d'Auteuil avec beaucoup moins de certitudes que d'habitude.