Madrid : Ruud retrouve la lumière, Sabalenka s’offre un triplé

Le double finaliste de Roland-Garros est devenu le premier Norvégien de l’histoire à s’imposer dans un tournoi de cette catégorie.

Casper Ruud / Champion Masters 1000 Madrid 2025©Corinne Dubreuil / FFT
 - Romain Vinot

Un tout nouveau champion en Masters 1000, une habituée au sommet de son art et une jeunesse triomphante qui continue de briller cette année : le bouquet final a tenu toutes ses promesses dans la Caja Magica de Madrid.

Casper Ruud enfin récompensé

Voir Casper Ruud soulever un trophée sur terre battue n’a rien de surprenant. C’est même une bonne habitude pour le Norvégien, qui, avant de prendre part aux joutes madrilènes, était déjà auréolé de 11 titres (record) et de 119 victoires (record également) sur cette surface depuis 2020. Des chiffres impressionnants mais qu’il était nécessaire de sublimer dans un tournoi de grande envergure. C’est désormais chose faite à l’issue de cette parenthèse espagnole au cours de laquelle il a ajouté 6 succès à son bilan (125, donc) et surtout, le plus beau sacre de sa carrière : Casper Ruud est désormais un champion de Masters 1000 !

Une nouvelle enthousiasmante à bien des égards. En premier lieu car nous ne sommes plus qu’à trois semaines du début du tableau principal de Roland-Garros et que le double finaliste de l’épreuve (2022, 2023) aura nécessairement son mot à dire. Ensuite parce que cet accomplissement peut apparaître comme une récompense pleinement méritée pour l’ancien n°2 mondial, battu à trois reprises sur la dernière marche en Grand Chelem, deux fois en finale de Masters 1000 et une fois lors des Finales ATP.

"Mon bilan dans les grandes finales n'est toujours pas bon, il est de 1-6, a-t-il souri ce dimanche. J’ai été dans des positions incroyables au cours de ma carrière, j’ai vécu des expériences formidables et malheureusement, j’ai perdu beaucoup de ces matchs mais ce n’est pas grave […] Bien sûr, j'ai toujours rêvé de gagner des tournois comme celui-ci, des tournois du Grand Chelem ou de devenir numéro un mondial, et j'en ai été assez proche. J'ai joué contre des adversaires qui étaient meilleurs que moi et j'ai essayé d'en tirer des leçons. Je me suis toujours dit qu’un jour, une autre opportunité allait se présenter et que je pourrais peut-être la saisir, et je pense que c'est la clé de ma victoire aujourd'hui."

Enfin, la réjouissance vient également du fait que le Norvégien semblait quelque peu en panne de courant ces dernières semaines. Seulement finaliste du tournoi de Dallas, il peinait à retrouver et mettre en place son jeu qui, s’il n’est pas le plus spectaculaire du circuit, est redoutablement efficace pour rendre chèvre ses adversaires, d’autant plus sur terre. Ejecté du Top 10 il y a 15 jours et 15e mondial pour la première fois depuis 2021 avant la grand-messe madrilène, Ruud ne paraissait plus en mesure de rivaliser avec les favoris habituels et les jeunes loups aux dents particulièrement acérées en 2025. Et pourtant…

"Si vous regardez mon année, il n’y a eu qu’un seul bon tournoi, celui de Dallas où je suis arrivé en finale, a-t-il confirmé. À part ça, j’ai perdu plus tôt que je ne l’espérais et j’ai connu plus de défaites que ce que j’attendais. Mais c’est une longue saison et j’ai essayé de raisonner comme ça. Vous savez ce qu’on dit : c’est un marathon et non un sprint […] Depuis Roland-Garros 2024, j'ai vécu de nombreux mois de lutte et peu de bons résultats, mais l’attente en valait la peine ! Je pense que j'ai accepté les choses, j'ai fait un ou deux pas en arrière dans mon jeu et mon ressenti sur le court pour pouvoir faire de nouveau deux ou trois pas vers l’avant. Ici, à Madrid, j'ai l'impression d'avoir fait quatre pas en avant, et c'est un grand sentiment !"

Un bond aussi bien sur le terrain qu’au classement (il est de nouveau 7e mondial ce lundi) mis en lumière par ses trois victoires face à des membres du Top 10 au cours de son aventure espagnole : face à Taylor Fritz en huitièmes de finale, contre Daniil Medvedev en quarts et surtout, devant Jack Draper en finale (7/5, 3/6, 6/4 en 2h29). Tête de gondole des nouveaux visages qui irradient le circuit ATP depuis le début de la saison, le champion d’Indian Wells a confirmé ses très bonnes dispositions sur ocre, ne laissant que des miettes à ses précédents opposants avant d’offrir une magnifique résistance au spécialiste incontesté de la surface en finale. "Ça fait vraiment mal de perdre un match très difficile en finale, a confié le désormais 5e joueur mondial, son meilleur classement en carrière. Mais en même temps, j’ai connu de très beaux succès ici donc peut-être que cette défaite va m’aider à maintenir la flamme. Je dois continuer à m’améliorer. Je suis très fier de ce que j’ai fait depuis le début de la saison et ce qui est excitant, c’est que j’ai encore énormément de choses à accomplir."

Draper, tout comme Musetti (demi-finaliste et nouveau n°9 mondial), Arnaldi, Mensik (éliminés en quarts de finale) et bien évidemment Ruud auront de grandes ambitions Porte d’Auteuil. En bons empêcheurs de tourner en rond, ils pourraient bien mettre des bâtons dans les roues des favoris annoncés, en proie à certaines difficultés. On en salive d’avance.

Jack Draper & Casper Ruud, trophées / Masters 1000 Madrid©Corinne Dubreuil / FFT

Aryna Sabalenka, qui d’autre ?

Battue en finale l’an passé par la précédente reine du circuit Iga Swiatek, la n°1 mondiale Aryna Sabalenka a remis les mains sur "son" trophée ce week-end à Madrid. Déjà titrée en 2021 et en 2023, elle égale ainsi Petra Kvitova, seule joueuse à avoir réussi le triplé dans la Caja Magica par le passé. Alors que les retrouvailles avec sa rivale polonaise étaient très attendues, c’est finalement face à Coco Gauff que la patronne a triomphé en finale ce samedi (6/3, 7/6(3) en 1h39).

L’Américaine, qui a collé un cinglant 6/1, 6/1 à la tenante du titre (dont elle se rapproche fortement au classement) dans le dernier carré, n'est pas parvenue à retourner la situation face à Sabalenka, en maîtrise dans la première manche et intouchable dans le tie-break de la seconde, après avoir effacé une balle de set à 4-5. "J’ai travaillé très dur et je m’améliore en apportant de la variété à mon jeu, a expliqué la triple championne. Je pense que c’est la clé de la plupart de mes matchs. Je suis très heureuse que nous ayons réussi à travailler sur mon jeu, dans tous les domaines, qu’il s’agisse de mes mouvements ou de mon toucher, qui est bien meilleur maintenant. Par exemple, j’essaie de prendre davantage le filet, je ne suis pas sûre que ce soit une réussite jusqu’ici mais au moins, j’essaie (rires) !"

Un 31e succès cette saison rondement mené donc, synonyme de 20e trophée WTA – le troisième de l’année après Brisbane et Miami – à ranger soigneusement dans l’armoire. Intouchable ou presque depuis de nombreux mois, la vice-championne de l’Open d’Australie a atteint 6 finales en seulement 8 compétitions disputées en 2025. "Je sais que si je joue mon jeu et que je me bats sur chaque point, je suis capable de gagner. Mais de là à le faire vraiment, je me dis juste que c’est cool ! C'est comme dans un rêve et j'espère vraiment que je vais continuer à faire ce que je fais et à jouer comme je le fais en ce moment", a-t-elle conclu.

Cette période idyllique lui confère désormais 4345 points d’avance sur sa dauphine au classement, en proie à de sérieux doutes à quelques semaines de défendre sa couronne à Roland-Garros. Après lui avoir subtilisé son trône, parviendra-t-elle également à lui prendre son autre bien le plus précieux ? Réponse le 7 juin.

Bonus : Osaka enchante Saint-Malo

Puisque l’on évoque les sommets du tennis mondial, terminons ce récap’ par le sourire de l’ancienne reine, Naomi Osaka. La Japonaise a pleinement fait fructifier la wild-card délivrée par l’organisation du tournoi de Saint-Malo pour s’adjuger le premier titre WTA 125 de sa carrière ! Tombeuse notamment des Françaises Diane Parry, Elsa Jacquemot et Léolia Jeanjean, la tête de série n°2 a conclu sa très belle semaine par un succès sans fausse note contre Kaja Juvan (6/1, 7/5 en 1h23). De bon augure pour celle qui avait frôlé l’exploit l’an passé à "Roland" et qui n’avait plus glané la moindre récompense depuis son titre majeur à Melbourne en 2021 !