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ATP / WTA : Alcaraz récupère sa couronne au Queen’s

Déjà titré à Londres en 2023, le Murcien a repris son bien ce dimanche. De très bon augure, à une semaine de la grand-messe au All England Club…

Carlos Alcaraz / Photocall trophée Queen's©Adrian Dennis / AFP
 - Romain Vinot

En raison du timing très serré, le retard à l’allumage n’est pas permis sur herbe. Carlos Alcaraz, Alexander Bublik et Marketa Vondrousova l’ont parfaitement compris. Les champions de Wimbledon 2023 ("Carlitos" a conservé son titre en 2024) se sont imposés au Queen’s et à Berlin pendant que le Kazakhstanais a une nouvelle fois prouvé qu’il était dans la forme de sa vie, du côté de Halle. Voici le bilan de ce week-end sur gazon particulièrement riche en enseignements.

Alcaraz, d’un trône à l’autre

Il a tourné la page plus rapidement que les fans et observateurs du monde entier. Ces derniers, qui songent encore nuits et jours à sa finale légendaire remportée après un combat homérique de 5h29 face à Jannik Sinner sur le court Philippe-Chatrier, l’ont retrouvé sourire aux lèvres au Queen’s. Un autre tournoi historique et un nouveau sacre pour Carlos Alcaraz, qui n’en finit plus de gagner depuis trois mois. "Cette finale et ce titre à Roland-Garros m’ont donné un élan supplémentaire, a-t-il confié à l’issue de son nouveau succès ce week-end. J’ai eu le temps de le célébrer, de profiter et de me changer les idées. C’est comme si un chapitre s’était refermé et que j’en avais ouvert un autre ici à Londres. Ma confiance est au plus haut et plus on gagne, plus ce sentiment s’accentue. La manière dont je me déplace, la manière dont je frappe la balle : tous les voyants sont au vert actuellement."

Tombeur sans trembler d’Arthur Rinderknech et de Roberto Bautista Agut, l’Espagnol a perdu un set en huitièmes face à Jaume Munar, tout comme en finale contre un impressionnant Jiri Lehecka (7/5, 6/7(5), 6/2), qui s’était offert le scalp de Jack Draper dans le dernier carré. "Ce tournoi est vraiment spécial pour moi et je suis heureux de soulever le trophée une fois de plus, a détaillé celui qui avait déjà été sacré dans l'ouest londonien en 2023. Je suis venu sans objectif particulier, je souhaitais juste jouer un bon tennis et m’habituer au gazon. J’ai eu la chance d’avoir mes amis et ma famille à mes côtés, ce qui m’a permis de me sentir à l’aise sur le court et en dehors."

Sa confiance sur le court, le n°2 mondial l’a une nouvelle fois démontrée par des passings venus d’ailleurs, des courses effrénées et un toucher magique, lui permettant aussi bien d’aligner des slices que des amorties et des lobs imprenables. Une très riche panoplie idéale pour briller sur toutes les surfaces et particulièrement sur gazon.

Au sortir d’une première partie de saison sur dur moins brillante qu’à l’accoutumée malgré un titre à l’ATP 500 de Rotterdam, de nombreuses questions accompagnaient les prestations du protégé de Juan Carlos Ferrero. Mais depuis sa surprenante défaite au premier tour du Masters 1000 de Miami contre David Goffin, il a enchaîné une éblouissante série de 27 victoires pour une seule défaite (en finale à Barcelone contre Holger Rune), récompensée par 4 sacres, à Monte-Carlo, Rome, Roland-Garros et donc au Queen’s. "J’ai ressenti tellement de déception lorsque j’ai perdu à Miami… Mais au lieu de reprendre l’entraînement, j’ai fait une pause et je suis allé à Cancun avec ma famille. C’était la clé, juste prendre cinq jours de repos, ne pas toucher une raquette et ne pas entrer sur un court. Je suis parti en vacances, je me suis changé les idées et j’ai réfléchi à ce que j’aurais dû faire mieux. J’ai retrouvé de la joie et j’ai recommencé à prendre du plaisir en jouant au tennis ensuite."

Avec ce jeu flamboyant et cet état d’esprit irréprochable, difficile de ne pas voir en lui le grandissime favori du troisième Majeur de l’année, dont les qualifications commencent cette semaine. Réussira-t-il un deuxième back-to-back consécutif en Grand Chelem et donc un triplé historique à SW19 ? Réponse le 13 juillet.

Vondrousova, le timing parfait

Le Murcien n’est pas le seul champion de Wimbledon à avoir brillé sur les courts ces derniers jours. Privée de lauriers depuis son majestueux accomplissement il y a deux ans, Marketa Vondrousova a retrouvé le sourire et le chemin du succès en s’adjugeant le WTA 500 de Berlin. Opérée de l’épaule en 2024 et de nouveau absente de février à mai cette saison afin de soigner cette blessure récurrente, celle qui n’était que 164e mondiale au début de la compétition a réalisé un parcours exceptionnel pour glaner le troisième titre de sa carrière.

Après s’être imposée face à la championne de l’Open d’Australie Madison Keys puis contre Diana Shnaider, elle a remporté le remake de sa finale au All England Club face à Ons Jabeur avant de prendre facilement le meilleur sur la numéro un mondiale Aryna Sabalenka (6/2, 6/4) ! Opposée à la qualifiée Xinyu Wang en finale, elle a remporté un premier set dantesque alors que son adversaire a servi deux fois pour le gain de la manche (à 5-4 puis 6-5). Elle a également sauvé six balles de set dans le tie-break avant de prendre les commandes ! Malgré la perte de la deuxième manche, elle a déroulé son plus beau tennis dans la troisième pour gagner le droit de célébrer sa victoire et son retour au plus haut niveau. "Nous étions venus ici simplement pour essayer de gagner le premier match et voilà où nous en sommes, a souri la désormais 73e mondiale lors de la cérémonie de remise des trophées. Je suis tellement reconnaissante de me tenir devant vous maintenant."

Agenouillée au sol après la balle de match, la Tchèque sait ce que représente cette semaine parfaite et espère désormais être en capacité d’enchaîner les matchs et les tournois. Lors du troisième Grand Chelem de l’année, elle utilisera un classement protégé.

Bublik, plus rien ni personne ne lui résiste

A l’instar d’Alcaraz, il a récupéré sa couronne. Et à l’instar de Vondrousova, il a fait tomber le patron de la discipline sur la route d’un nouveau titre. Vainqueur à Halle en 2023, Alexander Bublik a récidivé de la plus belle des manières, prouvant ainsi son renouveau et sa forme étincelante. En plus de renverser Jannik Sinner en huitièmes, le Kazakhstanais a brisé une malédiction en finale, s’imposant pour la première fois en sept confrontations face à Daniil Medvedev (6/3, 7/6(4)). "Du point de vue mental, c’est le match le plus difficile que j’ai joué dans ma vie, a confié celui qui n’avait gagné qu’un seul set lors de ses six précédents affrontements avec Medvedev. Je n’avais jamais gagné contre Daniil, c’est un adversaire très difficile à battre, surtout avec mon style de jeu. Mais aujourd’hui, j’ai eu un déclic psychologique et physique. C’est l’une des plus belles victoires de ma carrière et je suis honoré de me tenir devant vous et de pouvoir profiter de ce moment."

Au moins aussi ému que lorsqu’il a rallié son premier quart de finale en Majeur il y a trois semaines à Roland-Garros, il a expliqué qu’il avait failli faire une pause, à la suite d'une période très difficile entre Wimbledon 2024 et le printemps 2025. Il faut dire que de juillet à mars, il a perdu 18 matchs sur 22 disputés.

Une spirale infernale qui a pris fin lors du Challenger de Phoenix, quelques semaines avant un quart de finale à Madrid puis Porte d’Auteuil, donc. "J’ai vécu des mois tellement compliqués… J’ai bien failli tout arrêter parce que je ne m’amusais plus. J’ai promis à mon entraîneur que j’allais rester sur le circuit et continuer de m’entraîner avant de prendre une décision. Et voilà ce qu’il se passe maintenant : quart-de-finaliste à Roland, vainqueur ici… Je n’ai pas les mots."

Pour Alexander Bublik, le tennis est avant tout un jeu et rien ne peut se faire sans son sourire iconique. Mais au-delà d’amuser la galerie grâce à ses coups à l’aveugle, son toucher de velours et ses services à la cuillère, son talent peut désarçonner n’importe quel adversaire et le porter encore bien plus loin et bien plus haut que sa 30e place mondiale.

Une situation résumée avec humour (comme souvent) par Daniil Medvedev après sa défaite ce dimanche : "Félicitations à toi et à toute ton équipe. J’espère que tu seras dans la partie de tableau de Carlos à Wimbledon, histoire d’avoir une sensation dès le troisième tour ou en huitièmes de finale ! Continue de jouer comme ça et j’insiste : il faut que tu sois dans la partie de Carlos ou de Jannik." Nul doute que le Kazakhstanais sera plus attendu que jamais au All England Club. Reste désormais à savoir si cette situation l’enthousiasmera suffisamment pour signer de nouveaux exploits.