US Open 2025 : la force de l’habitude

Djokovic, naturellement

Battu à la surprise générale dès le troisième tour l’an passé, Novak Djokovic a remis les pendules à l’heure dans la ville qui ne dort jamais. Tantôt exceptionnel, tantôt poussif, le Serbe de 38 ans s’est qualifié pour sa 53e demi-finale en Grand Chelem, la 14e à Flushing Meadows, record de Jimmy Connors égalé. C’est la septième fois de sa carrière qu’il atteint ce stade de la compétition lors des quatre Majeurs au cours de la même saison. Sera-t-il arrêté en si bon chemin comme lors des trois levées précédentes ? La question reste ouverte mais sa dernière victime en date n’est sans doute pas de cet avis.

En quarts de finale, le "Djoker" a disposé pour la onzième fois en autant de confrontations du n°1 américain Taylor Fritz (6/3, 7/5, 3/6, 6/4 en 3h24). Loin d’être impérial face au 4e joueur mondial – qui lui laissera d’ailleurs sa place à l’issue du tournoi – il a eu le mérite de démarrer la rencontre tambour battant et d’être particulièrement bon dans les moments importants, comme souvent. "C’était un match très serré qui pouvait tourner en la faveur des deux joueurs, a-t-il admis lors de l’interview sur le terrain. J'ai eu la chance de sauver quelques balles de break cruciales dans le deuxième set mais je pense qu’il a été un meilleur joueur pendant la majeure partie des deuxième et troisième sets. Dans ce genre de matchs, quelques points suffisent à faire la différence…"

Des opportunités, le finaliste de l’édition 2024 en a en effet obtenues quelques-unes, sans toutefois parvenir à les concrétiser (2/13 balles de breaks converties sur l’ensemble de la rencontre). Face à un adversaire de ce calibre, cette statistique ne pardonne pas, bien que Fritz ait eu le mérite de ne rien lâcher après la perte des deux premiers sets. "J'ai eu tellement d'autres occasions qui n'apparaissent pas dans les statistiques, a confié le vaincu du jour en conférence de presse. J'ai tout simplement très mal joué ces points […] C'est ce qui est frustrant parce que je n'ai pas besoin de jouer beaucoup mieux pour y arriver, j'ai eu toutes les occasions possibles en jouant comme je l'ai fait."

Bruyamment soutenu par son public, le Californien s’est repris dans le troisième puis a fait jeu égal dans le quatrième, laissant même penser que New York allait assister à un nouveau marathon. D’autant que sa montée en puissance coïncidait bien sûr avec un coup de moins bien physique du Serbe, contraint de prendre le filet pour tenter d’écouter les longs échanges du fond du court.

Mais les observateurs ne le savent que trop bien : c’est lorsqu’il semble dans les cordes que Djoko assène le coup final. A 5-4 en sa faveur, il a resserré une dernière fois l’étau pour se procurer trois balles de match et finalement conclure sur une triste double faute de son adversaire. "Dans les moments importants du quatrième set, j’ai bien servi, j’ai varié mes coups et je suis monté au filet, a précisé l’homme aux 24 titres du Grand Chelem en conférence de presse. J’ai patiemment attendu ma chance et sincèrement, il n’y a eu qu’un seul jeu au cours duquel j’ai eu l’occasion de le breaker, le dernier […] C’était un de ces jours où vous devez juste vous accrocher. Il faut jouer avec son cœur et se battre, c’est ce qui m’a vraiment permis de gagner."

Se battre et être clinique, c’est sans aucun doute ce que devra de nouveau faire Djokovic pour espérer glaner un 25e Majeur, lui qui se retrouve désormais devant l’un des plus grands défis de sa carrière.

Alcaraz en lévitation

Car de l’autre côté du filet vendredi se dressera un monstre quasi invincible ces dernières semaines et en pleine possession de ses moyens depuis qu’il a foulé le dur américain. Titré à Cincinnati avant de poser ses valises à NY, Carlos Alcaraz enchaîne les démonstrations de force et son quart de finale face à Jiri Lehecka n’a pas fait exception (6/4, 6/2, 6/4 en 1h56). Si la sévérité du score ne reflète pas la qualité des échanges entre les deux hommes, le Murcien était une nouvelle fois trop rapide, trop puissant et trop ingénieux pour qu’il y ait "match" ce mardi. "Comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises durant ce tournoi, je joue très bien et je me sens vraiment à l’aise, a confié le vainqueur aux médias. Aujourd’hui, j’ai réalisé un match quasi-parfait. Il ne reste plus que deux étapes à franchir, on verra ce qui se passe mais j’ai très envie d’y arriver."

Une soif de victoires, de perfection et de plaisir parfaitement ressentie sur le terrain depuis le début d’une quinzaine au cours de laquelle il n’a toujours pas perdu le moindre set. Face au Tchèque, "Carlitos" n’a pas concédé la moindre balle de break et a de nouveau enchaîné les coups spectaculaires, pour le plus grand bonheur des spectateurs. "J’essaie de réussir des coups impossibles et je peux perdre beaucoup de points en tentant des choses. Mais quand ça fonctionne, on se sent super bien, ça donne beaucoup de confiance. L’important, c’est d’essayer et je suis heureux parce que la plupart du temps, ça marche !"

Souriant, agressif, chirurgical et plus véloce que jamais, le champion 2022 survole son tournoi et ne compte pas reposer les pieds sur terre avant la finale de dimanche. Reste à savoir si Novak Djokovic aura les armes et le coffre pour le faire atterrir plus tôt que prévu.

Pegula remet ça

Elle non plus n’a toujours pas lâché le moindre set dans cette campagne 2025. Après avoir pulvérisé son plafond de verre l’an passé en atteignant la finale, Jessica Pegula s’est offert le droit de disputer une nouvelle demie en haute altitude à domicile. Déjà impressionnante lors de ses quatre premières sorties, la native de Buffalo n’a pas laissé beaucoup plus d’espoir à Barbora Krejcikova (6/3, 6/3 en 1h26), miraculée des huitièmes après avoir sauvé huit balles de match face à la surprenante Taylor Townsend.

Après avoir très rapidement pris les commandes de la rencontre (4-0 puis 5-1 dans la première manche), elle n'a pas été surprise par le retour aux affaires de la Tchèque, combative mais coupable de trop de fautes directes (24 dont 7 doubles fautes sur l’ensemble de la rencontre). Bis repetita dans la deuxième manche, au cours de laquelle elle s’est détachée pour mener 4-1 et ainsi s’ouvrir les portes du dernier carré. "J’ai joué un très bon tennis, de manière très solide, a-t-elle réagi sur le court. Mes engagements ont été très bons, très rapides et c’est exactement ce que je voulais faire aujourd’hui, d’autant plus face à une adversaire aussi dangereuse. A la fin, c’était très serré, elle a réussi quelques très bons retour quand je servais à 4-1 et au vu de ce qu’elle avait réalisé contre Taylor, je suis contente que ça se soit terminé comme ça !"

En ne perdant que 23 jeux lors de ses cinq premières sorties, l’Américaine s’est ouvert une voie royale vers la deuxième demi-finale de sa carrière en Grand Chelem. "Je pense avoir bénéficié d'un tirage au sort plutôt favorable jusqu'à aujourd'hui, a reconnu celle qui n’a bataillé face à aucune joueuse du Top 50 lors de cette édition. Je n'ai pas vraiment eu à affronter des adversaires qui m'ont posé beaucoup de problèmes, ce qui m'a aidé. Mais en même temps, j'ai réussi à aborder ces matchs avec sérieux et à faire le travail."

Sérieuse, appliquée et lucide, "Jpeg" défiera une joueuse d’un tout autre calibre ce jeudi, en la personne d’Aryna Sabalenka.

Sabalenka, qualifiée sans jouer

Tombeuse coup sur coup de Jasmine Paolini puis Elena Rybakina, la championne de Wimbledon 2023 Marketa Vondrousova n’a pas eu le loisir de se mesurer à la n°1 mondiale ce mardi. Blessée au genou, elle a été contrainte de déclarer forfait avant son quart de finale prévu en ouverture de night session. "J’ai fait de mon mieux pour être sur le court aujourd’hui mais durant l’échauffement, j’ai de nouveau ressenti une douleur au genou, a déclaré la Tchèque dans un communiqué. Après avoir consulté le médecin du tournoi, j’ai décidé de ne pas prendre le risque d’aggraver ma blessure. Je tiens à m’excuser auprès des fans qui attendaient ce match avec impatience. C’était incroyable d’être à New York, j’ai hâte d’y revenir l’année prochaine."

Conséquence directe de ce retrait, Aryna Sabalenka rejoint le dernier carré pour la quatrième fois de l’année en Grand Chelem. La championne en titre disputera un remake de la finale de l’édition 2024 face à Jessica Pegula.