Après sa victoire au troisième tour de l’US Open face à la tête de série n°5 Mirra Andreeva, Taylor Townsend l’a elle-même assuré : elle est vraiment "faite pour ça". La joueuse de 29 ans réagissait à une question sur sa capacité à rester concentrée sur le tennis et à faire fi du bruit médiatique entourant son précédent succès face à Jelena Ostapenko. Cette dernière l’avait accusée de manquer de fair-play avant de lui adresser quelques mots peu aimables au filet…
US Open 2025 : la renaissance de Taylor Townsend
Vêtue d’une tenue inspirée du phénix, l’Américaine a pris son envol vers la deuxième semaine

"Je suis restée fidèle à moi-même"
Malgré la sortie déplacée de la Lettone – qui a depuis présenté publiquement ses excuses –, Townsend a gardé son sang-froid et tourné la page. Dans la foulée, elle a enchaîné trois victoires en trois jours (deux en double et une en simple) et se prépare désormais à affronter ce dimanche, la double championne en Grand Chelem Barbora Krejcikova, en huitièmes de finale sur le Louis Armstrong Stadium.
"Ça n’a pas été difficile du tout. J’ai dit à mon équipe : ‘Je suis faite pour ce genre de choses’, a expliqué la principale intéressée. Sincèrement, ça n’a pas été difficile parce que je suis restée fidèle à moi-même. J’avais un match en double dès le lendemain, je devais donc immédiatement me remettre dans le bain. Au bout du compte, je ne laisserai jamais quelque chose d’extérieur me détourner de mon objectif lorsque j’entre sur le court. Quand je franchis les portes du stade, rien de ce qui se passe à l’extérieur n’a d’importance. C’est comme ça que j’ai été élevée et j’adhère pleinement à cette façon de penser."
Vendredi soir, devant près de 23 000 spectateurs massés dans le plus grand stade de tennis du monde, elle a éliminé Mirra Andreeva afin de valider son retour en deuxième semaine du Majeur américain pour la première fois depuis 2019. N°1 mondiale en double, la gauchère est taillée pour les matchs en prime time, pour s’exprimer devant la presse avec authenticité, pour représenter sa culture et pour surmonter l’adversité. Personne ne peut le nier.
Et comme le suggère sa tenue – ornée de flammes évoquant un phénix renaissant de ses cendres – Townsend était faite pour ce moment sous le feu des projecteurs, à domicile, à l’occasion d’un Grand Chelem pour lequel elle n’avait pas reçu de wild-card il y a 13 ans alors qu’elle dominait le circuit juniors.
"Je ne suis pas venue ici en quête de réponses"
En 2019, la native de Chicago avait créé la sensation lors du deuxième tour en battant la tête de série n°4 Simona Halep, signant alors son premier succès face à une joueuse du Top 10. Eliminée d’entrée lors de l’édition suivante, elle a ensuite mis sa carrière entre parenthèses pour donner naissance à son fils Adyn en 2021.
Revenue sur le circuit en 2022, l’Américaine a depuis conquis deux titres du Grand Chelem en double – Wimbledon 2024 et l’Open d’Australie 2025 – et atteint son meilleur classement en simple (46e) l’été dernier, avant de s’installer sur le trône mondial du double il y a un mois. Désormais, elle vise un premier quart de finale en simple contre Krejcikova.
"En 2019, j’avais l’impression d’être en pleine ascension, j’étais proche du sommet, mais je ne l’atteignais jamais, a-t-elle expliqué ce vendredi. Ce match contre Halep avait été un tournant pour moi, une manière de franchir ce cap et de prouver que j’en étais capable. Ça m’a validée en tant que joueuse, puis j’ai continué mon chemin jusqu’en huitièmes de finale avant de perdre contre Bianca, la future championne. Cette fois, la situation est complètement différente. Je ne suis pas venue ici en quête de réponses, je n’avais pas besoin de chercher quoi que ce soit : toutes les réponses étaient déjà en moi. J’étais tellement confiante, tellement sûre de moi, de mon plan et de son exécution… Peu importe si je frappais dans les bâches ou dans le bas du filet, je continuais. C’est une sensation totalement différente. Je ne suis plus la même personne qu’en 2019 et je pense que ça se voit."
"Profiter de chaque instant"
Townsend a beaucoup travaillé sur l'aspect mental de son jeu et respire la confiance sur et en dehors du court. Elle assure qu’il ne s’agit pas d’une posture, mais du fruit d’un vrai travail sur elle-même. Son fils Adyn est arrivé à New York avant ce huitième de finale, et le passage en "mode maman" sitôt sortie du court lui permet de décrocher totalement du tennis et de tout ce qui l’entoure.
Sur les réseaux sociaux, son nombre d’abonnés a plus que doublé cette semaine, à la suite de la polémique avec Ostapenko. L’Américaine s’applique à transformer cette visibilité en message positif et inspirant. "C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai choisi cette tenue de phénix. C’est une créature mythique, mais l’idée derrière, c’est qu’il faut brûler ou abandonner son ancien soi pour renaître sous une forme nouvelle, a expliqué celle qui a créé sa propre ligne de vêtements, qu’elle porte durant les matchs. Je trouve que ça illustre ma carrière et qui je suis en tant que personne, en tant que femme et en tant que joueuse. On m’a toujours dit que j’étais talentueuse, que j’avais de nombreuses armes, mais il y avait toujours un ‘mais’. Aujourd’hui, je sens que le travail que j’ai accompli a effacé ce ‘mais’. Je suis une nouvelle personne, j’ai évolué. Je suis vraiment fière de moi, fière de la manière dont j’ai géré ce match, dont je suis restée concentrée […] Je suis fière d’être là où je suis, fière d’honorer ma culture, fière de représenter les Etats-Unis ici à l’US Open et de recevoir tout cet amour du public et des fans, sur et en dehors du court. Alors je profite de chaque instant et je savoure pleinement cette aventure."