La folle aventure d’Ugo Blanchet, des retrouvailles arrachées au meilleur des cinq manches pour Arthur Rinderknech et Benjamin Bonzi ou encore les confirmations d’Adrian Mannarino et Diane Parry : un beau ciel bleu surplombe actuellement les courts de Flushing Meadows.
US Open 2025 : l’accent français séduit New York
Cinq représentants tricolores ont poinçonné leur ticket pour le troisième tour du dernier Grand Chelem de la saison.
Blanchet, le rêve américain
En 2021, il songeait à arrêter le tennis pour "soulager ses parents". Quatre ans plus tard, il vient de signer deux succès consécutifs dans le tableau principal d’un tournoi ATP – qui plus est en Majeur – pour la première fois de sa carrière. A 26 ans, Ugo Blanchet vit une aventure américaine extraordinaire et ce depuis les qualifications, dont il s’est extirpé avec brio.
Mais c’est bien dans le grand bain qu’il a fait chavirer le public du Billie Jean King National Tennis Center, d’abord en battant le toujours très dangereux Fabian Marozsan (53e mondial) en quatre manches (6/4, 3/6, 7/6(7), 6/2 en 2h47), puis en créant une véritable sensation face au champion de Miami Jakub Mensik, battu au super tie-break à l’issue d’un marathon de 4h23 (6/7(6), 7/6(5), 3/6, 6/4, 7/6(7)) ! "C’est incroyable, a-t-il reconnu après la rencontre. Être à l’US Open, gagner au super tie-break… On rêve tous de jouer des matchs comme ça quand on commence le tennis." Un songe qui semblait hors de portée pour le Haut-Savoyard, 900e mondial à 22 ans et encore récemment pétri de doutes sur le circuit Challenger. Cette situation délicate et périlleuse, l’actuel 184e l’explique par ses difficultés à s’adapter aux exigences du tennis de haut niveau.
"Je n'ai pas toujours été exempt de tout reproche à l'entraînement, a-t-il confié dans une interview au journal L’Equipe. J'ai mis longtemps à accepter le côté pro du tennis. Je suis beaucoup dans le plaisir et les sensations. J'adore taper la balle, m'amuser sur le court avec des copains. Ça a longtemps été ça le tennis pour moi. Petit à petit, j'ai compris qu'il fallait faire plus. Mais ce n'est pas facile de changer […] Quand ça n'allait pas, j'avais tendance à baisser les bras, à faire n'importe quoi à l'entraînement. J'ai gratté du terrain là-dessus chaque année. L'objectif, c'était d'abord de faire trois super journées d'entraînement par semaine, puis quatre, puis cinq. Après, ç'a été d'enchaîner des semaines. Maintenant, ça va être d'enchaîner les mois. Garder un niveau d'exigence élevé, peu importe ce qu'il se passe, les sensations, le plaisir, l'envie. Je n'ai pas le choix si je veux que mon classement soit encore meilleur."
Ses coups distillés avec précision, son slice de revers et sa réussite au filet ont fait dérailler la machine Mensik et exploser les tribunes d’un court 7 garnies de supporters bleus, aux anges devant la maîtrise et le calme de leur représentant. Celui qui estime que son niveau est "très bon" mais qu’il peut être "encore meilleur" veut profiter pleinement de cet état de grâce qu’il n’a pourtant jamais failli connaître. "En 2021, je n'étais pas autonome financièrement et je voulais libérer mes parents pour qu'ils profitent de leur argent, partent en vacances, voyagent et qu'ils se construisent des souvenirs, poursuit-il dans les colonnes de L’Equipe. J'aimais toujours jouer, mais je voyais que ça ne suffisait pas. Je suis allé les voir et je leur ai dit : ‘J'ai pris la décision d'arrêter.’ Ils m'ont demandé pourquoi. Je leur ai donné les raisons que je viens de vous expliquer. Ils m'ont répondu : 'Si c'est juste ça, on ne veut pas que tu arrêtes, continue.’ […] Cette discussion m'a enlevé un poids sur les épaules. Ensuite il y a eu le déclic à Monastir où j'ai gagné mon premier Future en octobre. Et aujourd'hui, on est là (sourire)."
Ce vendredi, celui qui a failli tout stopper il y a quelques années disputera le troisième tour de l’US Open face à un autre Tchèque – tombeur de Joao Fonseca –, Tomas Machac (22e mondial).
Ugo Blanchet au service face à Jakub Mensik au deuxième tour de l'US Open 2025
Bonzi – Rinderknech : duel entre amis pour un premier huitième
Ces deux noms avaient déjà résonné dans les allées de Wimbledon lorsqu’ils avaient respectivement fait tomber Daniil Medvedev et Sascha Zverev lors de leur entrée en lice. A New York, Benjamin Bonzi et Arthur Rinderknech font de nouveau parler d’eux et ont rendez-vous ce vendredi pour une place en huitièmes de finale !
De nouveau victorieux d’un marathon complètement fou face à "Meddy" au premier tour, le Nîmois a encore pu poser l’index sur sa tempe après avoir renversé le Californien Marcos Giron (2/6, 4/6, 7/5, 6/3, 6/4 en 3h40). Quelque peu dans le dur physiquement et mentalement en début de partie, le 51e mondial n’a jamais lâché malgré la perte des deux premières manches afin de s’ouvrir les portes du troisième tour d’un Grand Chelem pour la quatrième fois de sa carrière. Pour enfin parvenir à passer ce cap, il devra se défaire d’un visage très familier. "C'est vraiment bien d'être encore une fois au troisième tour d'un Grand Chelem, a-t-il confié aux journalistes français après sa victoire. On va jouer le Clasico avec l'ami Rinder. J'étais à son mariage, on a une vraie amitié, il paraît (rires). C'est très bien qu'on se joue au troisième tour, comme ça, il y en aura un de nous deux qui sera pour la première fois en huitièmes. J'espère que ce sera moi mais on ne lui dira pas !"
La situation est en effet tout à fait similaire pour "Rinder". Pour rallier une troisième fois ce stade de la compétition en Majeur, le 82e mondial est venu à bout du fantasque et toujours très accrocheur Alejandro Davidovich Fokina (18e mondial) et ce après avoir été mené deux manches à une puis 1-3 dans le set final (6/4, 3/6, 2/6, 6/2, 6/3 en 3h14). "C'est cool de gagner ce match, surtout face à un joueur qui ne lâche rien et qui est en forme, a-t-il analysé à chaud. C'est une très bonne victoire, même si tout n'était pas parfait. Mais grâce à mon mental, au soutien et à la sérénité de mon clan, j'ai pu aller la chercher."
Déjà auteur de très solides prestations à Londres, le Varois est très heureux de retrouver son ami pour une place en deuxième semaine à l’US. "C'est un de mes meilleurs amis sur le circuit. C'est génial de se jouer au troisième tour d'un Grand Chelem, plus qu'au premier. Ça veut déjà dire qu'on a battu de bons joueurs pour en arriver là."
A noter que le vainqueur de ce choc 100% français pourrait ensuite retrouver Carlos Alcaraz, qui affrontera Luciano Darderi ce vendredi.
Mannarino sur sa lancée, Parry au bout de l’effort
Seulement battu en huitièmes de finale à Cincinnati par le n°1 mondial Jannik Sinner (après avoir notamment pris le meilleur sur Tomas Machac et Tommy Paul), Adrian Mannarino a confirmé son solide renouveau sur dur en écartant Tallon Griekspoor puis Jordan Thompson. Déjà engagé au troisième tour à Wimbledon, le vétéran français de 37 ans vise désormais un premier 1/8e à New York mais la tâche s’annonce difficile. Il ne le sait pas encore (superstition oblige) mais il affrontera le chouchou du public Ben Shelton (n°6) en deuxième rotation sur le Louis Armstrong Stadium. Un joueur contre lequel il mène toutefois 2-1 dans leur face-à-face et qu'il a notamment éliminé au même stade de la compétition à l'Open d'Australie 2024...
Enfin, dans le tableau dames, l’unique rescapée tricolore se nomme Diane Parry. Engagée dans un duel au long cours face à Renata Zarazua – tombeuse de la championne de l’Open d’Australie Madison Keys au premier tour –, la Française a résisté physiquement pour s’imposer au super tie-break (6/2, 2/6, 7/6(7) en 2h46). Encouragée par son amie fraîchement retraitée Caroline Garcia, l’actuelle 107e mondiale a parfaitement su élever son niveau de jeu dans la manche finale pour booker sa place au troisième tour, un stade de la compétition qu’elle avait déjà rallié lors de toutes les autres levées du Grand Chelem. Pour tenter de faire encore mieux, elle se mesurera samedi à l’Ukrainienne Marta Kostyuk (28e mondiale).