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Wimbledon 2025 - Finale messieurs : Jannik Sinner, revanche royale

35 jours après s’être incliné en finale Porte d’Auteuil, l’Italien a cette fois-ci battu Carlos Alcaraz, dans son deuxième jardin. Il devient le premier joueur de son pays à s’imposer à Wimbledon.

Jannik Sinner / Finale, Wimbledon 2025©Corinne Dubreuil / FFT
 - Marion Theissen

Depuis l’Open d’Australie, en janvier 2024, les deux meilleurs joueurs de la planète se partagent tous les Majeurs. Ce cru 2025 du Grand Chelem londonien n’a pas fait exception, à la différence qu’un tout nouveau champion a été couronné ce dimanche.

Une nouvelle ère

Pour la dix-septième fois de l’ère Open, les deux meilleures têtes de série se sont retrouvées en finale du tournoi de Wimbledon, mais pour la première fois, c’est Jannik Sinner et Carlos Alcaraz qui en portaient le costume. Comme il y a un mois et cinq jours très précisément, à Roland-Garros, le roi et son dauphin ont remis le couvert pour s’adjuger le troisième Majeur de l’année. C’est par ailleurs la première fois depuis 2008 que cette affiche enivrante est identique à Paris et à Londres, depuis Roger Federer et Rafael Nadal. Mais, pour la première fois depuis 23 ans, ni Andy Murray, ni Roger Federer, ni Rafael Nadal, ni Novak Djokovic ne s’est hissé sur cette dernière marche.

La période du flamboyant Big Four fait partie du passé et Jannik Sinner et Carlos Alcaraz forment désormais un Big Two tellement captivant ! Une rivalité d’ailleurs saluée par les intéressés. "Je suis vraiment très heureux d’avoir cette rivalité avec lui, c’est bon pour nous deux et je pense que ça l’est aussi pour le tennis", a expliqué l’Espagnol. Et ce n’est pas "Nole" qui dira le contraire : "Après la finale qu’ils ont joué à Paris, on peut dire qu’ils sont clairement à plusieurs niveaux au-dessus des autres" a déclaré le septuple vainqueur, après son élimination en demi-finales.

Un empire élargi

S’il a certainement pêché sur ses mises en jeu (seulement 56% de points inscrits sur sa première balle contre 75% pour Alcaraz), Jannik Sinner est parfaitement entré dans sa finale. Plus agressif, c’est même lui qui a breaké le premier. Et s’il a finalement laissé échapper la première manche sur un point dantesque (6/4), le n°1 mondial a ensuite prouvé que son échec parisien était digéré.

Un nouveau break d’entrée dans la deuxième manche, une montée au filet concluante appuyée par l’un de ses coups droits dévastateurs dans la troisième, puis un jeu blanc à 3-1 dans la quatrième pour prendre les devants : entre puissance et maîtrise, l’Italien a complètement fait déjouer le double tenant du titre. De plus en plus serein sur son service, il a notamment accumulé les jeux blancs pendant que son adversaire, bien moins efficace depuis sa ligne de fond de court, se montrait moins décisif et moins rigoureux dans l’échange. Et si un sourire s’est esquissé sur le visage de l’Espagnol à 4-3 dans le dernier set – en se rappelant certainement au bon souvenir de ce qu’il était parvenu à accomplir lorsqu’il était mené 2 sets à 1 quelques semaines auparavant –, Carlos Alcaraz n’est cette fois-ci parvenu à effacer qu’une seule balle de titre de son adversaire, avant de lui transmettre la couronne (4/6, 6/4, 6/4, 6/4 en 3h04). "C’est un tournoi auquel j’ai toujours rêvé de participer, alors être ici avec le trophée, c’est vraiment incroyable," a détaillé le nouveau champion, en conférence de presse.

Un apprentissage concluant

Ce dimanche, à l’aube d’une finale tant attendue, Jannik Sinner a rassuré ceux qui étaient encore inquiets pour lui après sa sortie parisienne. Alors qu’il avait manqué à trois reprises l’occasion de conclure le match en juin dernier, alors qu’il avait perdu son break d’avance au moment de servir pour une première Coupe des Mousquetaires à ajouter dans son armoire à trophées, l’Italien avait dû faire face à la fougue et l’explosivité de Carlos Alcaraz.

Mais cette fois-ci, il a récolté les fruits de son dur labeur. Après un seul tournoi de préparation à la surface verte (défaite au deuxième tour à Halle contre Alexander Bublik), il a été irréprochable à Londres. Seulement bousculé par Grigor Dimitrov en huitièmes de finale, il n’a jamais tremblé, n'a pas été effrayé par l’enjeu et a conjuré le sort des finales contre son meilleur rival cette année (Alcaraz avait remporté le titre face à lui à Rome puis à Paris).

Accroupi, la raquette appuyée sur le sol entre les jambes, il a pris le temps de savourer après sa deuxième balle de titre. En tapant sur le gazon avant de se relever, il a peut-être marqué au fer rouge un nouveau terrain de jeu conquis. "Je suis très ému, même si je ne pleure pas," a confessé le nouveau champion, premier Italien à s’imposer à Wimbledon. Avec quatre titres en Majeur, il est (déjà !) le plus titré de sa nation à ce niveau de compétition.

Le prince est tombé

L’histoire aurait été si belle. Carlos Alcaraz n’est pas passé loin de conserver son invincibilité en finale de Grand Chelem. Il est passé tout près d’un troisième titre anglais de suite et d’un double-double qui n’avait plus été réalisé depuis Björn Borg entre 1978 et 1980. Mais, comme en 2022 (date de la dernière défaite de l’Espagnol à Wimbledon), c’est Jannik Sinner qui a mis un terme à son tournoi verdoyant. "Ce n’est jamais plaisant de perdre un match, encore moins en finale, a déclaré le champion sortant en guise de prologue à l’occasion de sa conférence de presse. Mais je suis fier de tout ce que j’ai réussi à faire ces quatre dernières semaines à Londres. Je sors de ce Centre Court avec la tête haute, parce que j’ai vraiment fait tout ce que j’ai pu aujourd’hui."

Place désormais à la tournée américaine, ponctuée de l’US Open. Et si c’est l’Italien qui défendra son titre cette fois-ci, nul doute que son dauphin aura à cœur de briller également dans le tournoi du Grand Chelem qu’il a soulevé le premier, en 2022.

Jannik Sinner & Carlos Alcaraz / Finale, US Open 2022©Corinne Dubreuil / FFT