Wimbledon 2025 : un blockbuster et une belle histoire

Super-maman

En janvier dernier, Belinda Bencic – demi-finaliste en Majeur en 2019 – pointait à la 489e place au classement WTA. De retour de congés maternité après la naissance de sa fille Bella, l’ancienne n°4 mondiale a pris le temps de retrouver ses sensations sur le court, ses repères sur le circuit et sa précision raquette en main. Ses débuts en tant que maman ont été tonitruants, avec un premier titre glané à Abou Dhabi, et à l’occasion de cette semaine londonienne, elle a su déjouer tous les pronostics : après un premier tour express, elle a été bousculée par la Française Elsa Jacquemot au deuxième tour, puis par l’impressionnante Italienne Elisabetta Cocciaretto. En huitièmes, c’est la tête de série n°18 Ekaterina Alexandrova qui a fait les frais de l’état de forme de la Suissesse de 28 ans. Mais avant d’entrer sur le court pour son quart de finale, Belinda Bencic n’arborait pas le costume de favorite.

Contre la jeune Mirra Andreeva (n°7), deux fois titrée en WTA 1000 cette saison (Dubaï et Indian Wells), elle s’est servie de son expérience (c’est sa neuvième apparition dans le grand tableau de Wimbledon) pour s’imposer en deux sets brillamment conclus par deux tie-breaks (7/6(3), 7/6(2) en 2h07). "Mirra est une joueuse qui propose beaucoup de variations, ce qui est très plaisant à voir. Mais c’est bien plus difficile de l’affronter ! a souri la gagnante du jour. Alors, j’ai simplement étudié son jeu, j’ai vu certaines choses qu’elle reproduit régulièrement et je me suis bien préparée."

Si son bras a légèrement tremblé dans la deuxième manche – alors qu’elle servait pour le gain du match après avoir breaké à 5-4 –, elle n’a pas manqué le jeu décisif du deuxième set, bien aidée par les imprécisions de son adversaire à l'image d'une volée manquée à 3-1, véritable tournant de cet ultime jeu. "À ce moment-là, j’ai essayé d’oublier les services manqués précédemment ou que je n’étais pas parvenue à retourner. Je crois que c’est ce qu’il faut faire. Il faut aussi être prête à partir pour un troisième set si jamais l’on perd le deuxième. C’est tout ce qu’il y a à faire," a-t-elle ensuite détaillé.

Mais c’est sur un smash, parfaitement exécuté, que Belinda Bencic a conclu la rencontre, devenant ainsi la seule joueuse suisse du siècle à s’imposer contre une Top 10 à Wimbledon. "Je suis contente de la manière dont j’ai joué, notamment dans les tie-breaks. Je suis restée forte et fidèle à ma tactique. J’ai hâte de jouer les demies demain, même si ça va être un peu différent sans jour de repos."

Mirra, le sourire avant tout

Battue lors du troisième quart de finale de sa jeune carrière en Majeur, Mirra Andreeva n’a pour autant pas perdu le sourire qu'elle arbore partout où elle passe. En conférence de presse, la protégée de Conchita Martinez s’est dit persuadée de repartir avec de très bons souvenirs de sa troisième participation au Grand Chelem londonien : "J’adore jouer à Londres, j’ai l’impression que c’est le plus traditionnel des tournois du Grand Chelem, avec les tenues blanches, la présence de la famille royale… Je ne sais même pas combien de kilos de fraises j’ai déjà mangé ! Mais je vais retenir beaucoup de souvenirs de ce tournoi, y compris l’affiche que j’ai faite pour soutenir Conchita ! Et je vais aussi me souvenir de ces tie-breaks…"

Iga apprivoise le gazon

Jamais titrée sur cette surface, Iga Swiatek réalise une semaine remarquable à SW19. Sacrée à cinq reprises en Grand Chelem, elle n’avait encore jamais rejoint le dernier carré de la compétition à Londres : c’est désormais chose faite ! Grâce à une victoire aussi sereine que solide face à Liudmila Samsonova (6/2, 7/5 en 1h49), la quadruple lauréate de Roland-Garros retrouvera Belinda Bencic pour une place en finale.

Si elle a dû écarter une balle de break dans le premier jeu de la partie, la tête de série n°8 n’a ensuite plus été inquiétée de la première manche. Malgré un sursaut de son adversaire – présente en quarts de finale d’un Majeur pour la première fois de sa carrière –, elle n’a pas paniqué lorsque celle-ci est revenue à 5-5 alors qu’elle était menée 4-2 dans le deuxième set.

"Ce n’était pas facile de perdre mon break d’avance, a ensuite déclaré l'ancienne n°1 mondiale, très calme pour conclure sur sa deuxième balle de match. Je savais ce que je devais faire, je me suis concentrée là-dessus. Je suis heureuse de voir que le travail que j’ai fait jusqu’à présent porte ses fruits." Une nouvelle prestigieuse performance qui lui permet au passage de devenir la première Polonaise à atteindre les demi-finales de Wimbledon depuis Agniezka Radwanska en 2015, et la première de l’ère Open à disputer le dernier carré de tous les tournois du Grand Chelem.

Cobolli, une manche remportée contre son idole

Pour le tout premier quart de finale de sa carrière en Grand Chelem, Flavio Cobolli y a cru contre le joueur qu’il admire tant, Novak Djokovic. Solide lors de la première manche, l’Italien est parvenu à remonter un break de retard à 3-5, alors que le septuple champion servait pour le gain du set. Concentré, le poing serré et les yeux rivés vers son box – que le très récent retraité Fabio Fognini avait rejoint pour l’occasion –, le joueur de 23 ans a fait preuve d'un sérieux et d'une application nécessaires face à un tel adversaire.

Essoufflé par le rythme imposé par son jeune concurrent, Novak Djokovic a donc finalement concédé la première manche (7/6(6)), avant de reprendre ses bonnes habitudes. Dans son jardin (il n’est plus qu’à un titre d’égaler le record de Roger Federer), il n’a plus rien cédé dans les trois manches suivantes. En poussant son vis-à-vis à la faute, le Serbe s'est replacé tout seul sur le chemin de la victoire. Même lorsqu'il a manqué sa première occasion de conclure la première manche, même légèrement agacé en début de quatrième set, l’homme aux 24 titres du Grand Chelem a su jouer avec les lignes, faire courir son adversaire et le pousser à donner le meilleur de lui-même. Insuffisant toutefois ce mercredi pour créer un nouveau tremblement d'herbe (6/7(6), 6/2, 7/5, 6/4).

Nul doute que Flavio Cobolli se remémorera positivement de sa très belle quinzaine, lors de laquelle il sera donc parvenu à accrocher son idole, lui prenant même une manche au tie-break, spécialité du "Djoker". Auteur du plus beau parcours de sa carrière en Majeur, il a reçu les compliments de la légende du jeu : "Il m’a surpris, a confié Novak Djokovic après le match. Je ne m’attendais pas à ce qu’il serve si bien. C’est une véritable progression de sa part en à peine six mois, depuis notre dernière confrontation à Shanghai. Il s'est hissé en quarts de finale d’un Grand Chelem et au filet, je lui ai dit de continuer comme ça !"

Sinner, plus fort que la douleur

Dans un remake de la demi-finale de l’Open d’Australie 2025, Jannik Sinner et Ben Shelton se retrouvaient cette fois pour une place dans le dernier carré à SW19. Si l’Américain voulait saisir sa chance de bousculer un n°1 mondial diminué par une blessure au coude contractée lors de son huitième face à Grigor Dimitrov, il n’y est finalement pas parvenu. Exceptionnel de puissance, de précision et particulièrement présent au filet, l’Italien n’a comme souvent rien laissé au hasard pour signer une victoire sans trembler 7/6(2), 6/4, 6/4 (un score peu ou prou identique à celui de janvier dernier, 7/6(2), 6/2, 6/2). "Je savais que j’allais jouer aujourd’hui, la question était plutôt de savoir à quel pourcentage de mes capacités, a expliqué le vainqueur du jour, en conférence de presse. Je me suis bien senti lors de l’échauffement et je savais que je devais être prêt mentalement."

La prochaine étape sera d'un tout autre acabit, face à Novak Djokovic...