US Open 2025 : inarrêtables ?

Carlos Alcaraz, l’invincible

La série en cours est impressionnante. Carlos Alcaraz a disputé la finale de l’intégralité des tournois qu’il a disputé depuis Monte-Carlo, en avril dernier, empochant le titre à Monaco, Rome, Roland-Garros au Queen’s et à Cincinnati. Une jolie série en cours, parfaite pour disputer la dernière levée du Grand Chelem de la saison avec tous les niveaux de confiance au maximum. Peu importe le classement, la forme ou encore l’aura de son adversaire. Il l’a encore prouvé ce vendredi, à l’occasion des demi-finales à Flushing Meadows.

Face à Novak Djokovic pour la neuvième confrontation entre les deux joueurs, le n°2 mondial n’a pas semblé préoccupé par les enjeux à la clé, ni par l’envie de prendre une revanche (il s’était incliné en quarts de finale de l’Open d’Australie en janvier dernier et à l’occasion de la finale des Jeux olympiques de Paris 2024). Pourtant, il l’a avoué : "Ce n’est pas facile de jouer contre Novak. Je suis obligé de penser à la légende, à tout ce qu’il a accompli dans sa carrière." Mais Carlos Alcaraz est parvenu à faire ce qu’il fait de mieux, et avec le sourire !

C’est lui qui a pris de l’avance le premier dans une manche inaugurale qu’il a parfaitement contrôlé. Et lorsqu’il a été breaké le premier dans le deuxième set (qui a par ailleurs été la seule opportunité du Serbe dans cette rencontre), il a parfaitement renversé la situation pour revenir de 0-3 à 3-3 et s’imposer au tie-break – qui a longtemps été la spécialité de l’homme aux 24 titres du Grand Chelem. N’est-ce pas finalement ça la marque des plus grands ? Apprendre pour ensuite renverser son adversaire sur ce qui a été son point fort ?

Pas effrayé, à peine bousculé, l’Espagnol a continué de mener le jeu, à pousser son adversaire – en difficulté sur son service (seulement 66% de points gagnés derrière sa première) – à la faute. Son avance, il ne l’a jamais lâchée non plus dans la dernière manche, pour l’emporter en un peu plus de deux heures (6/4, 7/6(4), 6/2) et se qualifier pour sa neuvième finale de la saison, la septième en Grand Chelem. Il n’en a perdu qu’une seule (Wimbledon 2025).

L’année de tous les records ?

Trois ans après son premier titre new-yorkais, Carlos Alcaraz semble retrouver des couleurs dans la Grosse Pomme. Fort d’une campagne parfaite, il est devenu ce vendredi le premier joueur depuis Roger Federer en 2015 à atteindre la finale du tournoi sans perdre le moindre set. "J’en suis très heureux, c’est quelque chose sur lequel je travaille : la régularité de manière générale, a-t-il détaillé en conférence de presse. J’essaie de garder le même niveau de jeu du début à la fin de la rencontre, peut-être que c’est aussi la maturité qui fait ça. Je commence aussi à me connaître beaucoup mieux, je sais ce que je dois faire sur et en dehors du court pour atteindre ce niveau-là."

Mais puisqu’il ne fait jamais les choses à moitié, les records ne s’arrêtent pas là : si ce succès face au Serbe était son premier contre lui sur cette surface, il est également devenu le troisième joueur de l’ère Open à disputer autant de finales en Majeur avant de fêter ses 23 ans (7, contre 8 pour Bjorn Borg et Rafael Nadal).

Novak Djokovic, l’inépuisable

La quête de son 25e titre du Grand Chelem s’arrête ici pour cette année. Mais Novak Djokovic a encore largement prouvé de quel bois il se chauffait. Présent dans le dernier carré des quatre Majeurs de 2025 (pour la septième fois de sa carrière !), le joueur de 38 ans est toujours aussi impressionnant.

Et si son corps l’empêche de rivaliser avec les deux "extra-terrestres" qui dominent le tennis mondial, qui à part Sinner et Alcaraz pourrait rivaliser à ce niveau face à l’homme aux 100 titres sur le circuit ? "J’ai perdu trois des quatre dernières demies que j’ai disputées contre ces deux-là, je crois qu’ils sont juste trop forts, a-t-il confié à l’issue de la rencontre. Malheureusement, j’ai manqué d’énergie après le deuxième set. C’est aussi ce que j’ai ressenti cette année face à Jannik. Mais je n’abandonne pas les tournois du Grand Chelem pour autant. Je vais continuer de me battre et d’essayer d’atteindre la finale, je vais au moins viser un dernier trophée. Mais la tâche s’annonce très relevée."

Une chose est certaine, l’immensité de ses accomplissements – dont 14 demi-finales à l’US Open et 53 en Grand Chelem – resteront longtemps inégalés.

Jannik Sinner, au presque parfait

Titré à deux reprises dans la plus haute catégorie de tournois en 2025, Jannik Sinner s’est brillamment extirpé d’une situation qui aurait pu devenir compliquée. Face au vaillant Félix Auger-Aliassime, l’Italien s’est qualifié pour sa cinquième finale de suite en Majeur après son plus long combat à Flushing Meadows cette année (6/1, 3/6, 6/3, 6/4 en 3h21).

Après un premier set express (et un seul jeu remporté par FAA), le tenant du titre a connu une petite baisse physique. En face, le Canadien en a profité pour s’exprimer, frôlant à certains moment la perfection (76% de premières, précis au filet, agressif en retour). À 3-4, il a même saisi sa chance pour breaker au moment opportun et s’offrir le luxe de servir pour le set. Malgré la pression de l’enjeu, c’est sans trembler et sur un service blanc qu’il a remporté la deuxième manche. Cependant, il n’est ensuite pas parvenu à résister au rouleau compresseur, revenu d’un temps mort médical qui n’était qu’une fausse alerte. "J’ai ressenti une petite douleur au moment de servir, mais je me suis senti bien mieux après le traitement, a rassuré l’Italien en conférence de presse. Ensuite, j’ai servi normalement de nouveau, il n’y a pas d’inquiétude à avoir. Mais j’ai préféré quitter le court et vérifié de quoi il s’agissait pour être sûr."

Ensuite, l’ancien n°6 mondial n’a pas su résister à l’intensité de la rencontre. Devenu moins percutant, il s’est montré plus court physiquement. Dans la dernière manche, il n’a pas saisi sa chance d’emmener la rencontre dans un set décisif en manquant cinq opportunités de break (deux à 1-1 et trois à 2-2), alors que le stade poussait fort derrière lui. L’expérience de Sinner a pris le dessus et la hiérarchie a finalement été respectée.

Un succès qui permet à l’Italien de devenir le quatrième homme à atteindre la finale des quatre tournois du Grand Chelem la même année. Une ligne de plus au palmarès déjà extrêmement fourni du joueur de 24 ans.

FAA, le retour prometteur

Si Félix Auger-Aliassime est tombé sur plus fort que lui, son retour au plus haut niveau fait plaisir à voir. Le début de saison avait déjà été un premier indice. : titré à Adelaïde puis à Montpellier, il était devenu le premier joueur de la saison à ajouter deux trophées sur l’étagère labélisée 2025. De bon augure pour une saison particulièrement réussie sur dur où il a également atteint la finale à Dubaï et plus récemment les quarts de finale du Masters 1000 de Cincinnati.

En venant à bout de trois têtes de série mieux classées que lui, en s’imposant dans le match de la peur contre Alex de Minaur en quarts, FAA a prouvé que sa présence dans le dernier carré d’un grand Chelem – pour la deuxième fois de sa carrière, après l’US Open en 2021 – n’était pas un coup de chance. Au sortir de ce tournoi, il peut se satisfaire de plusieurs choses : "Mon niveau de jeu, mon service, mais aussi ma confiance en moi et ma mentalité ! a-t-il détaillé en conférence de presse. J’ai la conviction que j’ai ce qu’il faut pour gagner ce genre de matchs. Il y a vraiment eu de bons points ce soir. J’ai réussi à rivaliser pendant un moment, je me sens compétitif. Le futur nous dira à quel point je suis proche de ce niveau-là !"