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ATP / WTA : Mboko et Shelton, une première marquante

À quelques semaines du début de Flushing Meadows, deux nouveaux champions ont été couronnés au Canada.

Victoria Mboko / Trophée, WTA 1000 Montréal©Minas Panagiotakis/Getty Images/AFP North America
 - Marion Theissen

Cette quinzaine restera longtemps dans leur mémoire. Le souvenir d’un premier titre en Masters et WTA 1000 est souvent indélébile. Ce jeudi, Victoria Mboko et Ben Shelton ont ajouté un trophée très prestigieux à leur palmarès, à un moment particulièrement opportun de la saison.

Une semaine au presque-parfait

Avant une semaine de compétition à domicile, l’excitation et la pression sont au sommet. Mais chez certains, elles ressemblent davantage à un coup de boost exceptionnel. Prenez Loïs Boisson, au printemps dernier. Portée par tout un peuple, la Française s’était hissée jusqu’en demi-finales du Grand Chelem parisien, faisant vibrer le public tricolore. L’histoire entre Victoria Mboko et Montréal est très similaire.

Détentrice d’une wild-card, la jeune joueuse de bientôt 19 ans n’avait encore jamais disputé le WTA 1000 canadien (en 2022, elle s’était inclinée dès le premier tour des qualifications). Mais cette année, portée par un début de saison tonitruant – ponctué de deux tournois 1000 disputés, à Miami et Rome –, elle a impressionné par sa singularité, sa joie de vivre à tout épreuve et surtout, sa puissance mentale et physique. Sur son chemin, quatre championnes en Grand Chelem sont tombées : Sofia Kenin (deuxième tour), Coco Gauff (huitièmes de finale), Elena Rybakina (demi-finales) – contre laquelle elle a dû sauver des balles de match – et Naomi Osaka (finale)

Victoria Mboko / Finale, WTA 1000 Montréal©Minas Panagiotakis/Getty Images/AFP North America

Sur cette dernière marche contre son idole d’enfance, la protégée de Nathalie Tauziat a concédé la première manche. Le temps peut-être de prendre la mesure de l’événement, avant de se remobiliser. Comme depuis le début de la quinzaine, elle a fait preuve de résilience et de force pour prendre le service de son adversaire d’entrée de deuxième manche. "Je me suis dit qu’il fallait que je me reconcentre et que je prenne un nouveau départ dans ce match. Je savais qu’elle continuerait d’être agressive, donc j’ai dû m’appuyer davantage sur ma défense," a confié l’intéressée après la rencontre. Elle a notamment sauvé huit des neuf balles de break jouées dans ce match (88,9%). Plus puissante et plus précise que son adversaire au service (4 aces, 62, 5% de points inscrits derrière sa première balle contre 54% pour Osaka), elle s’est finalement imposée 2/6, 6/4, 6/1 en 2h04 à l’occasion de sa première finale sur le circuit principal. Une performance qu’elle n’est pas près d’oublier ! "Gagner ainsi, avec autant de soutien derrière moi, c’est ce qui a fait la différence, a-t-elle analysé après avoir soulevé le trophée. C’est une expérience irréelle. Je n’aurais jamais pensé que ça pouvait m’arriver si vite et j’en suis très heureuse. Ça prouve que parfois, vos rêves sont plus proches de se réaliser qu’ils en ont l’air."

Mboko, la merveilleuse ascension

Il y a huit mois encore, Victoria Mboko pointait au-delà de la 330e place et son nom n’avait peut-être pas encore fait le tour de la planète. En 2025, elle a connu une phénoménale éclosion. Quatre victoires de tournois sur le circuit secondaire, un troisième tour à Roland-Garros pour ses premiers pas en Grand Chelem en s’extirpant brillamment des qualifications, et désormais un premier titre – et pas des moindres ! – sur le circuit principal. Autant de prouesses qui lui permettent de faire son entrée dans le Top 30 et de devenir la première Canadienne au classement WTA, devant Leylah Fernandez. Mais ce n’est pas tout : la jeune joueuse qui fêtera ses 19 ans à la fin du mois sera même tête de série lors du prochain US Open qui débute le 24 août.

Après avoir ajouté un bon nombre de records à ses nombreux tours de force (plus jeune championne du tournoi de Montréal, troisième Canadienne à s’imposer à domicile après Faye Urban et Bianca Andreescu ou encore deuxième wild-card à décrocher le Graal après Monica Seles en 1995), direction la dernière levée du Grand Chelem pour celle qui s’apprête à découvrir Flushing Meadows avec un sacré bagage de plus dans ses valises !

Shelton, au rang des plus grands

De l’autre côté du pays, à Toronto, les surprises ont été tout aussi surprenantes et les exploits retentissants. Alors que Jannik Sinner, Carlos Alcaraz ou encore Novak Djokovic manquaient à l’appel, l’occasion de briller dans l’un des plus belles enceintes du tennis mondial était belle pour les nombreux outsiders du tableau masculin. Particulièrement en forme depuis le début de la tournée nord-américaine, Ben Shelton a saisi sa chance ! Plus jeune Américain à atteindre la finale d’un Masters 1000 depuis Andy Roddick en 2004, le gaucher n’a perdu qu’une manche (au deuxième tour contre Brandon Nakashima) pour réaliser son plus beau parcours dans un tournoi de cette envergure. En plus de cela, celui qui n’avait encore jamais rallié les quarts de finale d’un Masters 1000 a éliminé Alex De Minaur et Taylor Fritz : ses deux premières victoires consécutives contre des membres du Top 10. "Jouer contre deux joueurs comme "Demon" et Taylor et gagner de très longs rallies, ça m’a beaucoup aidé à prendre confiance en moi," a-t-il déclaré à postériori. Avant de disputer une première finale sur le circuit depuis celle perdue contre Alexander Zverev, à Munich, en avril dernier.

Face à Karen Khachanov, le huitième-de-finaliste de Roland-Garros 2025 n’a rien lâché après la perte de la première manche. Porté par son service (16 aces) et précis dans les moments clés, notamment sur les balles de break (il en a sauvé 5 sur 6), "Big Ben" a renversé la situation pour s’imposer 6/7(5), 6/4, 7/6(3) en 2h47. "La semaine a été longue et le chemin vers la finale pas évident. J’ai réussi à jouer mon meilleur tennis dans les moments les plus difficiles. Je me suis accroché, j’ai persévéré, je me suis montré résilient : ce sont des qualités que je trouve très importantes", a conclu l’Américain après être tombé dans les bras de son père – et coach –, Bryan. En plus d’atteindre le meilleur classement de sa carrière (6e) et d’avoir fait le plein de confiance avant le dernier Majeur de la saison – où il a déjà disputé les demi-finales, en 2023 –, Ben Shelton a également fait un bond au classement de la Race. Actuellement 4e, il pourrait bien faire partie des protagonistes à Turin du 9 au 16 novembre prochains !