Deux revanchardes, une longue bataille et un champion serein : quatre nouveaux protagonistes du circuit ont décroché leur ticket pour les demi-finales.
US Open 2025 : un air de revanche
Naomi Osaka et Amanda Anisimova ont franchi un nouveau cap à l’occasion des quarts de finale du Majeur américain.

Osaka, de retour dans le dernier carré
C’était un peu une rencontre aux allures de déjà-vu. Celui d’un deuxième tour disputé sur le court Arthur Ashe, entre Naomi Osaka – de retour depuis peu sur le circuit – et Karolina Muchova, demi-finaliste de l’édition 2023. La Tchèque s’était alors imposée (6/3, 7/6(5)), laissant la quadruple lauréate en Grand Chelem en proie aux doutes et à la frustration.
Ce mercredi, à l’occasion des quarts de finale de l’édition 2025 du dernier Majeur de l’année, la Japonaise est parvenue à laisser de côté les vieux souvenirs. Portée par un coup droit particulièrement en réussite, elle a fait étalage de ses qualités et de son mental de championne pour l’emporter 6/4, 7/6(3) en 1h49 et ainsi retrouver les demi-finales en Grand Chelem, qu'elle n'avait plus entrevues depuis 2021. "Ça a été un match très difficile, mais j’ai essayé de me dire que je ne devais rien lâcher et qu’une opportunité finirait par se présenter, a déclaré la championne de l’US Open en 2018 et 2020. J’ai essayé de ne pas paniquer, mais c’est dur contre elle parce qu’elle change beaucoup la vitesse du jeu grâce à son slice. Elle a été très agressive, mais je suis contente d’être parvenue à rester calme."
Autre point satisfaisant de la rencontre : "ma mentalité !" a ajouté la Japonaise. "Il y a eu pas mal de moments où elle a breaké et elle était proche de remporter un échange vraiment important, mais j’ai essayé de jouer chaque point comme si c’était le dernier du match. Heureusement pour moi, ça a marché !"
C’est notamment grâce à cette nouvelle force que la jeune maman retrouve le dernier carré pour la première fois depuis la naissance de sa fille Shai, 2 ans. Parfois déçue de son niveau de jeu depuis son retour à la compétition début 2024, Naomi Osaka s’est longtemps mis la pression pour délivrer des performances à la hauteur de ses ambitions. "L’une des premières choses que j’ai faites quand je suis devenue maman, c’est de me mettre la pression. Je me disais toujours qu’il fallait que l’éloignement avec ma fille ait un sens, donc je devais performer, a-t-elle avoué en conférence de presse après sa qualification. Mais je crois que j’ai réussi à me libérer un peu de ces attentes, j’essaie vraiment de m’amuser, de bien jouer, et on verra ce qu’il se passe !"
En s’armant de patience, la voici en demi-finales, forte d’une tournée nord-américaine particulièrement réussie, ponctuée d’une finale à Montréal qui lui a permis de retrouver le statut de tête de série pour cet ultime Grand Chelem de l’année. Invaincue à ce stade de la compétition, l’ancienne n°1 mondiale (en 2019) a toujours décroché le titre lorsqu’elle s’est au moins hissée en quarts de finale d’un tournoi du Grand Chelem.
La réaction d’Anisimova
Pour rester dans le thème de la revanche : Amanda Anisimova aussi s’est régalée ce mercredi. Comment oublier sa déconvenue face à une Iga Swiatek ultra-dominatrice en finale à Wimbledon il y a un peu moins de deux mois ? Mais en si peu de temps, l’Américaine est parvenue à s’en remettre, à rebondir et à se qualifier pour la première demi-finale new-yorkaise de sa carrière ! Le tout, en dominant expressément la Polonaise, 6/4, 6/3 en 1h36. Portée par les "We love you, Amanda" du public, elle n’a jamais perdu de vue son objectif, même lorsqu’elle a été breakée la première dans la deuxième manche.
Forte de son expérience londonienne et portée par sa belle saison, la native du New Jersey a mis tout en œuvre pour décrocher cet important succès. "Aujourd’hui, c’était vraiment différent de tout ce que j’ai vécu auparavant, notamment à cause des circonstances autour de cette affiche, a-t-elle expliqué en conférence de presse. Mais je suis vraiment entrée dans mon match avec le bon état d’esprit, je me suis très bien préparée mentalement au cours des dernières 24 heures, davantage sur ce plan que physiquement d’ailleurs." Et pour parfaire sa préparation, elle est même allée jusqu’à visionner la finale de Wimbledon en entier, la veille de sa rencontre : "Après le match, j’ai juste essayé d’avancer, d’oublier. Mais j’ai eu envie de voir ce que je devais éviter de faire et ce qui s’était mal passé."
Forte d’un nouveau mental d’acier, cette Amanda Anisimova version 2025 confirme un peu plus sa progression et sa place au plus haut niveau. Titrée à Doha plus tôt cette saison, elle a également brillé sur le gazon londonien – éliminant notamment la n°1 mondiale, Aryna Sabalenka en demi-finales. La voici désormais dans le dernier carré d’un Majeur pour la deuxième fois de suite, ce qu’elle n’avait encore jamais accompli. Mieux : c’est la première fois qu’elle franchi le stade des huitièmes de finale en Grand Chelem sur dur. "C’est un peu irréel pour le moment, a-t-elle confié. Je ne suis jamais allée aussi loin ici et c’est très spécial pour moi. Aujourd’hui, j’ai sans doute signé la victoire la plus significative de ma vie."
Un succès qui permet aux Américains de pouvoir soutenir une locale en demi-finales pour la troisième année consécutive : après Coco Gauff et Madison Keys en 2023, Jessica Pegula et Emma Navarro en 2024, c’est de nouveau "Jpeg", accompagnée d’Anisimova, donc, qui seront forcément les chouchoutes du public. Prochaine étape pour une place en finale : Naomi Osaka, contre laquelle elle n’a encore jamais perdu en deux confrontations, mais qu’elle n’a plus affrontée depuis 2022…
FAA remporte la bataille de la peur
L’enjeu était immense. Et la fébrilité des deux joueurs s’est longtemps ressentie sur le court. Alex De Minaur, pensionnaire du Top 10 depuis un peu plus d’un an et en quête d’une première demi-finale en Majeur et Félix Auger-Aliassime, absent du dernier carré dans cette catégorie depuis 2021, ont eu besoin de plus de quatre heures pour se départager. Ils ont longtemps hésité et joué à reculons avant que le Canadien – pourtant particulièrement nerveux dans la première manche – ne prenne finalement le dessus, en quatre sets très disputés (4/6, 7/6(7), 7/5, 7/6(4)) et ponctués d’un nombre étonnant de fautes directes (93 à eux deux) et de double fautes (11 chacun).
Quatre ans plus tard, FAA semble être de retour à son meilleur niveau, après avoir fait tomber trois têtes de série mieux classées que lui : Alexander Zverev (n°3 au troisième tour), Andrey Rublev (n°15 en huitièmes de finale) et enfin, Alex De Minaur (n°8 en quarts). "Ça s’est vraiment joué à rien aujourd’hui, ce n’était pas beau pendant tout le match, mais c’est parfois ça aussi des matchs en Grand Chelem, a déclaré l’intéressé après la rencontre. On n’est pas toujours à notre meilleur niveau, mais j’étais prêt à tout donner. Les dernières années n’ont pas été faciles, mais je suis très heureux d’être de nouveau en demies. Le plus gros m’attends encore, mais c’est pour ça que je suis là !"
De Minaur a été un peu trop court. Pour son sixième quart de finale en Grand Chelem, l’Australien n’est pas parvenu à franchir ce nouveau cap, la faute notamment à un service bien en deçà du niveau requis à ce stade de la compétition. "Pour le moment, je vois un peu ça comme une opportunité gâchée, a-t-il déclaré, très déçu, en conférence de presse. C’est dur et je ne vois pas comment je vais réussir à analyser ça différemment. C’était une occasion de franchir un nouveau cap aujourd’hui. J’étais bien trop loin du niveau auquel je dois jouer, c’est très frustrant parce qu’on ne se procure pas ce genre d’occasion souvent." Toujours en lice dans la course pour les Finales ATP, l’Australien va encore pouvoir accumuler de précieux points à l’occasion de la tournée asiatique.
Sinner, sans trembler
Il n’a eu qu’un seul petit accroc : une manche perdue face à Denis Shapovalov, lors du troisième tour. Sinon, Jannik Sinner a maîtrisé chacun de ses affrontements à Flushing Meadows. La nuit dernière, c’est son ami et compatriote Lorenzo Musetti qui en a fait les frais (6/1, 6/4, 6/2 en 2h00). Solide sur son service (10 aces, 91% de points marqués derrière sa première, 100% de balles de break sauvées), l’Italien a activé le mode "quête d’un nouveau doublé". "Je suis très heureux de ma performance, c’était très solide et j’ai très bien démarré", a-t-il analysé en bord de court.
Une nouvelle victoire qui lui permet d’atteindre les demi-finales de tous les tournois du Grand Chelem sur la même saison pour la première fois, devenant ainsi le plus jeune joueur à réussir cette prouesse depuis Rafael Nadal, en 2008. Autre chiffre marquant : l’Italien vient d’enchaîner une 26e victoire consécutive sur dur en Majeur, après ses titres à Melbourne en 2024 et 2025 et à New York l’an passé. C’est désormais FAA qui se dresse sur son chemin et - fait assez surprenant pour être souligné !) - le Canadien mène 3-1 dans leurs confrontations. Cependant, c’est bien le tenant du titre qui a remporté leur dernier affrontement, à Cincinnati il y a deux semaines (6/0, 6/2).