Musetti puissance 4

Vainqueur de Tiafoe, l'Italien aligne à Roland-Garros une quatrième demi-finale consécutive sur terre battue.

Lorenzo Musetti / Quarts de finale, Roland-Garros 2025©Corinne Dubreuil / FFT
 - Rémi Bourrieres

Légèrement tendu par l'enjeu, Lorenzo Musetti (n°8) a eu besoin de temps pour se libérer, trouver la solution et pleinement assumer son statut de favori face à Frances Tiafoe (n°15), battu 6/2, 4/6, 7/5, 6/2 en 2h47. L'Italien, qui avait déjà atteint le dernier carré des trois Masters 1000 sur ocre cette saison, en fait de même pour la première fois à Roland-Garros.

Un match piège parfaitement géré

Ce n'était pas un match à briller. C'était un match à gagner. Lorenzo Musetti l'a fait, comme il n'arrête pas de le faire depuis le début de la saison sur terre battue, entouré d'une auréole de confiance qui semble lui permettre d'éviter tous les pièges. Ce match contre Frances Tiafoe en était un, un vrai. Les deux hommes visaient tous deux leur première demi-finale à Roland-Garros, dans une partie jouée, qui plus est, dans des conditions particulières, avec un vent tourbillonnant.

Il fallait garder ses nerfs et tenir son cap. Musetti l'a fait, à la perfection, pour s'imposer en quatre sets dans cette rencontre qui aurait pu, sans une extrême vigilance de sa part, tourner pour lui au vent mauvais. Le voilà en demi-finales à Paris pour la première fois, face à Carlos Alcaraz ou Tommy Paul.

Du point de vue du scénario, le match a été assez similaire à son huitième de finale remporté contre Holger Rune. Un bon départ, un break rapide et un premier set remporté logiquement puis un relâchement coupable au début de la deuxième manche. Un partout, balle au centre. Tout était à refaire et le troisième set s'annonçait crucial.

Dans ce troisième set, le mano a mano s'est prolongé un long moment entre deux hommes qui, à défaut de jouer leur meilleur tennis (83 fautes directes au total, dont 51 pour Tiafoe), ont entretenu un suspense passionnant. On en est ainsi arrivé à 5-5 sans avoir vu la couleur d'une balle de break de part et d'autre. Et dans ce money time, l'Italien a démontré, une énième fois, l'importance capitale de la confiance au tennis.

Après s'être sorti d'une situation piégeuse à 5-5, 15-30, il a accentué la pression dans le jeu suivant pour se procurer deux balles de set sur le service adverse. Et tel un diable jaillissant de sa boîte, il s'est empressé de transformer la première en réussissant une magistrale contre-amortie de revers gagnante. Le meilleur Musetti, au meilleur moment. Tout sauf un hasard, bien entendu.

À la place des grands hommes

Dès lors, le n°7 mondial avait fait le plus dur. Dans la quatrième manche, Tiafoe a nettement levé le pied et l'Italien s'est envolé vers un succès qui lui permet de devenir, à 23 ans, le cinquième joueur à atteindre le dernier carré de tous les Masters 1000 sur terre battue et de Roland-Garros lors de la même saison. Les quatre autres ? Rafael Nadal, Novak Djokovic, Andy Murray et Alexander Zverev. Excusez du peu.

Après avoir disputé sa première demi-finale en Grand Chelem l'an passé à Wimbledon, Musetti se devait de connaître un jour un tel destin à Roland-Garros, sur sa surface de prédilection. Mais il n'avait jamais trop eu de chance jusqu'à présent à Paris, battu à trois reprises par le n°1 mondial en exercice (Djokovic en 2021 et 2024, Alcaraz en 2023) et par Tsitsipas en 2022. On a connu de meilleurs tirages.

En décrochant la médaille de bronze olympique l'été dernier Porte d'Auteuil, l'Italien avait déjà commencé à conjurer le mauvais sort. Cette année, fort de son nouveau statut de top 10, il avait une ouverture. Il s'y est engouffré avec un mélange de brio et d'expertise. Musetti est présent là où on l'attendait, au rendez-vous du dernier carré.

"C'est le résultat d'un processus de croissance, pas seulement sur le court mais aussi en dehors, a-t-il déclaré au micro pour expliquer sa métamorphose de ces derniers mois. L'an dernier, je suis devenu père, ce qui m'a donné de nouvelles responsabilités. Désormais, j'aborde les choses de manière plus professionnelle, dans tous les aspects de mon métier. Même à côté du tennis, je parviens davantage à savourer mon temps libre avec mes proches. Même s'ils ne sont pas là, ils sont dans mon cœur. Et cette victoire est pour eux." Classe, du premier point aux derniers mots.