Tombeurs respectifs de Novak Djokovic et de Lorenzo Musetti dans le dernier carré, Jannik Sinner et Carlos Alcaraz vont se toiser pour la première fois en finale d'un Grand Chelem. Cette confrontation sur la plus prestigieuse des scènes propulse leur rivalité dans une nouvelle dimension et cimente encore davantage la prise de pouvoir de ces deux extraterrestres. Rendez-vous à 15h00 sur le Central.
Sinner - Alcaraz : bouquet final
L'affiche tant espérée aura bien lieu : le numéro un mondial et son dauphin ont rendez-vous sur le court Philippe-Chatrier ce dimanche.

Jannik Sinner (n°1) - Carlos Alcaraz (n°2)
💪 Le contexte / La forme du moment
Le premier "Sinnalcaraz" en finale d'un Majeur. Depuis l’Open d’Australie 2024, aucun titre de cette catégorie n’a échappé à l’Italien ou à l’Espagnol, mais ils ne se sont encore jamais croisés à cette altitude. Cette fois, Carlos Alcaraz a pris ses dispositions à la mi-mai pour se hisser sur le siège n°2 à l’ATP et s’assurer ainsi qu’il ne tomberait pas contre Jannik Sinner avant la finale.
Encore fallait-il que les deux compères se projettent jusqu’au bout. Et c'est ce qu'il est passé. Pour la première fois depuis 1984, les tableaux masculin et féminin ont réuni les n°1 et n°2 mondiaux lors de la dernière affiche du tournoi. Pour concrétiser cette prise de pouvoir de la jeune garde, Sinner s’est chargé d’éclipser la légende Novak Djokovic en demi-finales. C’est d’ailleurs la première fois que deux joueurs nés dans les années 2000 se défieront en finale d’un Grand Chelem.
Toutefois, le Transalpin et le prodige d’El Palmar, respectivement âgés de 23 et 22 ans, sont encore loin des 24 Majeurs de leur aîné. Ils écrivent les premiers chapitres de leur légende commune et ils ont encore le temps de noircir les pages. Le double tenant du titre de l’Open d’Australie peut gratter un troisième "Slam" d’affilée, tout en égalant la marque de "Carlitos", déjà vainqueur de quatre tournois de cette envergure.
Cette finale sera également synonyme de douloureuse première pour l’un des deux prétendants puisque ni l’un, ni l’autre ne s'est déjà incliné sur la dernière marche. Alcaraz a l'occasion de suivre les traces du grand Roger Federer en devenant le deuxième joueur de l’ère Open à remporter ses cinq premières finales à ce niveau.
Depuis le début de la quinzaine, Sinner, lui, fait plutôt dans le Nadal : il n'a pas perdu le moindre set durant sa campagne. Personne n’avait réalisé pareille croisière depuis "Rafa" en 2020. Après une absence de trois mois, il semble avoir passé un cap sur terre battue. Il s’avance pourtant sur un terrain qui sied parfaitement au jeu de variations à la fois puissant et élégant de son adversaire. Jamais un télescopage entre les deux cracks n’avait été aussi attendu !
🏆 Leur tournoi 2025
Sinner sort tout juste de l'un des matchs de la quinzaine. Et pourtant, la rencontre n'a pas duré plus de trois sets. Preuve de sa capacité à afficher une constance exceptionnelle tout en performant lors des instants clés, le Transalpin a infligé à Novak Djokovic ce que le Serbe a fait endurer au reste de la planète tennis tout au long de sa carrière.
La fin des deuxième et troisième sets face au triple vainqueur de Roland-Garros représente quasiment les seuls pics de tension du tournoi du patron. Au préalable, il n'avait pas laissé la concurrence s'exprimer, que ce soit face à Richard Gasquet, Jiri Lehecka ou encore contre l'imprévisible Alexander Bublik.
Le parcours de Jannik Sinner :
Premier tour : victoire face à Arthur Rinderknech (6/4, 6/3, 7/5 en 2h15)
Deuxième tour : victoire face à Richard Gasquet (6/3, 6/0, 6/4 en 1h57)
Troisième tour : victoire face à Jiri Lehecka (6/0, 6/1, 6/2 en 1h34)
Huitièmes de finale : victoire face à Andrey Rublev (6/1, 6/3, 6/4 en 2h00)
Quarts de finale : victoire face à Alexander Bublik (6/1, 7/5, 6/0 en 1h49)
Demi-finales : victoire face à Novak Djokovic (6/4, 7/5, 7/6(3) en 3h16)
Quelques sautes de concentration par-ci, quelques instants de grâce par-là. Carlos Alcaraz a produit un tournoi à son image jusqu'ici. S'il n'a pas tremblé outre mesure lors des trois premiers tours, il a connu une deuxième semaine légèrement plus mouvementée.
L'Ibère a bataillé lors de la première manche face à Ben Shelton en huitièmes de finale avant de maîtriser la partie. Il n'a, en revanche, laissé aucune chance à Tommy Paul en quarts, au lendemain de la démonstration de Sinner contre Andrey Rublev. S'il a passé 14h37 sur les courts - contre 12h51 pour son rival -, le Murcien a vécu une demi-finale moins énergivore, en raison de l'abandon de Lorenzo Musetti.
Le parcours de Carlos Alcaraz :
Premier tour : victoire face à Giulio Zeppieri (6/3, 6/4, 6/2 en 1h56)
Deuxième tour : victoire face à Fabian Marozsan (6/1, 4/6, 6/1, 6/2 en 2h09)
Troisième tour : victoire face à Damir Dzumhur (6/1, 6/3, 4/6, 6/4 en 3h14)
Huitièmes de finale : victoire face à Ben Shelton (7/6(8), 6/3, 4/6, 6/4 en 3h19)
Quarts de finale : victoire face à Tommy Paul (6/0, 6/1, 6/4 en 1h34)
Demi-finales : victoire face à Lorenzo Musetti (4/6, 7/6(3), 6/0, 2-0, ab. en 2h25)
🆚 Face-à-face
"Mon head-to-head contre Carlos n'est pas très bon", a souri Sinner à l'issue de sa victoire en demi-finales. Il y a fort à parier qu'il en rirait moins si l'écart entre les deux joueurs s'aggravait ce dimanche. En onze confrontations sur le circuit principal, "Carlitos" s'est imposé sept fois, contre quatre victoires pour le protégé de Simone Vagnozzi et Darren Cahill. En 2023, celui-ci avait encore l'avantage, mais l'Espagnol a remporté leur quatre derniers duels, dont la demi-finale de Roland 2024 et la finale du Masters 1000 de Rome, il y a 15 jours. Leur rivalité a déjà donné lieu à des sommets de tennis sur les plus belles des scènes, comme en quarts de l'US Open 2022. Ce match épique en cinq sets avait propulsé Alcaraz vers son premier Majeur.
🎤 Entendu en conf’
Jannik Sinner : "Il va falloir du temps avant de nous comparer au Big 3 ou au Big 4. Seul le temps le dira. Carlos me rend meilleur. Il me force à me surpasser. On essaie toujours d'identifier mes axes d'amélioration pour mon prochain match contre lui. Le tennis et le sport ont besoin de rivalités. La nôtre pourrait en devenir une, mais je pense qu'on ne peut pas encore nous comparer, Carlos et moi, au Big 3."
Carlos Alcaraz : "On regarde trop les choses depuis ma perspective. On pense aux sets que j'ai perdus, et pas à l'adversaire qui a gagné la manche. Parfois, dans un match, le joueur en face se met à jouer un super tennis alors que mon niveau ne baisse pas tant que ça. En Grand Chelem, on a le temps pour revenir dans un match. Contre Musetti, j'ai très bien joué. J'ai fait quelques erreurs mais il faut penser à l'adversaire. Je ne suis pas du tout inquiet de laisser des sets en route. Je suis assez fort mentalement pour revenir dans les rencontres."