Les genoux au sol, le visage entre les mains, elle a eu besoin de quelques minutes pour réaliser l’ampleur de son tout dernier accomplissement. Aryna Sabalenka a mis fin à sa disette en Grand Chelem en 2025, après deux finales perdues – à Melbourne et à Paris. Face à Amanda Anisimova (6/3, 7/6(3)), elle a enfilé son costume de championne et a assumé son statut de reine du circuit.
US Open 2025 – finale dames : Aryna Sabalenka, l’ode à la régularité
En conservant son titre à Flushing Meadows, la reine du circuit est devenue la première joueuse à réaliser une telle performance depuis Serena Williams en 2014.
À l’expérience
Lorsqu’Aryna Sabanleka et Amanda Anisimova sont entrées sur le court Arthur-Ashe ce samedi, leur objectif était semblable. Pourtant, la pression autour d’un éventuel sacre n’était pas du même acabit pour les deux joueuses : déjà titrée à trois reprises en Grand Chelem, la première faisait office d’habituée. De l’autre côté du filet, l’Américaine venait de se hisser en finale pour la deuxième fois seulement – et à domicile ! – de quoi cogiter.
En effet, c’est bien la précision de la reine du circuit qui a fait la différence au début de la première manche (trois balles de break converties sur trois occasions). Mais peu de temps après, la fébrilité s’est fait ressentir chez tout le monde au cours de ce set inaugural. Anisimova a d’abord concédé son service (2-0), puis c’était au tour de Sabalenka, à deux reprises (2-3), avant de se remobiliser. Une preuve de plus des innombrables ressources de la tenante du titre pour se sortir de situations périlleuses. Elle aurait pu paniquer, s’agacer et passer à côté, surtout dans un stade bruyant, au toit fermé, et au public acquis à la cause de la locale. Au lieu de ça, elle est restée calme et a remporté les quatre jeux suivants pour conclure la première manche.
Mais après avoir franchi cette première marche vers le sommet de cet US Open 2025, Aryna Sabalenka n’a pas esquissé le moindre sourire. C’est le visage fermé que qu’elle s’est dirigée vers son banc, avec un regard pour son clan. Peu satisfaite de son entrée en matière ou particulièrement concentrée sur la récompense finale ? Difficile à dire, mais cet immense enjeu a poussé les deux joueuses dans l’imprécision sur leur service respectif jusqu’au tie-break. Un jeu décisif qui a été compliquée à gérer pour la moins expérimentée des deux à ce stade de la compétition.
Quatre fautes directes et une double faute plus tard, la tenante du titre menait 5-1, puis 6-3 avant de conclure la rencontre sur un service gagnant, tombant sur les genoux pour exprimer son soulagement et son immense joie. "Cette victoire est très différente à cause des deux autres et de ce que j’ai vécu cette saison, a justifié la double championne après le match. Je savais qu’avec tout le travail fourni, je méritais de gagner un Grand Chelem cette année, mais quand c’est arrivée, les émotions ont pris le dessus et je suis tombée à genoux parce que ça représente tellement pour moi. Je suis très fière de ce que j’ai accompli."
La constance récompensée
Cette année, elle n’avait pas encore été titrée. Une reine sans couronne, et pourtant tellement régulière : sept finales disputées – dont trois en Grand Chelem –, 56 victoires sur le circuit – plus que n’importe quelle autre joueuse –, et trois trophées soulevés – Brisbane, Miami et Madrid –, il ne manquait à Aryna Sabalenka qu’une concrétisation au plus prestigieux niveau. C’est chose faite. "Elle a quasiment joué les demi-finales ou les finales de tous les tournois auxquels elle a participé, expliquait il y a quelques jours son entraîneur Anton Dubrov à l’Équipe. Mais sa régularité ne lui garantit pas le titre." Non, mais elle l’a aidée. Aidée à apprendre de ses erreurs, à comprendre dans quels domaines s’améliorer et à prouver qu’elle était capable de rebondir. C’est ce qu’elle a fait.
"Après l’Open d’Australie, je pensais que le meilleur moyen d’avancer, c’était d’oublier, a-t-elle confessé en conférence de presse. Mais après, il y a eu la finale de Roland-Garros, alors je me suis dit : ‘ok, je devrais peut-être m’asseoir et prendre le temps de voir ce qui n’a pas été dans ces finales et apprendre de ça.’" "Saba" a alors pris le temps d’étudier ses failles et principalement le contrôle de ses émotions. "J’étais en vacances à Mykonos, en train de lire mon livre et de profiter de la vue (rires), et je me suis demandé : ‘pourquoi est-ce que j’ai laissé mes émotions prendre à ce point le contrôle dans ces deux finales ?’ C’est comme si je m’étais dit : ‘ok, je suis arrivée en finale ça veut dire que je vais gagner, comme si je ne m’attendais pas à ce que d’autres joueuses y parviennent et se battent pour gagner.’ Pour ce match, j’ai décidé de prendre le contrôler de mes émotions et pas l’inverse. Je crois que j’ai appris cette leçon et j’espère que je vais la retenir, pour toujours rester en contrôle."
Objectif rempli : dans un stade pas toujours derrière sa championne sortante, elle a décroché un quatrième titre du Grand Chelem en restant calme, sereine et confiante en elle. Comme en 2023 et en 2024, elle s’est heurtée à une joueuse américaine en demi-finales et en finale, mais elle a appris. Appris de cette folle ambiance, appris à gérer sa frustration et appris à devenir plus forte. Grâce à ce sacre, elle conserve logiquement sa couronne de reine du circuit avec plus de 3 000 points d’avance sur sa dauphine, Iga Swiatek, et peut même ajouter la preuve de sa régularité et de son abnégation sur son étagère à trophées.
Le début de quelque chose de plus grand ?
"J’ai envie de me donner d’autres opportunités de disputer encore de nombreuses finales." La défaite n’a pas freiné les ardeurs d’Amanda Anisimova, au contraire. En conférence de presse après ce deuxième revers en autant de finales de Grand Chelem disputées, l’Américaine s’est montrée positive, enchantée par ses dernières performances et désireuse de continuer sur cette lancée.
Pas traumatisée par l’expérience difficile de Wimbledon, la future 4e joueuse mondiale a parfaitement su rebondir de cet échec. Après une campagne américaine réussie, elle a donné ce qu’elle pouvait pour cette dernière danse, devant son public. "Ça m’a vraiment aidée à rester dans le match, l’ambiance était exceptionnelle et j’ai essayé d’en profiter un maximum, a-t-elle détaillé en conférence de presse. Surtout dans le deuxième set, quand j’ai commencé à recoller au score, ils étaient vraiment derrière moi et ça m’a poussée."
Une chose est sûre, en quelques semaines, Amanda Anisimova est passée de la surprise londonienne à une sérieuse candidate au titre en Majeur. Elle pourrait même parvenir à se qualifier pour les Finales WTA en novembre prochain, un de ses objectifs du début d’année : "Avec mon agent, on en rigolait, mais c’est un de mes buts et ça me semblait très loin en janvier. Finalement, je m’en approche, ce serait tellement spécial d’y parvenir."