Draper éteint le feu Fonseca

Gaël Monfils et Joao Fonseca possèdent au moins deux points communs. D'abord, le génial vétéran français et le jeune espoir brésilien ont suscité un incroyable engouement populaire Porte d'Auteuil. Deuxièmement, ils ont tous deux été raccompagnés vers la sortie par Jack Draper. Si quelques gouttes ont probablement perlé sur le front de ce dernier à la vue de sa partie de tableau, force est de constater qu'il sera bien au rendez-vous de la deuxième semaine et ce, alors qu'il n'avait jamais gagné le moindre match à Roland-Garros avant cette édition.

Au cœur d'un court Suzanne-Lenglen moucheté de jaune, l'Anglais a enfilé ses œillères et un casque anti-bruit afin de ne pas se laisser distraire par les "Joaooo Fonse-ca" scandés par les supporters auriverdes. Un seul objectif animait le pompier britannique : éteindre le brasier carioca.

Coups neutres interdits

Pas de surprise, le n°5 mondial s'est montré plus constant que le feu follet de 18 ans et il a rapidement calmé les velléités du public sud-américain grâce à sa palette de gaucher. Ses puissantes attaques ont repoussé son adversaire loin de la ligne de fond et ses amorties (15 au total) lui ont coupé les jambes.

Surtout, il a rapidement pris conscience qu'aucun coup neutre n'était permis. À la moindre frappe faible en calcium, le natif de Rio de Janeiro a répliqué en allumant la mèche en coup droit. Mais à chaque fois que celui-ci est parvenu à réveiller l'assemblée ou à se procurer des balles de débreak, le finaliste du Masters 1000 de Madrid s'est présenté derrière la ligne de service afin de dégainer des missiles sol-air du meilleur effet.

"Du spectacle"

L'armoire à glace britannique n'a jamais tremblé sur ses solides bases. Et s'il se plaît à gâcher la fête, il est loin d'être ennuyeux pour autant. Auteur de l'un des passages les plus remarqués en conférence de presse depuis le début du tournoi, il est aussi pertinent au micro qu'avec sa raquette. "J'ai très bien utilisé mon coup droit et mon service, a-t-il analysé. J’ai joué le soir lors des premiers tours. Aujourd’hui, les conditions étaient plus rapides, la balle rebondissait plus. Ça me convenait mieux."

Prend-il ombrage de ne pas être le chouchou du public, cette semaine à Paris ? "Personne n'est réellement contre moi, a-t-il répondu. C'est du spectacle. Je comprends que les Français soient derrière Gaël et que les Brésiliens poussent pour Joao."

La foule tricolore risque néanmoins de devoir s'habituer à encourager le demi-finaliste de l'US Open 2024. Au prochain tour, il défiera Alexander Bublik. Il s'agira de nouveau de sortir l'extincteur, pour maîtriser la folie kazakhstanaise. Si ce n'est jamais gagné d'avance, Draper sera de nouveau le favori. Et si la hiérarchie est respectée, il devra se mesurer à Jannik Sinner en quarts de finale. Les Carota Boys n'ont qu'à bien se tenir.