Boisson, nouvel exploit majuscule

Impressionnante et toujours aussi sereine, la Française s'est imposée avec la manière face à Mirra Andreeva en quarts de finale de Roland-Garros.

Loïs Boisson / Quarts de finale, Roland-Garros 2025©Nicolas Gouhier / FFT
 - Marius Veillerot

Pour son premier Grand Chelem, Loïs Boisson a pris le meilleur sur la n°6 mondiale en quarts de finale du Majeur parisien (7/6(6), 6/3 en 2h08). La Tricolore a affiché un tennis si complet qu’elle en a écœuré la pépite de 18 ans. Après avoir accroché deux top 10 à sa ceinture, elle a désormais rendez-vous avec Coco Gauff dans le dernier carré.

Après avoir stoppé le parcours de Jessica Pegula en huitièmes de finale, la Française a donc rendu chèvre Mirra Andreeva, prodige au sommet de sa confiance et au jeu parfaitement rôdé à la terre battue. Au bout de son exploit et de son combat, elle s’est effondrée sur l’ocre, soufflée par l’émotion et le rugissement du court Philippe-Chatrier.

Avant cet instant suspendu, la rencontre a opposé deux adversaires capables de remarquablement frapper à peu près tous les coups du manuel et de friser avec les limites du court et la bande du filet, quel que soit l’enjeu du point. À la puissance de feu des coups droits de l’invitée tricolore, la protégée de Conchita Martinez a répondu par des frappes long de ligne tonitruantes, dès le retour de service, après un échange XXL, en revers ou en coup droit...

Fin de premier set haletante

Breakée deux fois dans la première manche, la Dijonnaise n'a jamais abdiqué. Elle est revenue puis est passée devant pour mettre la pression sur le service adverse à 6-5 en sa faveur. Probablement le jeu le plus tendu de la rencontre, d'une durée de 14 minutes et qui a vu Andreeva s’en sortir au buzzer pour s'offrir un tie-break quasi inespéré. Un moment particulièrement décisif que Boisson, sans le moindre signe de pression, a parfaitement géré. Sur un nouveau coup droit pleine ligne, elle a fait craquer la demi-finaliste sortante, avant de porter le doigt à son oreille droite pour profiter de l'explosion populaire du Chatrier.

Les nerfs des deux joueuses n’en sont pas sortis indemnes. La frustration s’est invitée de part et d’autre du filet mais une nouvelle fois, la Française avait la solution pour s'en libérer. Alors qu'elle venait de concéder trois jeux de rang, elle a téléguidé un revers long de ligne supersonique pour débreaker et une nouvelle fois revenir à hauteur. La tête de série n°6 ne s’en relèvera jamais.

Loïs n’a jamais cessé de courir pour tourner autour de son revers pendant que Mirra ne parvenait plus à enchainer les coups droits avec sa régularité habituelle. Elle a aligné les six derniers jeux de la partie, écœurant définitivement une Andreeva sortie de ses gonds et de son match. Une qualification en demies impensable il y a encore deux semaines, encore moins quand l'on se souvient qu'il y a un an, une terrible blessure au ligament du genou gauche l'avait privée de la découverte de Roland.

"Six kinés dans ma box"

Lundi, elle avait fait connaissance avec le Central. Ce mercredi, elle s'est liée à lui pour toujours. "C’était incroyable, c’est incroyable de jouer devant autant de monde et de se sentir aussi soutenue, a-t-elle confirmé. Avec ce qu’il s’est passé l’année dernière et les moments difficiles que j’ai pu vivre, mon équipe m’a toujours soutenue et c’est pour ça que j’en suis là aujourd’hui."

Alors qu’elle a impressionné le public par sa souplesse lors de plusieurs séquences défensives, il s'agira de placer son corps et son esprit au frais afin de remettre le couvert contre Coco Gauff en demi-finales dès demain. "J’ai un peu trop couru, j’étais tellement tendue que ça ne sortait pas super bien de la raquette, a-t-elle conclu. On va récupérer au max, il y a six kinés dans ma box (rires). Je serai prête demain."

Une joueuse classée 361e mondiale peut sortir une top 10 d'un tournoi du Grand Chelem, une fois. Elle peut le faire deux fois. Pourra-t-elle le faire trois fois ? Réponse ce jeudi.