Alors qu'il semblait parti pour une nuit tranquille, Carlos Alcaraz a connu un relâchement qui aurait pu lui coûter cher face à un Damir Dzumhur épatant, ce vendredi en session de soirée. Le tenant du titre a lâché un set et dû serrer le jeu pour s'imposer 6/1, 6/3, 4/6, 6/4 en 3h14. Qualifié pour les huitièmes de finale, il y affrontera l'Américain Ben Shelton.
Alcaraz, une frayeur nocturne
Le tenant du titre a connu un gros trou d'air, finalement sans conséquence, lors de la night session face à Dzumhur.
Dzumhur, la formidable rébellion
Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir d'une nuit à Paris. Jusqu'à 6/1, 6/3, 3/3, tout semblait sous contrôle pour Carlos Alcaraz face à un Damir Dzumhur qui donnait en outre des signes de fatigue. Et même de douleur puisqu'on venait de le voir appeler le kiné au changement de côté, pour soulager un genou touché au tour précédent contre Giovanni Mpetshi Perricard.
S'est-il vu trop vite à l'abri ? L'Espagnol est alors tombé dans un gros trou d'air, concédant son service, qu'il avait jalousement conservé depuis le début du match en sauvant six balles de break sur six. Le mérite de Dzumhur, à ce moment-là, est d'avoir sauté sur l'occasion pour élever son niveau de jeu de plusieurs tons. Et c'est alors que la session de soirée a pris une tout autre dimension, électrique et spectaculaire.
Doté d'une paire de jambes exceptionnelles et formidable dans le petit jeu, le Bosnien a donné une réplique somptueuse à un adversaire plutôt réputé en la matière. Les deux hommes se sont livrés à un jeu du "chat et de la souris" qui a donné lieu à des échanges sublimes. Et le 69e joueur mondial a aussi été très fort, dans la tête, pour sauver à son tour six balles de débreak dans cette fin de troisième set, qu'il a fini par conclure 6/4.
"J'ai perdu un peu de mon énergie"
Puis, lorsque Dzumhur s'est détaché à 2/0 dans la quatrième manche, on commençait à s'inquiéter de plus en plus pour l'Espagnol, qui montrait des signes d'agacement de plus en plus manifestes. Mais, en immense champion, il a réussi à se remobiliser pour refaire son retard et se détacher (5-3).
Une ultime turbulence, sous la forme d'un débreak concédé au moment de servir pour le match, ne l'a pas fait non plus sortir de ses rails. Alcaraz parvenait à donner l'ultime coup de reins à 5-4 (service adverse) pour sceller sa victoire et s'éviter un cinquième set qui aurait pu être celui de tous les dangers.
"J'ai beaucoup souffert ce soir, a confirmé le numéro 2 mondial sur le court, au micro de Lucas Pouille. Avec Damir, nous avons produit du bon tennis, avec de très beaux points. La difficulté dans les Grands Chelems, c'est de maintenir son niveau de jeu et de concentration pendant trois-quatre heures. À un moment donné, j'ai perdu un peu de mon énergie et ça n'a pas été facile de me ressaisir ensuite. J'ai dû tout donner, et je suis heureux de m'en être sorti."
Une victoire qui lui permet d'atteindre pour la quatrième fois consécutive la deuxième semaine de Roland-Garros, faisant de lui, à 22 ans et 20 jours, le plus jeune joueur à réaliser cette performance depuis Rafael Nadal (21 ans et 356 jours) en 2008. Il y affrontera un joueur qui découvrira ces honneurs à Paris, Ben Shelton. Un tout autre style d'opposition. Et encore un grand spectacle à venir.