"Mamma mia, mais qu'est-ce qui s'est passé ?" Matteo Gigante n’en revenait pas. Admirable de courage et de talent, l’Italien de 23 ans n’a pas tremblé au moment de venir à bout de Stefanos Tsitsipas, pourtant abonné de la deuxième semaine à Roland-Garros depuis six ans. Issu des qualifications, le gaucher est de retour ce vendredi pour enflammer le public du court Simonne-Mathieu, niché au milieu des Serres d’Auteuil. Plein phares sur la trajectoire tout sauf rectiligne du Transalpin.
Cinq choses à savoir sur Matteo Gigante
Matteo Gigante a épaté son monde contre Stefanos Tsitsipas au deuxième tour de Roland-Garros. Il est de retour en piste ce vendredi face à Ben Shelton.
Il a été freiné dans son ascension
En 2020, Matteo Gigante connaît sa première expérience au niveau Challenger, à Bergame, grâce à une wild-card. Malgré la défaite, il rivalise face à Arthur De Greef, ancien 113e joueur mondial, et prend rendez-vous pour la suite. Mais la confirmation tarde : il faut attendre trois ans pour le voir enfin titré dans cette catégorie à Tenerife en tant que lucky loser. Mais pourquoi une éclosion si tardive ? “J’ai connu de vraies galères, notamment une blessure au coude en 2021 qui m’a écarté six mois, avoue-t-il, en conférence de presse à Paris. Et puis l’année dernière, j’ai encore eu la mononucléose ! Mais j'ai la faculté à bien rebondir quand ça va mal."
Effectivement, petit à petit, l’Italien gravit les échelons et remporte cinq titres sur le circuit secondaire. Un peu plus tôt cette saison, il a fait parler de lui à Indian Wells, où il s'est incliné face à Taylor Fritz après s'être joué de Sébastien Baez.
Sparring-partner de Djokovic en 2021
Le tournoi préféré de Matteo n’est autre que le Masters 1000 de Rome. Encore adolescent, il passe un cap : d’abord simple spectateur, il devient sparring-partner. En 2021, il tape la balle avec Novak Djokovic en amont de sa finale face à Rafael Nadal. Le Serbe tenait absolument à s'entraîner avec un gaucher pour travailler ses schémas de jeu en vue de la rencontre : cela ne lui a pas porté chance puisqu’il s'est incliné pour "la Decima" de Nadal au Foro Italico. Cette année, Matteo Gigante a décroché sa première victoire dans la ville au sept collines après s’être défait d’Arthur Rinderknech.
Un apprentissage chez les Berrettini
Dans son enfance, Matteo fait ses gammes au club Eschilo 2 de Casal Polacco, tout près de la méditerranée, en banlieue de Rome. Il s'entraîne avec Matteo Galli et y rencontre un certain Flavio Cobolli : "C’est comme un frère. J'avais cinq, six ans quand nous nous sommes rencontrés". À l'adolescence, il décide de poursuivre son évolution à la Roma Tennis Academy, une structure dirigée par Luca Berrettini, le père de Matteo. Il y croise son entraîneur actuel, Marco Gulisano. “Il a une grande marge de progression en coup droit et au service, mais il a un revers d'une qualité remarquable”, analysait-il dans le média italien Supertennis au début de leur collaboration, en 2023.
Passionné de football
Le Transalpin est pris de passion pour un autre sport. “Je ne suis pas mauvais en foot, j'en ai fait de trois à neuf ans. J’ai toujours adoré jouer avec mes amis, aujourd’hui un peu moins, à cause du risque de blessure." Est-ce un atout supplémentaire pour son jeu au tennis ? "Oui, je suis assez rapide, reprend-il. Au foot, je joue ailier, donc je cours beaucoup." Sur le court, il tient sa raquette de la main gauche. "Ah au fait, au foot je suis droitier ! On est bizarres, nous les gauchers… (sourire)" Il partage cette passion avec Flavio Cobolli mais les deux joueurs supportent des clubs différents. Matteo est fan de la Juventus, un comble pour un Romain, alors que Flavio est un tifoso de l’AS Rome.
La raquette de Romano
Le Romain n’est pas très bavard en conférence de presse mais il n’hésite pas à parler de Romano, son grand-père : "C'est grâce à lui que j’ai eu une raquette entre les mains très tôt. J’avais trois ans. Il a toujours fait du sport, comme ma mère, qui était nageuse quand elle était jeune. C’est venu comme ça, naturellement." Il ajoute dans le média Super tennis : "Il m'a confié avoir longtemps pensé que le tennis était un sport de vieux. Il a commencé à jouer vers 50 ans !" Il n'est jamais trop tard pour changer d'avis.
Ce vendredi, Matteo Gigante tentera de rendre un peu plus fier Romano. Opposé à Ben Shelton sur le Simonne-Mathieu, l’Italien a une belle carte à jouer.