Novak Djokovic (n°6) a encore livré une prestation grandiose, sur le plan tactique notamment, pour écœurer Alexander Zverev (4/6, 6/3, 6/2, 6/4 en 3h17) et se qualifier pour la 13e fois de sa légendaire carrière en demi-finales de Roland-Garros, la 51e au total en Grand Chelem. Il y défiera Jannik Sinner dans un clash de titans.
La leçon de Maître Djoko
Le Serbe a livré une masterclass tactique pour rallier le dernier carré.
Sinner, Alcaraz, Musetti, Djokovic : un carré VIP
Voilà, nous y sommes. Après Lorenzo Musetti, Carlos Alcaraz et Jannik Sinner, Novak Djokovic a complété un dernier carré plus VIP que jamais qui réunira donc le n°1 mondial, le tenant du titre, l'homme fort de la saison sur terre battue et la légende absolue du jeu. Le Serbe ne pouvait pas ne pas s'inviter à cette table royale. Il a prouvé encore une fois, une énième fois, à quel point "on" avait eu tort, ces dernières semaines, de douter de lui, de sa motivation actuelle et de sa sidérante capacité à élever son niveau dans les rendez-vous majeurs.
À 38 ans, Djokovic est devenu le demi-finaliste le plus âgé à Roland-Garros en livrant, face à Sascha Zverev (n°3), une prestation de haut vol, d'une intelligence folle, qui a plusieurs fois fait se lever d'admiration un court Philippe-Chatrier subjugué par sa maîtrise tactique. L'un de ces matchs qui nous font dire que oui, décidément, le Serbe est toujours capable de tutoyer les étoiles. Et nul besoin d'un doctorat en analyse tennistique pour pressentir qu'il brûle de désir à l'idée d'affronter Jannik Sinner, lors d'une demi-finale qui attise déjà toutes les passions.
Zverev "oublie" d'enfoncer le clou
Vu le peu de temps que le n°1 mondial a passé sur les courts depuis le début de sa quinzaine, Djokovic avait tout intérêt à ne pas trop perdre d'énergie en route, lui non plus, avant ce clash des titans. Face à Zverev, il a été loin d'être aussi express que son futur adversaire un peu plus tôt face à Bublik. Mais cela aurait pu être pire, après la perte de la première manche, qui aurait pu assombrir ses perspectives d'avenir dans le tournoi.
Sauf que ce premier set, Djokovic l'a perdu essentiellement parce qu'il a été cueilli à froid d'entrée sur son service. Ensuite, il n'a jamais pu refaire son retard face à un Zverev qui servait particulièrement bien. Mais à la pureté de ses frappes et à la légèreté de son jeu de jambes, on pouvait malgré tout pressentir que c'était du bon "Djoko". Et que le meilleur était sans doute à venir. On n'a pas été déçu.
C'est un peu malheureux à dire mais passée cette première manche, le match était quasiment fini. Zverev aurait pu davantage exploiter un nouveau léger moment de flottement adverse à 1-1, 15-30 au deuxième set. Mais l'Allemand ne flaira pas le bon coup. Au lieu de quoi, il enchaîna plusieurs grosses fautes et perdit, pour la première fois, son service dans la foulée. Il eut bien une occasion de revenir tout de suite, mais le Serbe écarta le danger d'un service gagnant. Le mode "machine" était enclenché.
Une masterclass ovationnée
C'est à partir de là, véritablement, que la démonstration commença. Tandis que Zverev - qui avait failli s'étouffer en gobant un moustique passé par là - baissait de pied, Djokovic conservait son break d'avance jusqu'à égaliser à une manche partout. Il réédita l'opération dans les troisième et quatrième sets : un break rapide, préservé jusqu'au bout. Et une seule balle de débreak à sauver au total de ces deux dernières manches.
Celle-ci intervint à 3-2 pour Djokovic dans le quatrième set. Mais ce dernier la sauva au terme du plus beau point du match, dans lequel il enchaîna deux amorties de revers puis un superbe passing pour finir. Un point incroyable de 41 coups de raquettes, salué par une ovation des 15 000 spectateurs, quasiment tous debout. Un point, surtout, qui résume à lui seul la masterclass tactique délivrée par le Serbe, bien décidé à mettre des bâtons dans les roues de la belle mécanique allemande au moyen d'une campagne d'amorties.
Quand il vit qu'il ne faisait pas forcément la différence du fond de court, que Zverev rivalisait en termes de qualité de balle (42 coups gagnants à 38, au final, pour Djokovic) ou de qualité de service (76% de points gagnés derrière la première par les deux hommes, avec un pourcentage quasiment équivalent), l'ancien n°1 mondial comprit que son salut passerait par une autre voie. Il commença alors sa petite "mayonnaise" et vint chercher son rival dans un domaine où il se savait supérieur : celui du petit jeu.
35 amorties pour Djokovic, dont 28 en revers !
Au total, Novak Djokovic a tenté 35 amorties, dont 28 en revers, la plupart du temps le long de la ligne. Ou parfois à la volée, comme il le fit à deux reprises lors d'un dernier jeu haletant, dans lequel Zverev joua son va-tout en sauvant courageusement quatre balles de match. Deux fois d'affilée, aux égalités, l'ancien n°1 mondial enchaîna la même sublime séquence : service slicé croisé court, volée de revers amortie croisée et gagnante. Imparable.
Comme un symbole, et aussi parce qu'il est joueur, Novak Djokovic tenait à finir sur une ultime amortie de revers. Ce ne fut pas la mieux touchée mais suffisamment pour faire craquer Zverev, qui en avait plein les jambes. L'Allemand de 28 ans devra attendre encore un peu pour décrocher son premier Grand Chelem. Djokovic, qui en a dix de plus, reste en lice pour son 25e.
"À mon âge, parvenir encore à jouer des matchs de ce niveau, dans un tel contexte, et battre des joueurs comme Sascha, c'est incroyable, a-t-il ensuite déclaré. Je savoure, mais je vais devoir commencer à penser à Jannik (Sinner). Il touche quasiment à la perfection mais il continue de chercher à s'améliorer, c'est impressionnant. Cela va être extrêmement difficile, mais c'est le genre de moments qui me rappelle pourquoi je joue encore…"
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