Monfils, la Palme d'ocre

Diminué en début de partie, le Français de 38 ans a remonté un déficit de deux sets pour la première fois à "Roland".

Gael Monfils, Roland-Garros 2025, first round©Julien Crosnier / FFT
 - Marius Veillerot

Alors qu'une chute a bien failli compromettre sa soirée, le Parisien a réalisé un nouveau chef-d'œuvre au cœur d'un court Philippe-Chatrier totalement électrisé. Mené deux manches à rien, il a retrouvé son tennis, sa folie et son sens du show pour renverser Hugo Dellien (4/6, 3/6, 6/1, 7/6 (4), 6/1 en 3h36). Spoiler alert : le 42e mondial défiera Jack Draper au prochain épisode.

Monfils, de cascadeur à rôle principal

La troisième session de soirée de cette édition 2025 aurait pu tourner au court métrage, mais Gaël Monfils a préféré réécrire le scénario pour en faire un thriller haletant. Il y a d'abord eu cette chute dans les panneaux publicitaires dès le cinquième point de la partie. Un temps mort médical, un genou droit visiblement touché, des jeux qui défilent et deux sets perdus plus tard : place au second acte.

Associée à la fringale d'Hugo Dellien, la montée en température de la machine "La Monf'" a totalement relancé la partie. La troisième manche n’a pas duré plus d’une demi-heure, et ce en comptabilisant la "Ola" taille XXL lancée à 3-0 en faveur du Parisien.

L'Oscar du second rôle pour le Chatrier

Loin d’être une simple étincelle, ce retour aux affaires s’est confirmé lors du quatrième set. Le récit s’est alors éclairci. Le feu de la rébellion n’était plus alimenté par les crampes de Dellien mais bien par les jambes, les aces (21 à l'arrivée) et les détonations en coup droit du Tricolore. Fidèle à lui-même, il a tout de même laissé le Sud-Américain débreaker alors qu’il servait pour le set à 5-4. Sans doute pour mieux haranguer le Central - Oscar du meilleur second rôle, ce soir - lors du tie-break et le récompenser à coups de défense vintage et de revers long de ligne sautés.

Le réalisateur derrière ce nouveau blockbuster s’est sûrement inspiré de la victoire iconique de la "Monf’" contre Sebastian Baez en 2023. Cette session de soirée n’a toutefois pas atteint les mêmes niveaux de jeu et de dramaturgie. La faute à la supériorité de Monfils, qui a abrégé le happy ending après ce climax.

Salué par la critique et la statistique

Marquée par une belle "Marseillaise", le dernier acte s’est conclu sur un regard de défi du showman avant même la balle de match (4/6, 3/6, 6/1, 7/6 (4), 6/1 en 3h36). Jamais Gaël n’avait rattrapé un déficit de deux sets Porte d’Auteuil. C'est désormais chose faite et en prime, il égale le record de 40 victoires de Yannick Noah à "Roland". Rideau.

En guise de scène post-générique, une interview émouvante depuis l'ocre : "Le match était fini à 15-40. J’ai embrassé le panneau Engie, je me suis fait une petite frayeur et j’ai mis du temps à redescendre. J'avais envie de bien jouer pour moi, pour vous, c’est un privilège de jouer en night session, a décrit la vedette de la soirée. Après le passing bout de course (dans le tie-break), je savais que le match était fini. L’énergie était là. La communion avec le public, la Marseillaise…". Palme d'or de la plus belle punchline.