Perturbé par les coups de boutoir de Ben Shelton, Carlos Alcaraz a d'abord subi, avant de prendre le contrôle de son huitième de finale. Pleinement réveillé dès le deuxième set, le n°2 mondial a accéléré lorsque son adversaire a baissé le pied mais a tout de même lâché un set dans la bataille (7/6(8), 6/3, 4/6, 6/4 en 3h19). Jamais les deux joueurs de 22 ans n'ont oublié de régaler le Chatrier.
Alcaraz, mention "Ben"
Le tenant du titre a dû s'employer pour contenir la puissance du jeune Américain en huitièmes de finale.
Les coups droits long de ligne de Ben Shelton risquent de s’inviter dans les songes de Carlos Alcaraz. Moins tranchant qu’à l’accoutumée, gêné par les services kickés extérieurs de son adversaire, le tenant du titre a attendu son heure, ce dimanche.
Au moment venu, l’Espagnol a sauvé trois balles de set dans l'énorme tie-break de la première manche. Il a converti la deuxième qu’il s’est procurée, mais ce set d’avance ne l’a pas d’emblée conduit sur l’autoroute menant aux quarts de finale. Il a ferraillé plus de 12 minutes pour remporter son premier jeu de service du deuxième acte. Un combat interminable au cours duquel il a plaqué une magnifique volée en extension, avant d’avouer à l'arbitre qu’il avait jeté sa raquette pour parvenir à frapper la balle.
230 km/h
Visiblement, il fallait au moins cela pour lancer le Murcien. Ce dernier a d’abord survécu par ses déplacements toujours aussi déroutants. Son coup droit lui a ensuite permis d’agripper les rênes de la partie. Avec 43 coups gagnants, il a rendu à Shelton la monnaie de sa pièce maîtresse. "Big Ben" avait laissé passer sa chance, mais il a marqué la terre battue parisienne de son empreinte – et pas seulement celle de ses chaussures.
Hyper agressif et plein de gnaque, il a goûté plusieurs fois à l’ocre, preuve que ses déplacements restent à parfaire. Toutefois, sa puissance a également déstabilisé son prestigieux vis-à-vis, à l'image de cet ace à 230 km/h lors du 11e jeu.
Fair-play et spectacle
Pour s’en sortir, le génie d’El Palmar a également ciblé le revers de "Big Ben", capable de lâcher de beaux passings slicés, mais moins brutal que son coup droit. En jeune professeur, Alcaraz lui a donné une leçon de toucher au début de la deuxième manche : tranquillement installé devant le filet, il a anesthésié la balle d’une légère poussette, plutôt que de smasher. Shelton était déjà dans les bâches. Inutile pour lui de lancer une périlleuse course vers l’avant.
"Carlitos" s’est presque excusé de cette boutade tennistique. Preuve du fair-play, du sens du show et du respect qui lient les deux adversaires. S'il a tout de même laissé échapper la troisième manche, toujours parsemée d'échanges de folie, il n'a pas permis à "Benny" de totalement enflammer le Central et a douché le suspense en le breakant dès le troisième jeu de l'ultime acte.
"On a beaucoup de respect l’un pour l’autre, on sait assurer le spectacle. C’est un joueur très puissant, qui a tous les coups. On a proposé du super tennis, un match complet", a-t-il expliqué au terme du match. Avec ce succès, le protégé de Juan Carlos Ferrero a remporté sa 100e victoire sur terre battue sur le circuit principal (7/6(8), 6/3, 4/6, 6/4). Au prochain tour, le droitier de 22 ans aura de nouveau l’occasion de pratiquer son accent américain puisqu'il affrontera Tommy Paul, tombeur d’Alexei Popyrin, ce matin.