Menée 6/1, 2-0 par une impressionnante Elena Rybakina, Iga Swiatek a déployé des trésors d'abnégation pour inverser la tendance et s'imposer 1/6, 6/3, 7/5 en 2h30 à l'issue d'un match d'une qualité exceptionnelle. La Polonaise reste en vie dans ce Roland-Garros, où elle n'a plus que trois matchs à gagner pour signer un quadruplé historique.
Swiatek, la rage de la championne
La Polonaise a été exceptionnelle de courage pour renverser un match bien mal embarqué face à Rybakina.
Swiatek semblait en perdition, et puis...
Il faut décidément avoir le cœur bien accroché pour survivre aux émotions qu'a décidé de nous prodiguer le tableau féminin en ce dimanche 1er juin, pour le début des huitièmes de finale. Dans la foulée d'un renversant Svitolina-Paolini sur le court Philippe-Chatrier, et tandis que Zheng sortait dans le même temps gagnante d'un marathon à sensations sur le Suzanne-Lenglen, Iga Swiatek (n°5) a survécu à un thriller exceptionnel face à Elena Rybakina. La Kazakhstanaise survolait les débats avant de voir la Polonaise fondre sur elle comme un aigle sur sa proie, et finalement s'en sortir par un trou de souris.
Comment Swiatek l'a-t-elle gagné, ce match, alors qu'elle semblait en perdition au début du deuxième set, encaissant une série de dix points consécutifs face à une Rybakina qui ne ratait plus rien ? Au-delà bien sûr de son talent, il n'y a pas d'autre explication que sa formidable rage de vaincre, et probablement aussi, pour beaucoup, l'air de Roland-Garros. Elle y ressent, plus que nulle part ailleurs, ce supplément d'âme qui lui permet de croire, toujours, à une solution possible, même quand tout semble perdu.
La triple tenante du titre, formidable d'abnégation, n'a jamais rien lâché, même au plus fort de la tempête. Rybakina l'a certes un peu aidée à se remettre en selle. Jusqu'à alors souveraine sur ses jeux de service, la tête de série n°12 a été débreakée sur un "horrible" smash raté. Ensuite, la Polonaise a fait parler son cœur, et ses tripes. À 2-2, elle a survécu à un jeu long de plus de dix minutes, dans lequel elle a joliment sauvé trois nouvelles balles de break. Un premier gros tournant, assurément.
Un autre tournant a eu lieu au milieu d'un troisième set extrêmement indécis, lorsque Swiatek a dû sauver trois balles de 4-2, à chaque fois en faisant montre de beaucoup d'audace et de solidité. Elle en a sauvé dix au total (sur 14), un record pour elle en Grand Chelem (à égalité avec un match contre Victoria Azarenka à l'US Open 2020).
Swiatek plie plusieurs fois mais ne rompt jamais
Acculée par la force de frappe de Rybakina, d'autant plus décomplexée qu'elle est la seule, sur le circuit principal, à avoir battu deux fois Swiatek sur terre battue (Rome 2023, Stuttgart 2024), la n°5 mondiale a plié, souvent. En témoignent aussi ses sept doubles fautes - là encore un "record" pour elle à Roland-Garros -, dont une pour se faire rejoindre à 4-4 dans le troisième set, alors qu'elle pensait bien avoir fait la différence.
Oui, Iga Swiatek a plié. Mais elle n'a jamais rompu. À chaque coup encaissé, elle a remis sa casquette en place et elle est repartie au combat, sans broncher. Et c'est finalement à l'usure qu'elle est parvenue à faire une nouvelle différence, cette fois décisive, à 5-5. Pour signer quelques minutes plus tard une victoire qui pourrait faire date, tant dans son processus de retour au sommet que dans sa quête d'un quadruplé historique à Roland-Garros.
On en est loin, puisqu'Iga Swiatek a encore trois matchs à gagner, dont le prochain face à Elina Svitolina. Mais en attendant, la voilà à la tête d'un butin de 25 victoires consécutives à Roland-Garros, la deuxième meilleure série parisienne, à égalité avec Monica Seles, et derrière Chris Evert (29). Ici, c'est Paris. Ici, c'est (toujours) Swiatek.