Très heureux d'avoir remporté un combat homérique face à Jannik Sinner en finale de Roland-Garros, Carlos Alcaraz a affiché une mine radieuse en conférence de presse. Il s'est dit honoré de voir cette finale comparée aux précédents sommets du jeu.
Alcaraz : "Gagner le 5e au même âge que Rafa, c'est le destin"
Vainqueur de son deuxième Roland-Garros au terme d'une finale légendaire, l'Espagnol de 22 ans a confié sa fierté de marcher dans les traces de Nadal.
Comment avez-vous vécu cette finale extraordinaire ?
Carlos Alcaraz : C’est l'un des matchs les plus fous que j’ai jamais joués. Il y avait tout dans cette rencontre : de grands moments et de moins bons points. Je suis fier d'avoir réussi à gérer cette finale de cette manière, ce n’était pas facile. C’est la première fois que je remonte un handicap de deux sets et c’est plutôt sympa de le faire en finale d’un Grand Chelem !
Ce match était digne des plus grandes parties de l'histoire, comme le Börg - McEnroe de 1980 ou le Nadal - Federer de 2008. Qu'est-ce que cela représente pour vous de figurer aux côtés de ces légendes ?
Si les gens comparent notre match à ces rencontres, c’est un immense honneur pour moi. Je ne sais pas s’il faut le placer à ce niveau car ces finales, c’est l’histoire du tennis et du sport. Je laisse les gens en débattre. C’est difficile de comparer depuis mon point de vue, mais je suis ravi qu’on ait inscrit nos noms dans l’histoire du tennis et de Roland-Garros.
Comment avez-vous fait pour réussir une telle remontada ?
J’ai dû me battre et croire en moi. J’avais le sentiment que tout allait dans son sens, qu’il n’envoyait que des coups gagnants, sans commettre de fautes… Le public a été très important pour moi. Sans lui, ça aurait été impossible de revenir au score.
Vous ne vous êtes pas dit que c'était terminé avant de défendre ces trois balles de match ?
Non, j’y ai vraiment cru. Le match n’est pas fini tant que l’adversaire n’a pas remporté la balle de match. C’est arrivé plusieurs fois que des joueurs reviennent d’une balle de match en finale. Je voulais faire partie de ces champions qui en ont sauvé une avant de gagner en finale de Grand Chelem. Dans les moments chauds, je me dois d'être au rendez-vous. Quoi qu’il arrive, j’ai senti qu’il ne fallait pas avoir peur de commettre des erreurs. Tout est une question de confiance, je n’ai jamais douté de moi. C’est pour ça que je joue mon meilleur tennis dans les instants cruciaux et dans les situations difficiles.
Depuis les tribunes, ce match paraissait surréaliste. Comment c'était, depuis le court ?
Par moments, le niveau était assez dingue. Parfois, je me disais : "Qu’est-ce qu’il faut que je fasse ?" Il se déplaçait tellement bien, il frappait fort... Sur certaines séquences, il ne ratait plus rien. Le niveau était très élevé et plusieurs fois, j’ai pensé aux gens qui regardaient ce match et j’ai moi-même réussi à profiter de certains bouts de cette bataille. Je me disais que c'était irréel !
Quel point vous a le plus marqué ?
Difficile d’en choisir un. Sauver ces balles de match, c’était incroyable. Mais on ne peut pas parler de "grands points". À l'inverse, ceux qui ont eu lieu à 6-5 dans le cinquième set, je ne sais toujours pas comment j’ai fait pour les gagner. Jannik touchait les lignes, il dominait l’échange… Je ne sais vraiment pas comment j'ai réussi à prendre ce jeu. Si je devais choisir, ce serait cette séquence du match.
Vous avez remporté votre cinquième tournoi du Grand Chelem au même âge que Rafael Nadal...
Je dois encore réaliser que je l’ai fait... C’est la première étape. Le fait de gagner mon cinquième Grand Chelem exactement au même âge que Rafa, c’est le destin, je pense. C’est une statistique que je vais garder avec moi pour toujours et j’espère que ça ne va pas s’arrêter là.
Cette finale propulse-t-elle votre rivalité avec Jannik Sinner dans une nouvelle dimension ?
Chaque match que je joue contre lui est important. C’était notre première finale commune en Majeur, j’espère que ce ne sera pas la dernière. À chaque fois qu’on s’affronte, on pousse le curseur au maximum. Pour gagner des Grands Chelems, il faut battre les meilleurs joueurs du monde et ça compte encore plus quand vous les affrontez en finale. Jannik va revenir plus fort et je le répète, je ne le battrai pas à chaque fois, je dois continuer d’apprendre de ces matchs.
Est-ce que vous appréciez cette pression lorsque vous êtes dos au mur ?
On ne va pas se mentir, je préfère gagner en trois sets ! Mais quand tout est contre toi, tu dois te battre. C’est une finale de Grand Chelem, ce n’est pas le moment d’être fatigué ou d’abandonner. Les grands champions sont ceux qui jouent le mieux sous pression, c’est là qu’ils marquent l’histoire. Je me sens fort sous pression, ça ne me fait pas peur.