"On est les ballos, de Roland-Garros !" Depuis mardi, Cléo Ginterdaele et Marceau Le Tallec font partie des plus de 300 ramasseurs de balles du Grand Chelem parisien et chantent, chaque matin, leur hymne signature dans les allées. Ils ont rejoint la Porte d'Auteuil cette semaine pour les épreuves de tennis-fauteuil avec Adecco.
Des ballos comme les autres
Pour la première fois dans un tournoi du Grand Chelem, deux ramasseurs de balles officient en fauteuil.
Une grande première
“Je suis vraiment fière, confie Cléo. Des ramasseurs de balles en fauteuil, c'est une première, d'autant plus en Grand Chelem. Pouvoir le faire en France, à Roland-Garros, c’est une belle expérience." Comme l'ensemble des ramasseurs présents à Paris, les deux jeunes champions de 14 et 17 ans ont dû faire leurs preuves lors d’un stage de trois jours à Troyes, où ils ont pu apprendre les bases du ramassage.
Ils sont arrivés au milieu de dizaines de candidats, et ont dû s’adapter avec leur fauteuil. "Je me suis demandé comment j’allais faire, sachant que je n’avais jamais ramassé par le passé, avoue Cléo. Les autres ramasseurs avaient déjà de l’expérience alors j’étais un peu stressée." Le stage s'est très bien déroulé, l'aventure était lancée !
"En termes d'inclusion c’est super !"
Depuis, Cléo et Marceau ont mis la théorie en pratique et ont ramassé durant les épreuves tennis-fauteuil sur les courts de Roland-Garros. "Ça s'est super bien passé. J’étais un peu stressé au début mais en fait, c’est trop bien, a confié Marceau après sa première rotation sur le court. Je me suis tout de suite rappelé de ce qu’il fallait faire. On prend des conseils auprès des autres. Il y a vraiment une grande cohésion d’équipe."
Effectivement, tout se passe pour le mieux sur le court mais aussi en dehors avec leurs nombreux compagnons d'aventure. Cette année encore, l’inclusion est au cœur des préoccupations du tournoi. "Les autres ramasseurs étaient super réceptifs et les ont très bien intégrés dans les équipes, raconte Lucas Gérard, encadrant ramasseur. Tout s'est très bien passé et en termes d'inclusion c’est super !"
Évidemment, quelques ajustements sont nécessaires sur le court. Même si Cléo et Marceau sont très habiles, la taille de leur fauteuil ne leur permet pas de passer partout : "Par exemple, quand ils doivent tenir le parasol aux changements de côté, ils ne peuvent pas passer entre la chaise d’arbitre et le filet avec leurs fauteuils, constate leur encadrant. Donc c’est à eux d’aller directement vers le banc le plus proche".
L'exemple de Déroulède
Cléo a perdu une jambe à l’âge de trois ans, dans un accident de la circulation. Son histoire est similaire à celle de la championne française Pauline Déroulède, avec laquelle elle est en contact régulier. Elles se voient, s'appellent et se sont retrouvées sur les courts de Roland-Garros, où Cléo a été sa ramasseuse de balle !
La jeune Nordiste rêve de suivre la même trajectoire et de jouer à son tour le tournoi de Roland-Garros. Elle pratique le tennis-fauteuil depuis quatre ans, et est même devenue championne de France juniors sur la terre battue parisienne l’an passé. De son côté, Marceau le Tallec est le premier Français au classement ITF juniors. Les deux jeunes espoirs se connaissent depuis longtemps et ont même participé ensemble à la Coupe du monde juniors de tennis-fauteuil par équipe, à Antalya, en Turquie, début mai !
À Roland-Garros, Cléo et Marceau espèrent convaincre leurs encadrants afin de ramasser à l'occasion des finales du tournoi tennis-fauteuil ce samedi. Avant, peut-être, de pouvoir un jour les disputer !