Ksénia Chasteau, l’avenir lui appartient

Gros plan sur la jeune Française, valeur montante du tennis-fauteuil.

Ksénia Chasteau©Marine Andrieux / FFT
 - Baptiste Blanchet

Lauréate du tableau juniors de tennis-fauteuil à Roland-Garros en 2024, la Française de 19 ans va disputer son premier tournoi du Grand Chelem chez "les grandes". Une étape de plus dans la carrière de celle qui a forgé sa force mentale au gré des épreuves.

Le grand public l’a découverte l’an passé lors de la première édition du tournoi juniors de tennis-fauteuil, remportée avec autorité face à l’Américaine Maylee Phelps. 2024 a été une année faste pour Ksénia Chasteau, également sacrée championne de France – cette fois chez "les grandes" – mais aussi huitième de finaliste aux Jeux paralympiques de Paris après avoir inquiété pendant un set la n°2 mondiale et future championne, Yui Kamiji, le tout en obtenant son bac avec mention.

Désormais âgée de 19 ans, la joueuse licenciée au Tennis Club La Fourragère ASPTT, déjà 11e mondiale, entend poursuivre sa progression sur le circuit principal : "Les juniors, c’est terminé pour moi. Je vais me consacrer à 100 % aux tournois ITF, en espérant participer aux trois prochains tournois du Grand Chelem, puisque j’ai dû faire l’impasse sur l’Open d’Australie à la suite d’une opération qui va me permettre de remarcher convenablement avec une prothèse, alors que jusque-là c’était un peu bancal (sourire)". La jeune femme espère performer lors des premiers tours afin d’être présente en quarts ou en demies, les tableaux dans les Majeurs comportant 16 participantes. "C’est faisable, car je connais le niveau de la plupart des membres du top 10, contre lesquelles j’ai toujours eu des matchs accrochés. Je compte m’en servir pour progresser individuellement", explique celle qui s’entraîne à nouveau avec Gabriel Tassaro, le coach de ses débuts.

Lucide, Ksénia Chasteau a identifié plusieurs axes de progression, notamment grâce au match perdu contre Yui Kamiji aux Jeux : "Il faut travailler sur la force mentale, continuer à faire confiance à sa stratégie même quand on est menée, tandis que la deuxième manche m’indique qu’il me faut plus d’endurance, physique et mentale, ainsi qu’une bonne gestion de la frustration". Elle a aussi conscience qu’il y a un gros travail à effectuer sur les entames de point : "Avoir un meilleur pourcentage de premières balles, me montrer plus solide en retour, car le jeu se fait en quelques coups de raquette".

Ksénia Chasteau©Marine Andrieux / FFT

Ksénia Chasteau, la positive attitude

Se battre malgré les épreuves

Forcément, Roland-Garros figure parmi ses objectifs principaux. "C’est le rendez-vous pour proposer du tennis-fauteuil à notre communauté. Ça reste une fête incroyable, j’espère voir les tribunes pleines grâce à l’effet des Jeux. Mais il y a quand même une gestion émotionnelle importante, car je serai très attendue. Lors du tournoi juniors, cet aspect avait été compliqué à gérer, je l’ai mieux fait pendant les Jeux", indique celle qui effectue des allers-retours entre Paris et Marseille, s’entraînant principalement au CNE avant de se "poser" à Aix-en-Provence, à la ligue PACA, à partir du mois de septembre, afin de pouvoir s’entraîner en extérieur toute l’année.

Battante, Ksénia Chasteau a surmonté de nombreuses épreuves. Son histoire commence à Irkoutsk, sa ville de naissance en Sibérie, avant d’être adoptée, avec son frère biologique, par une famille française : "Ils ont gardé mon prénom russe que j’aime beaucoup. Cette histoire fait partie de ma vie, de mon identité. Je suis très reconnaissante envers mes parents. Je ne parle pas le russe, mais un jour, je retournerai là-bas".

Ksénia Chasteau, Finale Tennis Fauteuil, Simple Filles, Roland-Garros 2024©Loïc Wacziak / FFT

Ne pas penser qu’au tennis

Si son père a pratiqué l’aviron et la plongée tandis que sa mère jouait au handball, c’est bien elle qui s’est ouvert la voie vers le haut niveau : "J’ai débuté vers 4-5 ans, à Marseille, au Tennis Club La Rose, puis au Cercle Sportif Municipal. La ligue m’avait détectée assez tôt, mais ni mes parents ni moi n’étions très chauds". Classée 15/3 à 13 ans après avoir découvert la compétition sur le tard, elle perd l’usage de sa jambe gauche à la suite d’un accident de moto avec son père en 2021, à presque 15 ans. Un an et demi après, Ksénia devient championne de France juniors de tennis-fauteuil.

Malgré sa carrière prometteuse, la jeune femme n’a pas souhaité interrompre ses études. "Il ne s’agit pas d’avoir un plan B, je parlerais plutôt d’épanouissement intellectuel, d’autant que je suis passionnée par la dimension mentale. Deux heures par jour, cela me permet de ne pas penser au tennis", indique celle qui suit des cours en première année de psychologie. Côté loisirs, elle est “entourée" par la musique, écoute Rodrigo y Gabriela, les rappeurs Nekfeu ou Rilès, et souhaite s’initier à la guitare. "Comme mon frère, je suis le football et supporte l’OM de loin, et, je ne sais pas pourquoi, mais j’adore regarder les sports d’hiver à la télévision, notamment le biathlon et le ski alpin", conclut Ksénia Chasteau dans un sourire. Ce n’est pourtant pas sur la neige mais bien sur la terre battue parisienne qu’on espère la voir faire de nouveau des prouesses en 2025.

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Ksénia Chasteau / Jeux Paralympiques Paris 2024©Marine Andrieux / FFT