En totale maîtrise, Jannik Sinner a survolé sa partie contre Andrey Rublev (6/1, 6/3, 6/4 en 2h). Régulier, précis, puissant et imprenable, l'Italien n'a laissé aucune issue à son adversaire du soir. En quarts de finale, il a rendez-vous avec un joueur au profil radicalement différent : Alexander Bublik.
Sinner, mécanique très bien huilée
Andrey Rublev a été dépassé par la régularité implacable du numéro un mondial.
Il a fallu quatre échanges à Jannik Sinner pour huiler ses rouages avant d’enfermer son adversaire dans une mécanique implacable. Oui, Andrey Rublev a mené dans cette partie : il s’est procuré deux balles de break dans le premier jeu. Un répit précoce avant la tempête.
Habituel rouleau compresseur capable de cogner en coup droit comme en revers, le n°15 mondial s'est mué bien malgré lui en coureur de fond pressurisé. Ce lundi soir, Sinner a fait tourner la roue et à chaque frappe ou presque, le pointeur a désigné la case "coup gagnant".
Le protégé de Marat Safin a bien tenté de glisser de gros grains de sable dans les rouages de cette machine impitoyable mais il s’est enfermé dans un cercle vicieux, à risquer toujours plus et à accumuler les fautes sur les quelques balles neutres du triple vainqueur en Grand Chelem.
Machine à contrôler le temps
Lors de la première manche, le numéro un mondial n’a laissé filer que le sixième jeu. Simple bug d’un algorithme qui, au tour précédent, n’avait laissé à Jiri Lehecka que trois jeux. Rublev, lui, avait bénéficié du forfait d’Arthur Fils.
Il était peut-être en manque de rythme et force est de constater qu'il n'est jamais parvenu à suivre celui imposé par Sinner. Sur le court Philippe-Chatrier, l’horloger italien a contrôlé le tempo, voire le temps, tant il semblait deviner ce que son vis-à-vis allait tenter avant même qu’il ne le sache lui-même. Miser sur le contre-pied ? Le Transalpin anticipait. Viser les coins du terrain ? Le double lauréat de l’Open d’Australie répondait en jouant court croisé, via des angles impossibles.
"On se connaît très bien, a expliqué le patron après le match. On s’est déjà affrontés plusieurs fois, donc on essaie de changer un peu de style de jeu. Les choses peuvent aller très vite, dans un sens comme dans l'autre."
"Rublo" a davantage existé lors du dernier acte, mais son bourreau du soir lui a dérobé sa mise en jeu pour achever la partie (6/1, 6/3, 6/4). En quarts de finale, Alexander Bublik - tombeur génial de Jack Draper - devra déployer des trésors d’ingéniosité pour espérer enrayer l’automate italien...