WTA / ATP : Swiatek sans repères, Sinner de retour sur terre

Iga ne (se) rassure pas

La terre battue romaine n’a pas échappé à une secousse de magnitude élevée sur l’échelle de Swiatek ce week-end. Titrée à trois reprises lors des quatre dernières éditions (2021, 2022 et 2024), celle qui restait sur un assourdissant bilan de 21 victoires en 22 matchs dans la capitale italienne est tombée dès le troisième tour face à Danielle Collins (6/1, 7/5 en 1h44). Une énorme surprise si l’on se réfère uniquement aux précédentes confrontations entre les deux joueuses, largement dominées par la Polonaise avant ce neuvième duel (7-1). Un résultat moins étourdissant en revanche lorsqu’on prend en compte l’agressivité de l’Américaine (32 coups gagnants) et sa capacité à faire déjouer ses adversaires, notamment lorsqu’elles souffrent d’un criant manque de confiance.

Difficile d’établir un diagnostic d’une autre nature pour la quadruple championne de Roland-Garros. Privée de sacre depuis la dernière édition du Grand Chelem parisien, la joueuse désormais entraînée par Wim Fissette n’est pas parvenue à redéployer ses ailes sur sa surface de prédilection, où elle semblait pourtant quasi-invincible ces dernières saisons. Battue dès les quarts de finale par sa bête noire Jelena Ostapenko à Stuttgart puis sèchement terrassée par Coco Gauff dans le dernier carré à Madrid, elle a cette fois quitté la scène avant même les huitièmes de finale, une première en WTA 1000 depuis Cincinnati en 2021.

Cette année, Swiatek a déjà connu la défaite à neuf reprises, soit autant que lors de l’intégralité de la saison 2024. Une situation difficile à vivre et des solutions qui tardent à apparaître pour l’ancienne reine du circuit, dont les espoirs de briller dans les prochaines semaines s’amenuisent.

"J’ai l’impression de lutter un peu plus contre mon perfectionnisme cette saison, a confirmé la principale intéressée. Je veux être sûre de pouvoir me concentrer sur ma discipline sur le terrain et sur le fait de faire les bons choix et non ceux qui me viennent parfois à l’esprit […] Je pense que je n’étais tout simplement pas capable de me battre et de rivaliser. Je me suis focalisée sur mes erreurs et c’était mon erreur, je ne fais pas les choses correctement. Je me concentre sur les mauvaises choses et je vais essayer de changer ça […] Evidemment, il serait stupide d’attendre beaucoup (de Roland-Garros) parce que je ne suis pas en mesure de développer mon jeu en ce moment."

La magie de la Porte d’Auteuil pourra-t-elle de nouveau opérer pour celle qui sera au mieux 4e mondiale lundi prochain ? Eléments de réponse attendus dès le début du tableau principal, le 25 mai.

Sinner, reprise tranquille à domicile

Pour la première fois depuis l’Open d’Australie, Jannik Sinner figure dans le tableau d’un tournoi et fait naturellement partie des prétendants à la victoire finale. La fin d’une longue attente pour le numéro un mondial, visiblement très heureux de retrouver le chemin des courts pour un match officiel. "C’est une sensation extraordinaire, a-t-il confié. J’ai attendu ce moment assez longtemps et je suis très heureux d’être de retour. C’est très difficile d’avoir un bon ressenti quand on ne joue aucun match et c’est exactement ce dont j’ai besoin."

Trois mois sans rencontre officielle qui n’ont pas empêché le patron de prendre la mesure de l’Argentin Mariano Navone (6/3, 6/4 en 1h38) pour son entrée en lice. Une première sortie convaincante du point de vue des observateurs mais plus difficile qu’il n’y paraît pour le demi-finaliste sortant de Roland-Garros. "C’était un peu un rollercoaster, même lorsque la situation semblait confortable, a-t-il analysé à l’issue de ce deuxième tour. Je dirais que j’étais surtout nerveux en début de match, au moment de servir pour la première fois, en essayant de bouger le mieux possible sur le terrain etc. Mais j’aime la compétition et c’est ce que je recherchais. Je me suis très bien senti sur le court et nous allons essayer d’améliorer quelques détails qui pourront faire la différence pour la suite."

La suite, justement, c’est un troisième tour face au Néerlandais Jesper de Jong avant deux possibles duels très alléchants contre Francisco Cerundolo d’abord puis face au récent vainqueur du Masters 1000 de Madrid, Casper Ruud.

Ciel bleu et plateau en or

Dans le tableau dames, les éliminations d’Iga Swiatek et d’Elena Rybakina devraient ouvrir la voie à une toute nouvelle championne, à moins qu’Elina Svitolina parvienne à tirer son épingle du jeu pour la troisième fois de sa carrière (après 2017 et 2018). Favorite à chaque fois qu’elle prend part à une compétition, Aryna Sabalenka devra se méfier de Marta Kostyuk, qu’elle avait difficilement battue sur la route de son sacre dans la Caja Magica. Opposée à Emma Raducanu ce lundi, la future n°2 mondiale Coco Gauff pourrait quant à elle affronter Mirra Andreeva dans un quart de finale immanquable.

Au-delà de l’accent italien (Sinner, Musetti et Berrettini sont encore en course), le tournoi messieurs a pris un très bel accent français ce week-end. Au terme d’un énorme combat de 3h45, Corentin Moutet a signé sa première victoire face à un membre du Top 10, en prenant le meilleur sur Holger Rune (7/5, 5/7, 7/6(4). Il a désormais rendez-vous avec le champion d’Indian Wells et récent finaliste à Madrid, Jack Draper, le tout dans la partie de tableau de Carlos Alcaraz !

De son côté, le n°1 tricolore Arthur Fils a signé une quatrième victoire en autant de rencontres face à Stefanos Tsitsipas. Déjà quart-de-finaliste à Indian Wells, Miami et Monte-Carlo, il tentera de nouveau d’atteindre ce stade de la compétition face au tenant du titre et finaliste de Roland-Garros, Alexander Zverev.