Interview : "Mirra-cle" Andreeva pleine d'ambitions pour Paris

L'année dernière a été un moment charnière. En l'espace de deux semaines de compétition sur la terre battue parisienne, Mirra Andreeva est passée du statut de jeune prodige à celui de prétendante à un titre du Grand Chelem.

Lors de son deuxième tour, la joueuse de 18 ans a dominé la double championne en Grand Chelem, Victoria Azarenka dans une troisième manche décisive. En huitièmes de finale, elle a défié un public déchaîné pour s'imposer contre Varvara Gracheva (7/5, 6/2). Puis, c'est contre Aryna Sabalenka qu'elle est parvenue à créer l'exploit lors d'un quart de finale mémorable (6/7(5), 6/4, 6/4). Alors oui, la désormais reine du circuit n'était pas au meilleur de sa forme, mais c'est la maturité et le sang-froid de la jeune joueuse qui ont davantage ébloui lors de cette rencontre.

Avec cette performance, Andreeva est devenue la plus jeune demi-finaliste en Grand Chelem depuis Martina Hingis lors de l'US Open 1997. Et si Jasmine Paolini a mis un terme à son rêve en 2024 (6/3, 6/1), elle n'a pas pour autant éteint ses ambitions pour cette année.

"J'ai beaucoup de bons souvenirs de Roland-Garros, car c'était ma première demi-finale en Grand Chelem. C'était aussi l'un de mes premiers tournois avec Conchita, alors j'ai hâte d'y retourner et d'essayer de faire encore mieux que l'année dernière, a déclaré l'intéressée à Roland-Garros.com à l'occasion du WTA 1000 à Madrid. Cela m'a donné une motivation supplémentaire : je sais que j'en suis capable. J'étais très proche et maintenant, je dois simplement faire de mon mieux pour aller encore plus loin."

Lors des derniers Jeux olympiques de Paris 2024, la numéro 7 mondiale a encore davantage consolidé sa réputation en décrochant la médaille d'argent en double dames aux côtés de sa compatriote Diana Shnaider, sur le court Philippe-Chatrier.

"Participer aux Jeux olympiques a été une expérience formidable. Obtenir une médaille, concourir pour la première fois, c'est vraiment spécial. Cela m'a aussi donné une confiance supplémentaire pour les grands moments", a encore ajouté celle qui conserve son précieux sésame chez ses grands-parents.

Ces étapes parisiennes ont été très importantes, mais comment Andreeva peut-elle encore faire mieux cette année ? Sur son profil Instagram, la jeune femme de 18 ans affirme : "Toujours un pas en avant", et en 2025, l'adolescente a fait d'immenses progrès grâce à ses qualités athlétiques, sa couverture de terrain et sa créativité.

Lors du tournoi d'Indian Wells, quelques semaines plus tôt, elle a avoué s'inspirer de LeBron James, légende de la NBA. "Il a dit que même si on ne joue pas à 100 %, même si on ne se sent pas à 100 % physiquement, on choisit d'être à 100 % mentalement. C'est ça qui fait de nous des champions, alors j'ai simplement essayé de faire pareil."

Une mentalité de championne qui a porté ses fruits puisqu'elle a ensuite réalisé un doublé exceptionnel en remportant les WTA 1000 de Dubaï, puis d'Indian Wells. Des sacres qui ont notamment attiré l'attention du basketteur américain, qui lui a adressé un message de félicitations sur les réseaux sociaux.

Parmi ses triomphes marquants, elle a décroché quelques succès probants contre la numéro 2 mondiale Iga Swiatek mais aussi face à la reine du circuit. Rien ne semble perturber le talent de la jeune femme.

"La première fois que j'ai joué contre Iga, c'était à Cincinnati (2024) et j'ai perdu en trois sets, le match était super serré. Je me suis dit qu'avec ce niveau, je pourrais peut-être gagner dans le futur, a déclaré celle qui a finalement remporté leurs deux duels suivants, à Dubaï puis à Indian Wells. J'y suis juste allée en me disant : si je perds contre la n°2 mondiale, multiple championne en Grand Chelem, ce n'est rien. C'est comme ça que je joue contre les meilleures, je sais que je n'ai rien à perdre alors j'essaie de profiter du moment."

Mais tout n'a pas été simple cette saison pour celle qui admet avoir parfois été en difficulté mentalement. "Je suis particulièrement fière d'avoir pu lutter contre mes pensées et d'avoir remporté un deuxième titre WTA 1000 à Indian Wells, car c'est un tournoi très prestigieux. Je suis super heureuse et super fière d'avoir réussi à me dépasser et à remporter le tournoi. Je sais que je ne traversais pas une période difficile, mais les pensées n'étaient pas très agréables, alors je suis fière d'avoir pu surmonter cela."

Son honnêteté et ses commentaires lui ont valu une légion de nouveaux fans dans le monde entier. Prenons son discours de victoire sur le podium à Indian Wells par exemple : "Je tiens encore une fois à me remercier de m'être battue jusqu'au bout, d'avoir toujours cru en moi et de n'avoir jamais abandonné", avait-elle déclaré dans le désert californien, reprenant une célèbre phrase du rappeur Snoop Dogg.

Aussi charmante qu'hilarante, elle est fascinante aussi bien sur le court qu'en dehors. "Pour moi, le plaisir est primordial. C'est quand je m'amuse et quand je ne suis pas trop sérieuse sur le court que je joue mon meilleur tennis. Quand je joue en double, je prends évidemment beaucoup de plaisir. En simple, je recherche toujours cet équilibre : la compétition sans être trop sérieuse."

Conchita Martinez joue un rôle essentiel dans la recherche de cet équilibre. L'ancienne numéro 2 mondiale entraîne Andreeva depuis un peu plus d'un an. Lors de Roland-Garros 2024, elle nous avait confié : "Nous nous sommes tout de suite entendues", impressionnée par l'adaptabilité et la motivation de sa joueuse.

Andreeva s'est également sentie immédiatement à l'aise avec Martinez : "On est toutes les deux très compétitives, on sait que sur le court, il faut travailler dur et se concentrer sur les points à améliorer. On n'a pas le temps de plaisanter et de ne pas prendre ça au sérieux. Mais en dehors, on est toutes les deux très détendues et on aime bien plaisanter. C'est pour cela qu'elle tient ces propos, dès notre premier tournoi ensemble, j'ai eu l'impression de la connaître depuis très longtemps."

La numéro 7 mondiale, qui a eu 18 ans ce mardi, rit lorsqu'on lui demande quel a été son moment le plus marquant depuis qu'elle travaille aux côtés de la championne de Wimbledon 1994 et finaliste de Roland-Garros 2000. "Lors des Jeux olympiques, on s'échauffait et je crois qu'elle a voulu tenter une volée et elle est tombée sur le court. C'était super drôle… Je plaisante ! a expliqué Andreeva avec un petit rire malicieux. "C'est probablement mon premier titre WTA 1000. De la voir assise dans ma loge, j'ai pris conscience de sa nervosité, de ce que cela signifiait pour elle. Monter et partager ces émotions est l'un de mes meilleurs souvenirs jusqu'à présent."

Avec l'évolution de son jeu et sa mentalité de championne "à la LeBron", il est fort probable qu'Andreeva et Martinez se créent encore de nombreux souvenirs à Paris et au-delà.