Dans la victoire comme dans la défaite, le message de Jelena Ostapenko est clair : "Ne me sous-estimez pas !"
Jelena Ostapenko : "Ne me sous-estimez pas !"
À quelques jours du début de Roland-Garros, la Lettonne arrive à Paris avec des ambitions.
Souvenez-vous : en 2017, la puissante Lettone avait montré au monde entier de quoi elle était capable, en surprenant la tête de série n°3, Simona Halep. Après avoir remonté un retard d’un set et 0-3 dans la deuxième manche, elle était devenue championne de Roland-Garros, deux jours seulement après avoir fêté ses 20 ans. Depuis, sa carrière a été un véritable tourbillon.
Si elle a toujours conservé sa place dans le top 50 mondial – à l'exception de quelques semaines par-ci, par-là –, Ostapenko a souvent eu du mal à enchaîner les performances de manière régulière. Mais lorsqu'elle est au meilleur de sa forme, elle peut être une adversaire terrifiante.
Prenons par exemple cette année : après avoir perdu ses premiers tours à l'Open d'Australie et à Abou Dhabi, la joueuse de 27 ans a connu une semaine riche en émotions quelque temps plus tard, à Doha. Après avoir battu Liudmila Samsonova, Jasmine Paolini, Ons Jabeur et Iga Swiatek, elle s'est hissée en finale de l'Open du Qatar. Par la suite, elle a enchaîné quatre défaites consécutives : en finale de ce fameux WTA 1000 et lors de ses entrées en lice à Dubaï, Indian Wells et Miami.
Mais ce temps faible a été de courte durée et a laissé place à un parcours glorieux vers le titre en double sur la terre battue verte de Charleston et un succès en simple sur l'ocre de Stuttgart, où elle a surpris trois adversaires du top 10, dont les deux meilleures mondiales, Aryna Sabalenka en finale et Swiatek en quarts. Une victoire mémorable qui a d’ailleurs été synonyme de sixième succès en autant de rencontres contre la Polonaise. Elle a tenu à le rappeler lors de son interview d’après-match, avec un sourire confiant : "C'est une excellente joueuse sur terre battue, mais vous savez, j'ai gagné Roland-Garros, donc je peux en dire autant de moi-même".
En marge du tournoi de Madrid, elle a confié à Roland-Garros.com qu’elle était toujours une menace sur ocre. "Comme je l'ai dit, ne me sous-estimez pas", a déclaré celle qui a prouvé à maintes reprises que ceux qui ont commis cette erreur l'ont payé au prix fort. Aime-t-elle être sous-estimée ? "Parfois, oui, parce que les gens pensent cela et puis on va sur le court, on gagne contre de bonnes joueuses et ensuite ils changent un peu d’avis."
Ostapenko se rappelle avoir eu un "bon pressentiment" lors de son arrivée à Stuttgart et s’être sentie confiante quant à ses chances avant chaque match. Particulièrement fière de sa mentalité et de la façon dont elle s'est battue toute la semaine, elle estime que même si certaines rencontres ne se déroulent pas toujours comme elle le souhaite au cours de la saison, elle a "toujours eu le jeu pour bien jouer".
Sa période difficile entre Doha et Stuttgart, elle la justifie assez simplement : "Je voulais que la saison sur dur se termine au plus vite, parce que je n'aime pas vraiment cette surface pour être honnête. Les tournois du Moyen-Orient sont vraiment géniaux, Indian Wells était tout aussi excellent, Miami n'est pas l'un de mes tournois préférés, mais je voulais vraiment que ça se termine au plus vite. Surtout que je n'ai pas très bien joué lors de ces deux derniers événements. Charleston s’est bien passé, j'ai gagné le double et j'ai pris confiance en moi".
Ostapenko, dont le meilleur classement a été la cinquième place en 2018, a connu plusieurs passages dans le Top 10, mais elle avoue ne pas être obsédée par un classement précis. Actuellement 18e, elle ne se demande pas vraiment pourquoi elle n’est pas mieux classée alors qu’elle vient de battre deux des meilleures joueuses du circuit en l’espace de quelques jours. "Je pense que ce n'est pas seulement une question de classement, c'est davantage une question de travail. Celui qui doit être encore fait sur les différents aspects de mon jeu et celui que j'ai déjà réalisé au cours des derniers mois, bien évidemment, a-t-elle expliqué. Et quand le déclic se fera et que tout se mettra en place, alors le résultat sera là."
Interrogée sur le travail qu'elle a fourni pour arriver jusqu'ici, elle révèle que son plus gros effort a été entrepris avec son psychologue afin de développer sa force mentale. "Avant, j'étais très dure avec moi-même. J'étais tellement perfectionniste qu’à chaque fois que je perdais un point, j'étais vraiment déçue et parfois en colère. Mais maintenant, j'ai l'impression que je suis plus tolérante envers moi-même et ça m'aide beaucoup. Je pense que c’est le plus important : il faut être en harmonie avec soi-même et ensuite, les résultats suivent."
Le titre de Stuttgart a donné à Ostapenko un coup de boost bienvenu avant Roland-Garros. Depuis qu’elle a soulevé la Coupe Suzanne-Lenglen à Paris en 2017, elle n'a plus dépassé le troisième tour du tournoi. Est-ce qu'elle croit en ses chances d'y parvenir cette année ?
"Bien sûr ! J'ai toujours su que je pouvais bien jouer sur terre battue, je sais me déplacer et glisser. Je dois juste me concentrer sur ce que j'ai à faire", a déclaré celle qui a atteint le Top 100 il y a près de dix ans maintenant, à l’âge de 18 ans. Mais elle rejette l'idée d’être considérée comme une "ancienne" et assure avoir encore de nombreuses années devant elle. Malgré tout, le statut d'habituée du circuit n'est pas toujours facile à porter et elle admet souffrir d'épuisement mental de temps à autre.
"C’est fatigant de voyager sans cesse dans des fuseaux horaires différents et nous sommes vraiment épuisées à certains moments. Parfois, on a juste envie de tout laisser tomber et d’en finir avec ça", a-t-elle confié. Alors qu'est-ce qui l'empêche de jeter l'éponge ? "J’essaie de ne jamais oublier ce que j’ai accompli jusqu’à présent, qui je suis et combien de temps j’ai passé à travailler pour arriver jusqu’ici. Ce serait dommage pour les gens et pour moi de voir tout ce travail réduit à néant."
Si elle n’était plus là, Jelena Ostapenko manquerait très certainement à ses fans. La Lettonne est célèbre pour ses réactions très expressives sur le court et il existe déjà probablement un GIF approprié à chacune de ses expressions faciales. Bien consciente de cela, elle avoue n’avoir aucune intention de se retenir : "Quand je regarde du sport, j'aime toujours les gens émotifs, ceux qui s’expriment et qui partagent toujours leurs émotions. Je n'aime pas vraiment les gens qui se contentent de marcher sans rien montrer. Pour moi, c’est tellement ennuyeux de les regarder faire du sport. Alors, je suis toujours moi-même sur le terrain et je pense que c'est ce que les gens apprécient chez moi."
Lorsqu’on lui demande de nommer l’athlète qu’elle admire le plus pour sa capacité à s’exprimer, c’est le nom de Serena Williams qu’elle cite en premier. "Je pense qu’elle est la meilleure jusqu’à présent. Elle incarne toutes ces émotions, je les adore", déclare-t-elle avec un grand sourire.
Ostapenko est claire sur ce qui la motive le plus : ce ne sont ni les classements, ni l'argent, ni les titres. Au fond, c'est une compétitrice impitoyable qui "déteste perdre", quel que soit le défi qui lui est proposé. Sa plus grande motivation sur le circuit ? "J'aime battre de bonnes joueuses et montrer ce que je sais faire, tout simplement. Je suis une compétitrice", conclut-elle. Et lorsqu’on la regarde jouer, ces mots prennent tout leur sens !