Sinner – Alcaraz, l'ère du "New Two" ?

La voie romaine

Fut un temps, pas si lointain, où l'on voyait mal comment Roland-Garros pouvait échapper à un homme, Rafael Nadal. Cette année, les clés du Grand Chelem parisien semblent plutôt détenues par un duo : Jannik Sinner et Carlos Alcaraz, quasi unanimement désignés comme les grands favoris de cette édition 2025, une semaine après avoir rappelé à l'ordre la concurrence en disputant l'un contre l'autre la finale du Masters 1000 de Rome.

Pour Jim Courier, vainqueur du tournoi en 1991 et 1992, cette concurrence est même reléguée très loin des deux hommes de tête : "Pour moi, après l'ère du 'Big Three', on est entré dans l'ère du 'New Two'", estime l'Américain (54 ans), devenu un consultant réputé. Ils ont remporté les cinq derniers tournois du Grand Chelem et se sont nettement démarqués du reste du circuit. Au début de la saison sur terre battue, alors que Sinner était absent et Alcaraz un peu inconstant, on pouvait encore se poser quelques questions. Mais à Rome, ils ont clairement montré l'écart qui les sépare des autres. S’ils restent en bonne santé, ils risquent de dominer très longtemps".

Comme le rappelle Courier, les actuels n°1 (Sinner) et n°2 (Alcaraz) mondiaux ont en effet monopolisé les cinq derniers tournois majeurs : ceux sur dur pour l'Italien (Open d'Australie 2024 et 2025, US Open 2024), les deux autres pour l'Espagnol (Roland-Garros et Wimbledon 2024). Vainqueur de son rival dans la capitale italienne mais aussi l'an dernier dans le dernier carré à Roland-Garros, Alcaraz est probablement un peu plus terrien et donc un peu plus favori que Sinner à Paris. Mais ce dernier évolue à un tel niveau que le moindre relâchement lui est proscrit.

"Quand il est à son top, Carlos est sans doute le joueur le plus impressionnant, souligne pour sa part une autre ancienne n°1 mondiale, Caroline Wozniacki. Il est un peu plus inconstant, mais quel plaisir de le voir faire parler sa magie sur le court ! Cela dit, voir Jannik atteindre la finale à Rome après trois mois d’arrêt, tout en étant physiquement au top, montre à quel point il est exceptionnel. En tout cas, vu leur niveau actuel, difficile d’imaginer quelqu’un capable de les battre."

Draper, la principale menace ?

Justement, qui peut contester leur leadership ? Leurs adversaires ont peut-être un temps de retard mais ils s'avancent en nombre, et avec beaucoup d'ambition. "Il y a d'autres joueurs bien établis comme Zverev ou Tsitsipas, même si on a presque l’impression que la fenêtre s’est refermée pour eux, poursuit la championne de l'Open d'Australie 2018. Peut-être faut-il davantage miser sur la jeunesse. En tant que Danoise, je crois beaucoup en Holger Rune. Jack Draper est également impressionnant en ce moment. C'est le genre de joueur qui, dans un bon jour, peut battre n’importe qui, n'importe où".

Le vainqueur du Masters 1000 d'Indian Wells et finaliste de Madrid est également l'un des "chouchous" de Jim Courier : "Le voir gagner Roland-Garros serait surprenant, mais pas impossible, lâche-t-il. Ses progrès sont frappants. Son coup droit est devenu une arme redoutable, avec beaucoup de lift et d’angles. Son revers, qu'il aime frapper court croisé et plus à plat, est lui aussi très gênant. En fait, il adopte un peu une tactique à la Nadal. Et puis, il a déjà une demi-finale en Grand Chelem à son actif, donc il sait performer dans ces contextes. Cette année, il est impressionnant".

Parmi les autres dangers possibles pour le "New Two" : Lorenzo Musetti, Casper Ruud et évidemment Novak Djokovic qui, s'il retrouve sa flamme intérieure comme c'est toujours le cas en Grand Chelem, demeure possiblement le seul vrai rival de Jannik Sinner et Carlos Alcaraz. Lesquels, rappelons-le, ne pourraient se retrouver qu'en finale. Ce serait une première en Grand Chelem entre les deux hommes. Et ce serait forcément un événement.