Marin Cilic : "La passion ne m'a jamais quitté"

Vingt ans après son titre chez les juniors, Marin Cilic dispute les qualifications à Roland-Garros, avec, toujours, la même envie.

Marin Cilic / Trophée juniors Roland-Garros 2005©Christophe Guibbaud / FFT
 - Rémi Bourrieres

Marin Cilic aura attendu d'avoir 36 ans pour disputer à nouveau les qualifications de Roland-Garros. La première fois, c'était en 2007 et, avant de tracer sa route vers le tableau final, il avait remporté son premier match 6/2, 6/3 face à Adrian Mannarino. Mardi, c'est exactement sur le même score qu'il a ouvert sa campagne face au Chinois Yibing Wu. Un heureux présage, avant son deuxième tour ce mercredi ?

L'avenir le dira. Mais quoi qu'il en soit, le vainqueur de l'US Open 2014, freiné par deux opérations du genou en 2023 et 2024, retrouve progressivement un très bon niveau (il est désormais 104e mondial), comme il l'a prouvé au printemps, en remportant notamment le Challenger de Gérone, sur terre battue.

De quoi encore envisager le futur avec ambition, même si on lui a surtout demandé ici de se pencher sur le passé. Il y a vingt ans, en 2005, le géant croate triomphait à Paris chez les juniors en battant Andy Murray en demies (7/5, 6/3), avant de soulever le trophée aux dépens du Néerlandais Antal Van Der Duim (6/1, 6/3). Il s'en souvient comme si c'était hier…

Marin Cilic / Trophée juniors Roland-Garros 2005©Christophe Guibbaud / FFT

Quels souvenirs gardez-vous de ce titre chez les juniors il y a 20 ans ?

Je me rappelle d'absolument tous les matchs (sourire). C'est toujours important de jouer ces grands tournois juniors, de venir sur place, de sentir l'atmosphère… Cela fait partie du processus d'apprentissage. Cerise sur le gâteau, j'avais pu assister en tribunes à la finale entre Rafael Nadal et Mariano Puerta ! Assister à une finale de Grand Chelem en vrai, pour moi, c'était un rêve. Cela avait été un tremplin important vers ma carrière de joueur professionnel.

Vingt ans après, vous êtes toujours là. Que signifie pour vous cette longévité ?

C'est incroyable, vraiment. J'ai eu beaucoup de chance, dans ma jeunesse, d'avoir de bons coachs, notamment Bob Brett, qui a été mon mentor sur le court et dans la vie en général. Il y a eu des années difficiles durant lesquelles j'ai dû apprendre à me construire en tant que joueur. Mais la passion ne m'a jamais quitté. Au bout du compte, c'est le plus important car c'est cette passion qui fait avancer.

Vous avez été n°3 mondial en 2018, gagné l'US Open, disputé deux autres finales de Grand Chelem à Wimbledon (2017) et à l'Open d'Australie (2018), et atteint les demies ici-même en 2022… À l'époque, auriez-vous imaginé pouvoir faire une telle carrière ?

Jamais ! Je venais d'un milieu sans tradition tennistique, si ce n'est regarder Goran (Ivanisevic) à la télévision. Mon histoire, c'est celle d'un enfant issu d'un petit pays qui s'ouvre à un monde immense. On n'a aucune idée de ce qu'il faut pour arriver au sommet. Alors, faire une telle carrière était inimaginable.

Depuis cette époque, j'ai beaucoup progressé dans l'état d'esprit, dans la connaissance de moi-même, de ce dont j'ai besoin pour rester motivé et pour bien m'entraîner. Dans la connaissance du jeu aussi, bien sûr. Il faut savoir garder au fond de soi cette soif d'apprendre et de progresser en permanence.

Vous n'aviez plus joué les qualifications ici depuis 2007. Dans quel état d'esprit les avez-vous abordées ?

C'est effectivement une situation nouvelle pour moi, mais finalement c'est intéressant. Je prends ça comme un challenge. Le plus important, c'est de me sentir bien. Je compte encore jouer un certain temps et j'ai encore beaucoup d'objectifs. Bien sûr, j'aimerais revenir au niveau que j'avais avant. Mais on ne peut pas brûler les étapes. Il faut passer par là, des qualifications ou des plus petits tournois. J'ai toujours gardé une bonne attitude par rapport à ça et je suis toujours très motivé. Intérieurement, j'ai encore faim. Et le fait de me sentir à nouveau performant, c'est une grande satisfaction.

Marin Cilic Roland-Garros 2025 first round qualifying©Nicolas Gouhier / FFT

Marin Cilic lors de sa victoire au premier tour des qualifications face à Yibing Wu.