Au revoir Rafa, merci Rafa

18h10 : Rafa fait son entrée...

Des frissons. Une fichue poussière d'ocre dans l'œil. Roland-Garros était ému aux larmes, des larmes de bonheur et d'émotion, à l'occasion de la cérémonie d'hommage à Rafael Nadal, qui a été le grand moment de ce dimanche d'ouverture, au-delà bien sûr des premiers matchs au programme. Une cérémonie magnifique, sobre comme le voulait l'Espagnol mais teintée d'une folle émotion, qui restera éternellement dans la mémoire de tous ceux qui y ont assisté.

L'ambiance est montée gentiment, sur le court Philippe-Chatrier, juste après la victoire de Lorenzo Musetti face à Yannick Hanfmann. Sous un ciel parisien qui s'était mis au diapason de l'événement, retrouvant à point nommé une douceur de circonstance, il était 18h00 lorsque Marc Maury est entré en scène. Le speaker du tournoi s'est alors mis à chauffer les 15 000 spectateurs, qui s'étaient vus remettre des t-shirts ocre floqués d'un "merci Rafa", en alternance habile avec des t-shirts blancs distribués dans la partie supérieure des tribunes, pour former deux "tifos" géants à la gloire du légendaire champion.

Au son de la fameuse énumération de ses quatorze titres parisiens ("2005, 2006, 2007, 2008", etc. !), il était 18h10 lorsque le Majorquin a fait son apparition. Costume bleu nuit et sourire aux lèvres, il s'est installé face au pupitre dressé au milieu du court de ses plus grands exploits. Après avoir visionné une vidéo en son honneur, il a été acclamé pendant de longues minutes par le public parisien. Une ovation poignante, saisissante, à vous remuer le cœur et vous coller la chair de poule. La séquence émotion était lancée. Elle allait rester dans l'atmosphère pendant les 45 minutes de la cérémonie.

18h40 : Federer, Djokovic et Murray entrent en scène

Tourné vers la tribune présidentielle dans laquelle avaient pris place tous ses proches, mais aussi Iga Swiatek, Carlos Alcaraz ou encore Jo-Wilfried Tsonga, Rafael Nadal s'est lancé dans un long discours de remerciements. S'exprimant tour à tour en français, en anglais et en espagnol, il n'a oublié personne. Et surtout pas le personnel du tournoi, avec lequel il s'est lié d'amitié au cours de son long règne, sans jamais omettre de les saluer à chacun de ses départs et de ses arrivées Porte d'Auteuil. Toujours avec beaucoup de classe et de simplicité.

Un pic d'émotion a peut-être été atteint lorsque Rafa, les larmes aux yeux, a rendu hommage à l'entraîneur de ses débuts, son oncle Toni, sans lequel, comme il l'a dit, il n'aurait probablement pas été là.

Puis la solennité a atteint son climax lorsque sont entrés en piste ses grands rivaux du Big 4, Roger Federer, Novak Djokovic et Andy Murray. Quatre légendes et 69 Grands Chelems réunis sur le court Philippe-Chatrier, pendant quelques minutes, pour un moment de gloire un peu hors du temps. Un instant suspendu qu'on aurait voulu éternel, à l'image de ces champions dont la rivalité a laissé place, désormais, à une formidable complicité. Car le tennis, au fond, reste un jeu, comme l'a joliment rappelé Rafa à ce moment-là.

Une empreinte gravée à jamais

Enfin, Gilles Moretton, président de la Fédération française de tennis, et Amélie Mauresmo, directrice du tournoi, avaient concocté une ultime surprise à leur champion. Elle a été dévoilée par quelques coups de balai : l'empreinte de son pied, scellée dans sa terre chérie, à côté du filet. Gravée dans l'ocre, pour toujours. On peut désormais le dire au sens propre du terme : Rafael Nadal a laissé à Roland-Garros une trace qui ne s'effacera jamais.

En découvrant cela, le taureau de Manacor a craqué, à nouveau. Mais il a vite retrouvé son sourire en se lançant dans un vibrant tour d'honneur, salué comme il se doit par "son" public, debout à l'unisson pour l'acclamer. Dans un ultime symbole, il a pris son fils dans les bras. Et puis, Rafa junior agrippé à l'épaule, il a quitté la scène du court Philippe-Chatrier. Une dernière fois.

Au revoir Rafa, merci Rafa.